Les Cahiers des ÉCO

La saison des emprunts a démarré

Les sorties sur le marché obligataire s’enchaînent. Si pour les banques, ces levées de fonds sont destinés essentiellement au renforcement des fonds propres et l’amélioration des ratios de solvabilité, pour d’autres entreprises, cela servira a rééchelonner sa dette. Par ailleurs, la courbe actuelle des taux pourrait impacter le comportement des investisseurs sur le marché

Une nouvelle saison des levées de fonds a démarré. Plusieurs banques de la place se sont récemment positionnées sur le marché obligataire en vue de renforcer leur fonds propres pour ainsi faire face aux exigences réglementaires. Les banques au Maroc continuent de se conformer aux normes de Bâle III, très gourmandes en fonds propres et qui rehaussent le niveau minimum du Tier 1 à 9% et celui du ratio de solvabilité à 12%. CIH Bank a ouvert le bal, il y a quelques semaines avec une émission obligataire d’1 MMDH. Celle-ci s’inscrit dans la lignée de son plan de développement qui vise, entre autres, à financer son plan de développement et accompagner la dynamique de croissance de crédits distribués ainsi qu’à favoriser le renforcement des fonds propres réglementaires actuels qui se sont établis à 4,95 MMDH à fin 2017. Le ratio de solvabilité est à 16,07%. Le Tier 1, quant à lui, est à 10,60%. Les fonds collectés par l’emprunt seront classés parmi les fonds propres complémentaires de 2e niveau de la banque. Même son de cloche pour Attijariwafa Bank dont l’emprunt obligataire subordonné de 1,25 servira notamment au financement de son développement international et domestique. Le groupe, dont les fonds propres réglementaires s’établissent à 45,7 MMDH à fin 2017, affiche un ratio de solvabilité qui flirte avec le seuil minimum et se place à 12,42%. Le Tier 1 est, lui, à 10,05%. Le groupe bancaire devrait ainsi porter les fonds propres réglementaires à 48,1 MMDH à fin 2018 puis à 49,8 MMDH à fin juin 2019. Le taux de solvabilité serait ramené et maintenu à 12,27% jusqu’en 2019. Le Tier 1 devrait ressortir à 9,64% à fin 2018. De son côté l’émission de Société Générale a pour principaux objectifs le renforcement de ses fonds propres suite à l’acquisition de 34,95% du capital social d’Eqdom auprès de SG Financial Services Holding ainsi que le financement du développement de ses activités. Cette levée de fonds permettra en outre la diversification des sources de financement à long terme du groupe et l’amélioration de ses coûts de financement. Le ratio de solvabilité de la banque s’est placé à 14,98% à fin 2017. Son Tier 1 s’est établi à 12,56%.

Alliances: nouvelle levée de fonds
Hormis les groupes bancaires, une immobilière préparerait également sa sortie sur le marché obligataire. Alliances devrait ainsi lever, dans les prochaines semaines, environ 2 MMDH. Pour ce cas, la levée de fonds vise essentiellement la dernière étape du reprofilage de sa dette privée. Si certains analystes restent sceptiques quant à cette décision, d’autres au contraire ont accueilli favorablement cette démarche. Il faut dire que le groupe revient de loin. Trois ans après avoir déclaré des pertes de l’ordre d’1 MMDH et 8,5 MMDH de dettes, le promoteur immobilier est en passe d’effacer la quasi-totalité de son endettement. Si en 2015, la dette globale de l’entreprise totalisait pas moins de 8,5 MMDH (entre une dette bancaire de 3,7 MMDH et une dette privée de 4,8 MMDH), la situation s’est nettement améliorée en 2018. La dette s’est «assainie» à hauteur de 68% pour faire ressortir une dette de 2,9 MMDH (entre une dette bancaire de 1,1 MMDH et une dette privé de 1,8 MMDH). Ainsi, à travers cette émission. La société compte éponger les coupons (intérêts) non payés aux créanciers depuis 2016 ainsi que le principal de la dette privée via cette émission obligataire. L’objectif étant d’effacer la totalité de la dette bancaire d’ici fin 2018 et de fixer l’endettement global à moins de 2 MMDH. Cette émission intervient suivant le plan de sauvetage initié par le groupe, lequel arrive après plusieurs opérations de réduction de la dette. Plusieurs protocoles ont été signés, en effet avec les banques pour la dette bancaire. Le dernier en date a été scellé en décembre 2017. Le groupe a également fait participer les détenteurs de la dette privée du groupe, en particulier les OPCVM pour une opération de titrisation d’actifs immobiliers détenus par certaines filiales de la société Alliances Développement Immobilier en mars 2018. Un mois plus tard, une augmentation de capital de 1 MMDH destiné au remboursement des obligations en actions a été programmée. «Tous les efforts fournis par le groupe représentent un signal rassurant pour tout le marché… la situation bilancielle d’Alliances a ainsi été redimensionné au contexte actuel», souligne un analyste de la place.

Tendance des taux
La question qui se pose concerne l’engouement des investisseurs. Vont-ils se positionner sur le marché obligataire compte tenu de la courbe décroissante des taux depuis les trois dernières années? Les taux bas sur le marché obligataire poussent les investisseurs à s’orienter vers les actifs plus risqués pour améliorer le rendement de leur portefeuille. L’emprunt obligataire plaide pour une baisse ou une stagnation des taux des bons de Trésor. Par ailleurs, le prêt de 200 millions d’euros de la Banque africaine de développement (BAD) va soulager la situation du Trésor et ainsi le pousser à moins faire appel au marché des adjudications. Aussi, le Maroc se prépare à émettre ses premières obligations islamiques (sukuks) cet été. Ce qui représente une opportunité pour le Trésor de diversifier ses sources de financement. Cette levée d’1 MMDH devrait ainsi garantir une certaine liquidité sur le marché, affirment les analystes de la place. Ceci étant, les taux d’intérêt peuvent revirer à la hausse. «Mais cela reste un effet saisonnier », relativise cet expert. La période estivale est souvent propice à la montée de la circulation fiduciaire. Ce qui a pour effet d’exercer une tension sur le cash et aggraver le déficit de liquidités chez les banques. Pour l’heure, le marché reste en attente. Mais les comportements peuvent changer entre temps. Dans ce contexte de taux bas qui dure depuis des années, la perception du risque a complètement évolué.


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