Les Cahiers des ÉCO

2017, année du Maroc à l’UA

Événement majeur de l’année 2017, le retour du Maroc à l’Union africaine a vite débouché sur l’annonce de la création d’un ministère délégué aux Affaires africaines dans un contexte de candidature marocaine à la CEDEAO et de «rapprochement» avec l’Afrique Australe. Zoom sur les faits saillants des relations maroco-africaines en 2017.

Retour du Maroc à l’UA
Tournant majeur !
Le retour du Maroc à l’Union Africaine, le 30 janvier dernier, est non seulement l’événement majeur de l’année 2017, mais aussi de ces dernières décennies dans la politique africaine du royaume. Près de 33 ans après son départ fracassant de l’institution panafricaine, au soir du 12 novembre 1984, ce retour triomphal a été facilité par le poids grandissant du Maroc sur la scène continentale. Malgré son absence de l’organisation continentale, le royaume a pu développer des relations privilégiées avec plusieurs pays au sud du Sahara, qui ont d’ailleurs toujours milité en faveur de ce «come-back». En même temps, le nombre d’États africains ayant retiré leur reconnaissance à la pseudo «RASD» s’est considérablement accru. D’une trentaine lors du départ du Maroc de l’OUA à peine la moitié d’entre-eux continue aujourd’hui de reconnaître l’entité du Polisario. Autant dire que ce retour s’est opéré au meilleur moment pour le royaume, qui est désormais l’un des principaux pays investisseur sur le continent. Le lendemain de la réintégration du Maroc, le roi Mohammed VI a tenu un discours historique devant la Conférence des chefs d’État des pays membres, leur assurant que le Maroc n’était pas venu pour diviser l’UA, mais plutôt pour réunifier la famille africaine. Depuis, le royaume se met à jour sur le plan institutionnel par rapport aux textes de l’UA et essaie également de partager son expérience de développement dans plusieurs domaines, notamment l’agriculture. Enfin, le roi Mohammed VI s’est vu proposer par ses pairs chefs d’État africains, de prendre en charge le dossier de la migration au sein de l’UA. Le souverain a, à cet effet, édicté des axes stratégiques à suivre, dont certains ont été évoqués fin novembre dernier à Abidjan, lors du 5e Sommet euro-africain.

Adhésion à la CEDEAO
«Oui, mais…»
Moins d’un mois après son retour à l’Union africaine, le Maroc avait surpris plus d’un observateur en annonçant sa candidature pour l’adhésion à la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO). Dans un communiqué publié le 24 février, le ministère des Affaires étrangères et de la coopération internationale indiquait que cette décision s’inscrit dans «la vision royale de l’intégration régionale comme clé de voûte du décollage économique de l’Afrique». Dans la foulée, plusieurs visites sont effectuées dans les pays membres de la CEDEAO par le chef de la diplomatie de l’époque, Salahedine Mezouar et son numéro 2 et futur successeur, Nasser Bourita. L’objectif était de convaincre les dirigeants ouest-africains du bien-fondé de la candidature marocaine. Ceux-ci vont d’ailleurs rapidement donner «leur accord de principe» lors de leur 51e sommet tenu à Monrovia début juin, tout en chargeant la Commission de la CEDEAO de mener une étude d’impact sur cette adhésion. Jusque-là, tout convergeait vers une intégration du Maroc dès une nouvelle rencontre des présidents ouest-africains mais c’était compter sans les craintes, réserves et oppositions fermes exprimées par le secteur privé des pays membres. Au Nigeria, en Côte d’Ivoire et au Sénégal, des voix alertent sur «les répercussions négatives» qu’entraînerait une éventuelle adhésion du royaume sur les économies et le tissu industriel de la sous-région. Tout d’un coup, ce qui paraissait acquis d’avance s’est avéré plus compliqué que prévu. C’est dans ce contexte que s’est tenu le 52e sommet de la CEDEAO à Abuja, où les résultats de l’étude d’impact ont été évoqués. À l’issue de leurs discussions à huis clos, au lieu d’accorder l’adhésion au Maroc, les chefs d’États de ce groupement régional ont préféré temporiser. Ils désignent un comité de 5 pays constitués du Nigéria, du Ghana, du Togo, de la Guinée Conakry et de la Côte d’Ivoire pour gérer les dossiers d’adhésion du Maroc en tant que membre à part entière, mais aussi de la Tunisie et de la Mauritanie, qui réclament respectivement le statut d’État observateur et d’associé. Pour l’heure, le mystère demeure entier sur la suite de cette candidature marocaine, surtout en ce qui concerne le timing de l’adhésion, fut-t-elle progressive et graduelle.

