Les crédits bancaires en perte de vitesse
Selon les dernières statistiques monétaires publiées par Bank Al-Maghrib, l’encours des crédits accordés depuis le début d’année 2017 se chiffre à 830 MMDH à fin septembre, soit en quasi-stagnation par rapport au mois précédent. En glissement annuel, le rythme des crédits bancaires a crû de seulement 4,5%. Plusieurs critères expliquent cette baisse de régime mais la tendance pourrait se renverser d’ici la fin de cette année. Suivant les dernières prévisions de Bank Al-Maghrib, les crédits devraient croître de 5% d’ici 2018.
Les crédits bancaires affichent une petite forme au terme des neuf premiers mois de l’année. À fin septembre 2017, l’encours des crédits distribués s’élève à 830 MMDH, soit à peine 0,4% de plus que le mois d’avant. En glissement annuel, le rythme de croissance s’est limité à 4,5%. Une performance qui reflète cependant une décélération de l’ensemble des composantes des crédits bancaires. Le crédit à la consommation considéré comme le principal moteur de croissance des établissements de crédits ressort en hausse de 4,3% par rapport à septembre 2016. Il affiche néanmoins un léger repli de 0,2%. Pourtant le mois de septembre qui a coïncidé avec la rentrée scolaire, l’Aïd El Kébir et les établissements de crédits rivalisaient d’ingéniosité pour lancer sur le marché des formules plus alléchantes les unes que les autres. Si Bank Al-Maghrib a maintenu le statu-quo par rapport au taux directeur (2,25%), les banques et autres sociétés financières semblaient baser leur stratégie commerciale sur les baisses successives des taux d’intérêt ou encore l’allongement de durées de remboursement et d’autres offres coup de poing afin de se différencier de la concurrence. Les prêts aux particuliers et MRE ont progressé de 4,1% sur 9 mois et 3,8% sur un an à 273 MMDH.
De leur côté, les crédits à l’équipement se sont élevés, à fin septembre, à 165,23 MMDH, enregistrant une progression de 17,79 MMDH par rapport au même mois de l’année passée. Le taux de progression est ainsi passé de 13,5% à 12,1% à fin septembre. La courbe des crédits immobiliers a, quant à elle, reculé en glissement annuel à 3,4% contre 3,7% un mois auparavant. L’encours s’est établi à 254,8 MMDH en quasi-stagnation par rapport au mois d’août 2017. La tendance a été affectée par le repli des crédits aux promoteurs immobiliers. Ceux-ci représentent un encours global de 16 MMDH à fin septembre 2017, en repli de 2,7% par rapport à août 2017 et 9,1% à septembre 2016. La régression de cet encours serait attribuable selon les professionnels aux multiples plans de restructuration établis par les promoteurs immobiliers depuis les trois dernières années. En effet, pour se prémunir contre une éventuelle bulle immobilière comblée par un niveau de stock historique, nombreux sont ceux qui décident de rationner leurs financements bancaires. Ceci étant, le risque monte d’un cran. Les créances en souffrance sur les ménages ont augmenté de 12% entre janvier et septembre à 25 MMDH. Du côté des entreprises, la tendance emprunte plutôt le chemin inverse. Les impayés ont reculé de 2% depuis décembre 2016 et 2,7% en glissement annuel. Les créances en souffrance sur les entreprises s’élèvent à 37 MMDH, soit 1 MMDH de moins qu’une année auparavant.
La Banque centrale observe, par ailleurs, dans son bulletin une atténuation de la baisse des facilités de trésorerie de 3,4% à 3% à fin septembre 2017. La situation actuelle des crédits n’est pourtant pas sujet d’inquiétude. Elle aurait été même déjà prévue par Bank Al-Maghrib. Craignant une dégradation de certains secteurs économiques, la Banque centrale estimait – lors du dernier conseil – que cela pourrait relever le risque au niveau de la clientèle des entreprises. L’affaiblissement de la solvabilité ne concerne pas uniquement les entreprises, elle toucherait également les particuliers. D’ailleurs, grâce aux nouvelles incitations fiscales attendues dans la loi de finances 2018 (surtout concernant l’IS progressif) qui permettra quelques économies aux entreprises, le gouvernement espère relancer l’investissement privé en améliorant la capacité d’autofinancement des entreprises. Dans le secteur public, le recours au crédit bancaire s’est accéléré après la formation du gouvernement. Dans le détail, les crédits aux entreprises publiques et privées se sont renforcés de 5,1% avec une accélération du crédit à l’équipement qui a enregistré une hausse de 11,1% mais la reprise serait bientôt au rendez-vous. De façon plus globale, l’année 2017 devrait se terminer avec une progression des crédits pour approcher les 4,5%. La croissance devrait atteindre 5% en 2018, avait également prévu Abdellatif El Jouahri, wali de Bank Al-Maghrib qui avait attribué la prochaine reprise à l’amélioration des activités non agricoles et des actions de relance initiées par BAM…