Les Cahiers des ÉCO

Les émetteurs déçoivent le marché

Un sondage réalisé par Flm pour les Éco fait ressortir une insatisfaction quant à la communication financière des émetteurs marocains. Seuls 20 émetteurs ont organisé des réunions de présentation de leurs résultats aux analystes et journalistes.

55% des 380 internautes qui ont répondu à la question de Flm se sont déclarés insatisfaits de la communication financière des émetteurs. Dans l’autre camp, 45% sont satisfaits de cette même communication financière. Cette impression mitigée se comprend aisément car si certaines sociétés sont exemplaires en termes de rapidité et de transparence des publications, cet effort est souvent éclipsé par les mauvaises habitudes de certains émetteurs. En effet, du côté positif, plusieurs émetteurs ont annoncé leurs résultats en avance, tout en organisant des réunions de présentation aux analystes, aux journalistes et aux gérants. Au dernier décompte officiel communiqué par l’AMMC (ex-CDVM), pour les résultats annuels 2014, 31 sociétés cotées et 3 émetteurs de titres de créances se sont livrés à l’exercice de présentation des résultats annuels. Aussi, pour le premier semestre 2015, 14 émetteurs ont présenté leurs résultats semestriels aux analystes et aux journalistes financiers, soit un chiffre stable par rapport à 2014 S1. En 2016, pour les résultats 2015, plus de 20 émetteurs ont déjà organisé des réunions de présentation, à l’heure où nous mettions sous presse.

Une pléthore d’anomalies
Toutefois, cette amélioration tangible au niveau de certains émetteurs est souvent occultée par les lacunes des autres. En particulier, plusieurs émetteurs pensent davantage au respect des contraintes légales qu’à l’esprit de la communication financière. Ainsi, selon la dernière étude du CDVM en 2014 sur la communication financière, le délai moyen de publication semestriel est d’environ 82 jours après la clôture. Il s’agit clairement d’un délai de publication assez long, handicapant la fluidité de traitement des informations. D’ailleurs, il est navrant de voir certaines publications ne paraître que l’après-midi du 31 mars, les analystes ou les gérants devant faire le pied de grue devant les kiosques pour attendre la livraison des journaux et découvrir les réalisations. Aussi, certains émetteurs prennent trop de liberté dans le commentaire de leurs réalisations, changeant d’indicateurs selon le cru de leurs résultats. De plus, 2016 a vu émerger les cas inédits de la Samir, en liquidation judiciaire, et d’Alliances, qui a décidé de reporter la publication de ses résultats annuels, tout en distillant des informations chiffrées dans la presse.

Large marge d’amélioration
Il en va de même pour certains émetteurs avec des informations qui circulent dans la presse sans faire l’objet d’un communiqué officiel. Notons aussi le faible recours au web comme canal de publication ou d’archivage des publications financières. En effet, selon le rapport 2014, sur un total de 101 émetteurs, seuls 33 diffusent au public une information mise à jour sur leurs sites web. En 2016, les choses ne semblent guère s’être arrangées pour l’observateur qui a eu la malchance de rater le support papier de la publication de certains émetteurs. Signalons enfin le volet de la qualité des commentaires publiés, qui a encore une large marge d’amélioration devant lui. Là aussi, les choses n’ont pas beaucoup changé depuis le rapport 2014 du CDVM, qui précisait que 70% des commentaires ne présentaient qu’un intérêt moyen. Pire, 16% des commentaires ne présentent aucun intérêt, car ils ne contiennent aucune information complémentaire. 


 

Farid Mezouar
Directeur général de FL Markets

Les Inspirations ÉCO : Pourquoi la communication financière est-elle si importante?
Farid Mezouar : La communication financière est l’âme du marché financier car elle alimente les notes de recherche, les flashs sociétés et les articles de la presse spécialisée. Cette interaction crée l’événement et favorise souvent les transactions en Bourse, les investisseurs arbitrant entre les titres, notamment sur la base des différents avis externes.

Quels en sont les axes d’amélioration ?
L’effort d’amélioration de la communication financière est d’abord un chantier collectif devant ériger la place financière de Casablanca comme un exemple régional. En effet, il ne faut pas que les efforts individuels des uns soient masqués par les mauvais exemples des autres. Au niveau réglementaire, une fréquence de communication trimestrielle du CA et de certains indicateurs est à la limite plus importante que les profit warnings. Aussi, la publication d’un document de référence annuel serait bienvenue. Celui-ci pourrait inclure le rapport spécial détaillé des commissaires aux comptes ainsi que le rapport de gestion présenté au Conseil d’administration.. 


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