Maroc-Afrique du Sud
Nouveau départ ?
C’est également un fait marquant de l’année 2017 : la poignée de main entre le roi Mohammed VI et le président sud-africain, Jacob Zuma en marge du 5e sommet euro-africain à Abidjan en fin novembre dernier. Cette rencontre historique entre les deux dirigeants est vue comme un nouveau départ entre le Maroc et l’Afrique du Sud depuis la rupture des relations diplomatiques intervenue en 2004, lorsque la nation arc-en-ciel alors dirigée par le successeur de Nelson Mandela, Thabo Mbeki, a accordé sa reconnaissance à la pseudo «RASD». À l’issue de leur audience dans la capitale ivoirienne, les deux chefs d’État ont convenu de tourner la page de tensions qui ont marqué les relations entre les deux pays. Dans la foulée, Rabat et Pretoria rétablissent leurs relations diplomatiques avec la désignation d’un ambassadeur à la tête de leur représentation diplomatique. De retour chez lui, le président Zuma s’est montré plutôt tendre à l’égard du Maroc en déclarant ne pas très bien maîtriser les dessous de l’affaire du Sahara. Suffisant pour que l’Afrique du Sud retire sa reconnaissance à la pseudo «RASD» pour se ranger du côté du royaume ? Rien n’est moins sûr. Du côté marocain, ce serait une grande victoire, sachant que Pretoria domine la sous-région d’Afrique Australe où sont localisés la majorité des États africains soutenant l’entité du Polisario. D’ailleurs, en plus du président sud-africain, le roi a également reçu en audience un autre dirigeant de cette même sous-région, le tout nouveau président angolais, João Lourenço. Pour de nombreux observateurs, ces rencontres constituent un bon signe et pourraient donner raison au chef de la diplomatie marocaine, Nasser Bourita, qui annonce de prochains retraits massifs des reconnaissances de la «RASD» sur la scène continentale. Affaire à suivre.

Diplomatie
ministère des Affaires africaines
Signe que l’Afrique est désormais la nouvelle priorité de l’action diplomatique du Maroc, le roi Mohammed VI a annoncé, le 13 octobre dernier, devant le Parlement la création d’un ministère délégué aux Affaires africaines. Après 1961, en pleine période de décolonisation, c’est la 2e fois que le royaume se dote d’un département dédié exclusivement aux questions continentales. Aujourd’hui, sous l’action de ce nouveau ministère délégué, la politique africaine du Maroc sera plus coordonnée. Ce département permettra d’animer et d’inspirer l’action du royaume à l’Union africaine. Sur un plan purement politique, il va sans dire que le curseur sera mis sur le dossier du Sahara. Pour le Maroc, il s’agira d’anticiper et de contrer plus efficacement les initiatives et manœuvres adverses sur cette question sensible. En plus de l’angle politique, les «affaires africaines» du continent sont abordées sous des aspects économiques et sécuritaires, vu les enjeux marocains en jeu sur le continent. D’où «la mise en place de deux cellules de suivi, l’une au ministère de l’Intérieur et l’autre au ministère des Finances». L’objectif sera certainement de suivre les intérêts marocains, mais aussi d’accompagner la concrétisation des projets d’investissements ainsi que des accords et conventions impliquant les secteurs public et privé du royaume. Sur le plan sécuritaire, le Maroc est de plus en plus sollicité par les pays amis du continent dans la lutte contre l’extrémisme, aussi bien à travers l’enseignement religieux que par l’action de ses services de renseignement. C’est notamment le cas avec la Côte d’Ivoire ou encore le Burkina Faso.

IDE
Le Maroc premier investisseur africain en Afrique
C’est un rapport qui est passé quasi inaperçu dans le royaume en mai dernier. Pourtant, il livre une information de taille : En 2016 et pour la première fois, le Maroc a ravi la vedette à l’Afrique du Sud en occupant le fauteuil du premier investisseur africain en Afrique. C’est le cabinet mondial Ernst & Young (EY), qui publie une étude annuelle sur les IDE qui le constate. Selon cette étude, le Maroc a investi quelque 4 milliards de dollars sur le continent en 2016, soit près de 40 MMDH, ce qui représente 5,1% du total des IDE en Afrique durant l’année écoulée et place le royaume au 13e rang mondial des pourvoyeurs d’IDE pour le continent. En plus de l’Afrique du Sud, le Maroc, toujours à en croire le rapport annuel d’EY, distance tous les autres poids lourds africains, à l’instar du Nigeria et du Kenya, principales économies africaines dont les entrepreneurs misent ailleurs sur le continent. Le cabinet EY note que les investissements marocains en Afrique sont les plus «généreux» en termes de création d’emplois. Selon les chiffres publiés à cet effet, le Maroc, grâce à ses investissements en 2016 a créé 3.957 emplois sur le continent, soit une hausse de 3,1% par rapport à l’année précédente et beaucoup plus que les 2.925 emplois créés par les projets sud-africains.  


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