Maroc

10e congrès du PPS : L’heure est à la remise en question

Les camarades de Nabil Benabdellah aspirent à transformer le rayonnement politique du parti du livre en force électorale. Le PPS, qui peine à percer aux élections, s’apprête à tenir son dixième congrès en vue d’insuffler une nouvelle dynamique au sein du parti et passer au crible les lacunes qui freinent son élan électoral.

Le dixième congrès du parti du progrès et du socialisme qui se tiendra à la mi-mai est une occasion pour les héritiers de Ali Yata de se remettre en question. Les dernières années ont été, en effet, éprouvantes pour les progressistes qui n’arrivent toujours pas à percer sur le plan électoral. Pire encore, ils avaient essuyé en 2016 un revers cinglant en obtenant uniquement 12 sièges au lieu de 17 en 2011, ce qui a fortement déteint sur l’action du PPS au Parlement car il n’a pas pu constituer un groupe parlementaire. Le parti du livre qui compte uniquement quelque 14.000 adhérents à jour de leurs cotisations est ainsi appelé à tirer les enseignements du verdict des urnes. Le mariage de la carpe et du lapin entre le PJD et le PPS aurait porté une estocade fatale aux progressistes qui ont perdu des plumes aux dernières élections législatives. Vont-ils changer la stratégie de leurs alliances pour éviter toute confusion chez les électeurs? Rien n’est moins sûr. Leur chef de file Nabil Benabdellah a tenu à souligner, lors d’un point de presse hier à Rabat pour présenter la thèse du congrès, que les alliances étaient dictées par les impératifs de la conjoncture et que le PPS s’alliera avec tout parti qui est prêt à franchir avec lui des étapes vers l’État de démocratie. Benabdellah, à qui on reproche de s’être trop aligné sur les positions de Benkirane lors du précédent mandat gouvernemental, balaie d’un revers de la main toutes les critiques. Il estime que depuis l’entrée du PPS au gouvernement en 1998, ses principes et positions n’ont pas bougé d’un iota. Néanmoins, «il est temps pour lui de faire une lecture de son action au sein de l’échiquier politique marocain». Les lacunes devront être discutées à la prochaine grand-messe du 11 au 13 mai en présence de quelque 1.000 congressistes des quatre coins du Maroc. Le compte à rebours est enclenché pour entamer une nouvelle page dans l’histoire du parti qui veut améliorer son score électoral. Le PPS devra mettre la main sur ses défaillances pour pouvoir transformer sa force politique en force électorale. Bon nombre de questions sont à poser sur les outils et approches nécessaires à même d’atteindre les objectifs escomptés auprès des électeurs. La plateforme politique du congrès insiste sur le militantisme de proximité et l’impératif de l’adaptation de l’action partisane aux profonds changements que connaît la société marocaine en matière d’infrastructures culturelles, sociales, civiles et communicationnelles. Un intérêt particulier est à accorder aux dossiers qui intéressent le plus les Marocains.

Le PPS aspire à créer de la convergence entre son rayonnement politique et l’impact électoral. Il faut dire que cette mission n’est pas de tout repos en raison, dune part, de la crise que vit la gauche et d’autre part de l’image écornée des partis politique auprès des citoyens. Entourés par les ténors du parti du livre, Benabdellah met en garde contre le danger de perdre la capacité d’encadrement des partis politiques et souligne ainsi la nécessité de mettre à niveau la scène politique. «La construction du nouveau modèle de développement est tributaire d’une force politique crédible qui le porte et le soutient», relève-t-il.

Le secrétaire général du PPS qui a été secoué de plein fouet en octobre par le limogeage royal compte-t-il briguer un nouveau mandat ? En coulisses, l’actuel chef de file est pressenti pour rester à la tête du parti bien que certaines voix dissonantes sont mécontentes et le font savoir haut et fort. Interrogé par la presse, Benabdellah n’a pas voulu se prononcer sur la question de sa candidature au poste de secrétaire général du parti. Il a par ailleurs sorti l’artillerie lourde contre ses détracteurs internes. «Le parti prépare son congrès en rangs unis», a-t-il tenu à préciser à plusieurs reprises.

Vision économique
La thèse du dixième congrès du PPS élaboré sous le signe «un nouveau souffle démocratique» présente une vision globale ainsi que des alternatives et des recommandations aux niveaux culturel, politique, économique et écologique. Sur le plan économique, certes des réalisations ont été cumulées au cours des dernières années, selon le parti mais il reste encore à lutter contre nombre de pratiques et remédier à plusieurs défaillances. Le PPS met l’accent sur l’importance de l’industrie culturelle et créative qui devra être érigée en écosystème complet car elle est non seulement une source de valeur ajoutée et de promotion de l’emploi mais elle alimente aussi d’autres secteurs comme le tourisme et l’artisanat. Le parti du livre pointe du doigt la poursuite de la politique de rente dans plusieurs secteurs et estime nécessaire la mise en place d’un secteur public fort soumis à une perpétuelle révision quant à sa gouvernance. À cela s’ajoute la nécessaire implication du secteur privé, l’ouverture sur le capital international et la réforme fiscale.



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