Les Cahiers des ÉCO

Bâtiment durable : Une réglementation acoustique dans le circuit de l’adoption

Versé dans le circuit d’adoption par le ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville depuis quelques mois, ce texte vise à améliorer le confort acoustique dans les bâtiments résidentiels en imposant des exigences acoustiques minimales à atteindre en termes de performances dans les logements économiques et de standing.

L’arsenal juridique marocain des Règlements généraux de construction (RGC) va bientôt s’enrichir d’une nouveauté très attendue ! Il s’agit de la réglementation acoustique dans les bâtiments résidentiels, un projet versé depuis quelques mois dans le circuit d’adoption par le ministère de l’Aménagement du territoire national, de l’urbanisme, de l’habitat et de la politique de la ville, qui vise à améliorer le confort acoustique dans les bâtiments résidentiels en imposant des exigences acoustiques minimales à atteindre en termes de performances dans les logements économiques et de standing, ce qui permettra de satisfaire une forte aspiration des citoyens marocains qui souffrent de l’impact des nuisances sonores sur leur qualité de vie et sur leur santé, sachant que les nuisances sonores peuvent être des sources de troubles de la vigilance, de l’attention et de l’apprentissage ainsi que de plusieurs pathologies telles que la nervosité, le stress, la fatigue, les maux de tête, les troubles du sommeil et de l’audition et cardio-vasculaires…

Les objectifs de l’étude
Pour élaborer ce texte, dont l’objectif est de constituer une meilleure prise en charge de l’aspect acoustique avant et pendant la réalisation de tout projet de construction, le ministère de l’Habitat a fait appel au laboratoire public d’essais et d’études (LPEE) notamment son centre spécialisé en l’occurrence le Centre scientifique et technique des constructions (CSTC) suite à un appel d’offres. Lequel a déjà une expérience avérée dans les domaines acoustiques du bâtiment, de l’industrie et de l’environnement et des références solides en termes de réalisations en matière d’élaboration de guides de référentiels acoustiques dans les bâtiments publics. L’étude menée par le CSTC/LPEE pour l’élaboration de la réglementation acoustique dans les bâtiments résidentiels a précisément pris une année et porté sur trois phases. Une première phase d’approche méthodologique qui a consisté à définir la problématique et l’approche pour l’élaboration de l’étude. «Dans cette première phase de l’étude qui est déterminante, nous nous sommes attelés à préciser les vrais objectifs de l’étude», explique Mohamed Errouaiti. En effet, son équipe avait alors commencé par procéder au recensement exhaustif des textes réglementaires existants en matière d’acoustique dans le secteur du bâtiment au Maroc. Il en a résulté que le problème concernant les nuisances sonores dues au bruit a été pris en charge par les pouvoirs publics à travers le dahir N°1-0359 relatif à la protection de l’environnement en 2003, l’arrêté N°93-08 relatif au bruit dans le milieu de travail en 2008 et les exigences en termes de performances acoustiques fixées pour les bâtiments publics dans le cadre d’une étude qui avait aussi été confiée au LPEE. À part ça, il n’y avait aucun texte réglementaire dédié aux bâtiments résidentiels. Ensuite, Errouaiti et son équipe, après un diagnostic sur l’état des lieux acoustique des constructions actuelles, se sont intéressés à la définition des indices qui caractérisent les sources de gêne acoustiques pouvant altérer le confort d’un logement ainsi que les exigences acoustiques minimales à atteindre et «ceci avec une approche qui vise à ne pas créer de rupture avec les pratiques de construction actuelles», précise le patron du CSTC/LPEE. Étaient notamment concernés aussi bien les indicateurs ayant trait à l’isolation acoustique aérienne intérieure (voix, télévision, bruit d’équipement), qu’à l’isolation acoustique aérienne extérieure (circulation routière, train, avion), en passant par celle liée au bruit de choc (bruit de pas, ballon…) ainsi que par les exigences réglementaires à atteindre qui concernent : l’isolement au bruit aérien extérieur, l’isolement au bruit aérien intérieur, l’isolement au bruit de choc, le bruit d’équipement et traitement acoustique des parties communes.

Le surcoût acoustique
Enfin dans la précision des objectifs de l’étude, l’équipe du LPEE a également pensé à l’élaboration d’un protocole de contrôle acoustique qui s’appuie sur la normalisation marocaine, ou à défaut, sur celle internationale. La seconde phase de l’étude proposée par le CSTC a consisté à collecter, analyser et exploiter des témoignages recueillis auprès des différentes parties concernées, soit un échantillon de 1.200 professionnels constitués d’architectes, de bureaux d’études, de bureaux de contrôle et de promoteurs. Pour faire des simulations et élaborer des mesures acoustiques en rapport avec l’habitat marocain, il leur était notamment demandé de dire comment ils appréhendent l’acoustique dans leur métier respectif. C’est à partir de cette enquête que les bâtiments résidentiels ont été répartis en quatre typologies de construction : la maison marocaine de type R+2 et R+3 avec commerce au rez-de-chaussée ; le bâtiment économique ; le moyen standing et le haut standing. Par la suite, l’équipe du CSTC est descendue sur le terrain pour faire les mesures par rapport à ces typologies et apprécier le niveau réel de bruit. À ce stade, explique M. Errouaiti, il fallait trancher sur l’orientation à donner au règlement. «Fallait-il aller vers un règlement avec objectif de résultat ou un règlement avec objectif de moyens ? Finalement, nous avons opté pour le premier choix», révèle le directeur du CSTC. Ainsi, les paramètres acoustiques, étudiés pour l’isolement de façade, l’isolement entre le séjour et les circulations, l’isolement entre logements et pour se prémunir des bruits d’impact, ont permis de déterminer deux seuils de confort : un confort normal qui a été érigé comme étant celui réglementaire que tout le monde devra donc respecter et un confort plus élevé qui s’approche des standards européens. Enfin, dans la troisième et dernière phase de l’étude, l’équipe du CSTC/LPEE a déterminé le surcoût acoustique engendré par ces seuils de confort. Le confort normal engendrerait un surcoût de 3% tandis que le confort élevé exigera un investissement supplémentaire de 10%.  



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