Politique

Formation du gouvernement : un deuxième round décisif

La semaine prochaine s’annonce décisive pour les partis politiques qui ambitionnent de faire partie de la nouvelle majorité.

Après le premier round de consultations tenu lundi et mercredi derniers, les négociations pour la formation du gouvernement se poursuivront encore. Les contours de la prochaine coalition gouvernementale se préciseront au cours de la semaine prochaine, comme l’a souligné, à la presse, le chef du gouvernement désigné, Aziz Akhannouch. Il faudra visiblement attendre la tenue des conseils nationaux du PAM, de l’Istiqlal et de l’USFP, avant de continuer les tractations. Les chefs de file des trois formations veulent consulter les parlements de leurs partis sur la participation au gouvernement avant d’entamer les choses sérieuses avec Akhannouch. Forts de leurs résultats aux législatives, ces trois formations aspirent à faire partie de la coalition gouvernementale. Le secrétaire général du PAM a déjà le feu vert du groupe parlementaire de son parti qui lui a confié «la poursuite des consultations sur le prochain gouvernement». Le parti du tracteur semble être optimiste après la rencontre de Abdellatif Ouahbi avec le chef du gouvernement désigné. «Après examen de la proposition positive faite au PAM par Aziz Akhannouch, le groupe des députés du PAM a décidé avec tous ses membres de déléguer la question de la poursuite des consultations sur le prochain gouvernement au secrétaire général du parti», selon un communiqué du PAM. Le parti du tracteur entend tenir, ce vendredi 17 septembre, une réunion extraordinaire de son conseil national pour trancher la question del a participation au gouvernement. Quant au parti de l’Istiqlal, arrivé troisième aux élections législatives, tout porte à croire qu’il veut participer au gouvernement de Aziz Akhannouch. Mais la décision devra être prise par son conseil national qui se tiendra samedi 18 septembre avant de passer à l’étape des négociations. Les héritiers de Allal El Fassi sont confiants. Ils entretiennent, en effet, de bonnes relations avec l’ensemble des partis politiques. Bien que le parti de la balance ait été dans les rangs de l’opposition, il a veillé à éviter les critiques acerbes à l’égard des adversaires politiques. Il se trouve aujourd’hui en position de force, contrairement au PAM dont les relations ont été tendues avec le RNI.

Pour sa part, l’USFP a convoqué une réunion de son conseil national, dimanche, pour discuter la position du parti dans la prochaine carte politique. Le parti de la rose exprime ouvertement la volonté de faire partie de la future coalition gouvernementale. Les observateurs s’attendent à ce que le RNI tienne à le faire entrer au gouvernement, en raison de la nature des relations qui lient les deux partis au cours des dernières années. S’agissant du Mouvement populaire et de l’Union constitutionnelle, ils nourrissent l’espoir d’intégrer la majorité gouvernementale. Arriveront-ils à concrétiser leurs ambitions éternelles ou sera-t-il un vœu pieux ? L’expérience montre qu’ils peuvent faire partie de n’importe quelle coalition gouvernementale. Pour le moment, seuls le Parti du progrès et du socialisme et le Parti de la justice et du développement se sont clairement positionnés dans l’opposition. Les autres «petits partis» représentés au Parlement comme le PSU, la Fédération de la gauche démocratique et le FFD se retrouvent, de facto, dans l’opposition. Mais ils ne pourraient pas à eux seuls constituer une opposition parlementaire féroce, sauf le PPS qui, avec ses 23 parlementaires, pourraient former un groupe parlementaire et avoir un temps de parole qui lui permettra d’exprimer ses positions sur les différents dossiers. Contactés par les Inspirations Eco, plusieurs politologues estiment nécessaire que l’un des premiers partis aux élections législatives soit dans les rangs de l’opposition pour créer un équilibre politique, allusion faite au PAM et à l’Istiqlal. Ce sera un choix difficile à prendre, précise-t-on.

Au cours de ces derniers jours, les observateurs font plutôt référence au parti du tracteur comme grand parti de l’opposition. Sauf que ce positionnement lui portera l’estocade sur le plan politique. C’est ce que souligne le politologue Mohamed Bouden : «L’opposition sera coûteuse au PAM qui est dans ses rangs depuis 13 ans. Si on y ajoute ce mandat, ce sera 18 ans d’opposition pour ce parti que les citoyens ont choisi pour être parmi les premiers». Il estime que malgré les relations tumultueuses entre ce parti et le RNI, il est possible de les dépasser dans la phase actuelle. La semaine prochaine s’annonce décisive pour les partis politiques qui ambitionnent de faire partie de la nouvelle majorité gouvernementale. La constitution de la coalition gouvernementale ne sera qu’une première étape avant de passer à la phase stratégique de l’élaboration de l’architecture gouvernementale, puis à celle de la répartition des portefeuilles ministériels. Le défi, selon le politologue Rachid Lazrak, est de constituer un gouvernement ramassé pour favoriser l’efficacité de l’action gouverementale. Pour cela, il faudra élaborer «une architecture gouvernementale basée sur des pôles ministériels». Même son de cloche auprès de Mohamed Bouden : «Un gouvernement ramassé aura un impact positif sur l’efficacité et l’efficience de l’action gouvernementale, ainsi que la solidarité entre les composantes du gouvernement».

Rachid Lazrak
Politologue

«Les résultats du scrutin ont accordé les premières places aux partis libéraux susceptibles de constituer la majorité gouvernementale. Quant à l’opposition, elle pourrait être exercée par le pôle de gauche qui serait menée par l’USFP. C’est le scénario le plus efficace qui permettra d’éviter les dysfonctionnements qu’a connus la démocratie au Maroc. Cette clarté d’ordre idéologique permettra de lier la responsabilité à la reddition des comptes et d’accélérer la mise en œuvre du Nouveau modèle de développement. Le gouvernement sera libéral alors que l’opposition sera de gauche. Ainsi, l’alternance politique aura tout son sens. La mission de l’électeur sera plus facile à l’avenir car il pourra soit approuver les choix du gouvernement sortant, soit changer d’avis».

Mohamed Bouden
Politologue

«Sur le plan arithmétique, le scénario idéal pour la formation du gouvernement reflétant les résultats des urnes est celui de la constitution d’une alliance entre les trois premiers partis politiques. Par ailleurs, il ne faut pas omettre les particularités du Maroc. Le RNI a en effet des liens politiques particuliers avec l’USFP, le Mouvement populaire et l’Union constitutionnelle. Ce sera un dilemme pour le chef du gouvernement désigné. Il faut, par ailleurs, prendre en considération que l’opposition devra être forte pour garantir la concurrence politique, laisser des alternatives pour l’avenir, créer le débat, critiquer…Un autre scénario réunirait le RNI, l’Istiqlal, l’USFP et l’UC avec la possibilité d’ajouter le MP. La majorité sera, ainsi, homogène. Sauf que certains estiment que ces deux derniers partis ont été punis par les électeurs. Le critère d’alliance serait plutôt basé sur la proximité entre ces partis et non sur les résultats électoraux».

Jihane Gattioui / Les Inspirations ÉCO


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