Politique

Rabat-Madrid : le sommet bilatéral annulé ou reporté ?

Le sommet Maroc-Espagne semble renvoyé aux calendes grecques, selon les bruits de couloirs.

Comme il fallait s’y attendre, aucun sommet bilatéral entre le Maroc et l’Espagne n’aura finalement lieu durant ce mois de février. La presse espagnole, citant des sources au sein du gouvernement ibérique, a confirmé la difficulté d’organiser cette rencontre de haut niveau, la douzième du genre, courant février. Cependant, rien ne montre non plus que le sommet puisse avoir lieu plus tard.

Du côté des deux capitales, aucune date ni prévision n’est à ce jour donnée. En parallèle, Rabat a multiplié les appels à l’adresse de l’Exécutif espagnol afin que celui-ci rebatte ses cartes dans le dossier du Sahara. En revanche, celui-ci botte en touche, brandissant le joker du “multilatéralisme” contre “l’unilatéralisme américain”, pour paraphraser la diplomatie espagnole. En ce qui concerne cet énième report, la raison que constituent la pandémie et la troisième vague ne tient plus vu que bon nombre de ministres espagnols ont effectué des déplacements à l’étranger. Ce n’est pas le cas des membres du gouvernement marocain.

La cheffe de la diplomatie espagnole, Arancha Gonzalez, a entamé il y a quelques jours un voyage dans le Golfe persique (Émirats arabes unis, Qatar et Arabie saoudite). La chargée du portefeuille de la diplomatie espagnole est partie prêcher la bonne parole, promouvant les entreprises et les avantages que présente de l’économie ibérique, auprès des fonds d’investissement de ces pays. De la diplomatie économique pure et dure. C’est le titanesque chantier auquel s’attèle le gouvernement espagnol, avant que la récession économique pointe le bout de son nez. Priorité aux affaires, semble donc penser la diplomatie espagnole.

D’autre part, le Maroc est au coeur de l’action diplomatique de l’Exécutif espagnol. Un traitement qui dérange plusieurs partis politiques, voués à d’autres causes. Après l’extrême droite, c’était récemment au tour du parti centriste Ciudadanos de diriger ses tirs contre le royaume, estimant le Maroc en position de force sur le gouvernement espagnol en matière de politique migratoire. Intervenant durant une commission de l’Assemblée locale des Îles Canaries sur le futur des relations avec l’Union européenne durant la période 2021-2027, cet élu communautaire a fait porter la responsabilité du dossier migratoire au Maroc au lieu d’exiger de l’institution qu’il représente d’assumer sa responsabilité à ce sujet. La formation extrémiste Vox réclame que les pays émetteurs de migrants, dont le Maroc, soient privés de visas. C’est dire que les partis de l’opposition trouveraient profit dans le déclenchement de tensions diplomatiques entre les deux voisins. Les diplomaties des deux pays s’activent, de leur part, pour préserver les relations bilatérales.

Dans une allocution durant une rencontre culturelle, à l’initiative de l’Université Abdelmalek Essaadi et l’Institut Cervantes de Tétouan sur la culture hispanique, les diplomates marocain et espagnol ont fait preuve de clairvoyance.

Ainsi, l’ambassadrice du Maroc en Espagne, Karima Benyaich, s’est arrêtée sur les bonnes relations entre les deux pays, les appelant à approfondir leur connaissance de la culture de l’autre pour un meilleur rapprochement. De son côté, son homologue espagnol, Ricardo Diez-Hochleitner, tout en axant son intervention sur le volet culturel et l’importance que revêt la langue castillane pour les Marocains, a rappelé que le contexte de la pandémie a eu un impact sur les relations entre les deux royaumes. Il est toutefois à relever que certains médias proches des cercles de la droite dite “modérée” commencent à aborder, avec pragmatisme, la nouvelle réalité au sujet du dossier du Sahara. C’est le cas par exemple du quotidien Abc, proche du Parti populaire. En publiant un reportage long de deux pages sur Dakhla et ses atouts économiques et touristiques, le quotidien conservateur a marqué un précédent. L’auteur, directeur d’un magazine mensuel spécialisé dans les relations entre l’Europe et le Maghreb, a même appelé Pedro Sanchez à abattre ses cartes.

Amal Baba Ali, DNC à Séville / Les Inspirations Éco

 


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