Les Cahiers des ÉCO

Télécoms : Qui aura le dernier mot en Afrique ?

«Maroc Telecom peut encore se développer en Afrique»

Germain Breugnot, Directeur de Titane conseil international 

Face à la saturation du marché marocain, Maroc Telecom peut encore poursuivre son expansion sur le continent. Les bons résultats de ses filiales africaines le prouvent. Tel est l’avis de Germain Breugnot, directeur de Titane conseil international, spécialisé dans les télécoms.

Les Inspirations ÉCO : Comment évolue Maroc Télécom en Afrique ?
Germain Breugnot : Maroc Telecom compte près de 56 millions de clients répartis dans dix pays en Afrique. Depuis sa première expérience avec Mauritel en 2001, Maroc Telecom a pris des participations majoritaires dans les opérateurs historiques du Burkina Faso en 2006, du Gabon en 2007 et du Mali en 2009. Après le rachat à Vivendi des 53% de Maroc Telecom par Etisalat en 2014, ce dernier lui a cédé ses filiales Moov au Bénin, au Gabon, au Niger, en Centrafrique, au Togo et en Côte d’Ivoire. Cette stratégie de croissance en Afrique est en phase avec la stratégie de développement sud-sud prôné par le royaume.

Les filiales africaines vont donc gagner  en importance ….
Les filiales du groupe ont participé en 2016 à hauteur de 43% du chiffre d’affaires consolidé. Et face à la baisse de la croissance des résultats sur son marché domestique, les filiales africaines sont un relais qui est appelé à se renforcer dans les années à venir. Les stratégies des filiales sont différentes entre celles qui sont des opérateurs historiques qui défendent leurs positions sur le marché et celles qui sont des challengers, et donc plus agressives pour prendre des parts de marchés. Toutes les filiales bénéficient du support de la maison mère et d’un personnel local compétent mais pour certaines la qualité de service a baissé ces dernières années au point de faire grincer les dents des usagers et des régulateurs qui ont sanctionné. Maroc Telecom a promis de faire les investissements nécessaires et cela devra se traduire concrètement par une amélioration de la qualité ressentie par les clients.

Maroc Telecom, à l’instar d’Orange, peut-il encore réussir de nouvelles implantations sur le continent ?
Les bons résultats des filiales de Maroc Telecom à l’international le prouvent. Maroc Telecom a le savoir-faire pour s’implanter et se développer sur un nouveau marché, les filiales Moov en sont un très bon exemple : 11% de croissance du chiffre d’affaires et 42% de croissance de l’EBITDA depuis le début de l’année.

Est-ce que le secteur des télécoms en Afrique est toujours promoteur ?
L’Afrique subsaharienne connaît la plus forte croissance au monde pour le secteur mobile selon l’association mondiale des opérateurs télécoms (GSMA). Avec un taux de pénétration du mobile aujourd’hui de «seulement» 43%, combiné à des perspectives de croissance économiques et démographiques, cette région est un grand réservoir de futurs utilisateurs. Elle comptera plus d’un demi-milliard d’abonnés uniques aux services mobiles d’ici à 2020.

Quel segment (téléphonie mobile, fixe ou internet) est plus rentable et offre de meilleures perspectives ?
La téléphonie mobile va continuer à croître de manière importante en Afrique subsaharienne où l’écart du taux de pénétration est important avec les marchés plus matures mais les revenus traditionnels de la voix et du SMS, qui peuvent représenter 70% des revenus totaux des opérateurs, vont continuer à décroître du fait d’une concurrence intense qui entraîne les prix vers le bas et des services OTT (whatsapp, skype, etc.) qui cannibalisent les revenus. Le défi pour les opérateurs est de compenser cette baisse par la hausse des revenus de la data et du mobile money. L’accès à l’internet haut débit 3G mais également 4G, est favorisé par des tarifs plus attractifs, grâce à une plus grande disponibilité des smartphones et des prix d’acquisition plus accessibles.

Et l’internet haut débit ?
Le segment de l’internet très haut débit sur fibre optique pour les entreprises et les particuliers peut également être un relais de croissance intéressant du fait des revenus sur ces services, des possibilités de services (TV HD, VOD). De nombreuses villes sont aujourd’hui couvertes en FTTH, les opérateurs historiques sont en général avantagés car ils disposent des infrastructures de génie civil indispensable au passage de la fibre optique. Les régulateurs ont donc un rôle important à jouer à l’instar de l’ANRT au Maroc pour favoriser une concurrence saine sur ce segment. Pour permettre aux opérateurs de réaliser ces importants investissements, les États doivent également veiller à ne pas surtaxer les opérateurs. Taxes spéciales, licences et autres amendes peuvent, certes, contribuer aux finances publiques, mais au détriment de la couverture des populations. 


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