Politique

Commerce ambulant : la formule du Conseil économique, social et environnemental

Le Conseil économique, social et environnemental appelle à la mise en place d’un plan national pour l’intégration économique et sociale des marchands ambulants, issu de la stratégie intégrée de résorption de l’informel qu’il a proposée dans le cadre de son avis prônant «une approche intégrée pour résorber l’économie informelle au Maroc».

«Il est primordial et urgent d’adopter et de mettre en œuvre les mesures nécessaires à une intégration économique et sociale réussie des marchands ambulants». C’est ce qu’affirme le Conseil économique, social et environnemental (CESE) dans sa récente auto-saisine relative au secteur du commerce ambulant. En effet, conscient des risques liés à la persistance, voire l’accroissement du phénomène, le Conseil plaide, à travers son avis, pour la mise en place d’un plan national pour l’intégration économique et sociale des marchands ambulants, issu de la stratégie intégrée de résorption de l’informel proposée par ses soins dans le cadre d’un avis prônant «une approche intégrée pour résorber l’économie informelle au Maroc».

Résultats mitigés du Programme national de réhabilitation des marchands ambulants
Il faut dire que le commerce ambulant joue un rôle socio-économique important en tant que débouché pour la production nationale. C’est aussi un secteur qui occupe une main-d’œuvre faiblement qualifiée. Toutefois, la prolifération de ce secteur dans l’informalité favorise la précarité sur le marché de l’emploi, tout en exerçant une concurrence déloyale vis-à-vis du secteur formel et pénalisant, in fine, l’économie nationale, notamment en termes de potentiel fiscal inexploité. Se posent également, avec acuité, des problèmes d’encombrement et d’occupation illégale de l’espace public, d’hygiène, de salubrité, de sécurité des citoyens, de tranquillité publique, etc. Face à l’ampleur du phénomène, et dans une logique d’intégration des marchands ambulants, les pouvoirs publics ont mis en place, sur la période 2015-2018, le Programme national de réhabilitation des marchands ambulants, avec des résultats mitigés puisque, sur les 430.000 marchands ambulants ciblés, seuls 124.000 ont été effectivement réhabilités. «Le programme s’est, en effet, heurté à plusieurs difficultés de mise en œuvre liées, notamment, à la rareté de l’assiette foncière, au manque de financement et d’adhésion des bénéficiaires et à la faible animation commerciale», note le CESE dans son avis.

Les mesures phares à mettre en avant
C’est ainsi que le Conseil énonce une série de mesures-phares qui pourront aider à résorber ce phénomène. Il propose, dans ce sens, de simplifier et d’adapter la législation et la réglementation nationale en matière d’autorisations pour l’occupation temporaire du domaine public, par des marchands ambulants. «Cela passerait par l’octroi d’autorisations d’exploiter des locaux fixes à l’intérieur du périmètre urbain, péri-urbain ou rural, des sites sur des axes routiers, à l’extérieur des villes, ou alors, des véhicules», propose le CESE dans cette logique. Ce dernier rappelle, également, l’importance de saisir l’opportunité que représente le projet de généralisation de la protection sociale pour étendre l’affiliation des marchands ambulants au régime d’auto-entrepreneur et de faciliter l’obtention d’une carte professionnelle. Pour le Conseil, il est, par ailleurs, primordial d’accélérer la mise en œuvre de la «Stratégie nationale d’inclusion financière», notamment en ce qui concerne la mise en place du paiement mobile, l’inclusion financière bancaire et la création du cadre et des outils d’aide au financement des TPE et des particuliers. D’un autre coté, l’intégration économique et sociale des marchands ambulants passera par la promotion de l’investissement privé pour une participation active à leurs projets d’intégration dans le cadre d’un partenariat public-privé. Dans ce sens, le CESE cite plusieurs domaines d’intervention, en l’occurrence la mise en place de zones industrielles pour la relocalisation des activités professionnelles et artisanales ainsi que des très petites unités de production et de services, mais aussi la construction de marchés pilotes. Le CESE prône, dans le même esprit, le développement et la production d’équipements fixes et mobiles utilisés dans le commerce ambulant, dans le respect des exigences de durabilité. Ceci sans négliger la création d’instituts de formation aux différents métiers et professions dans le cadre du système ouvert de formation professionnelle. Pour le conseil, il est aussi important d’organiser et réglementer les professions et métiers dans les secteurs commercial, industriel, des services et agricole, et de généraliser les programmes de qualification et de reconnaissance des acquis d’expertise professionnelle. Il insiste, dans son avis, pour la mise en place d’un système ouvert de formation professionnelle en vue d’habiliter une part importante des marchands ambulants à exercer des activités alternatives en favorisant le déploiement, à leur profit, de programmes de formation flexibles en matière d’alphabétisation, d’utilisation du digital, de santé et de sécurité, de service au client, de marketing et de gestion. Le CESE estime enfin qu’il serait aussi opportun d’instaurer la possibilité, pour les personnes en situation de précarité, condamnées pour certains délits, de suivre un programme de formation professionnelle comme alternative aux peines privatives de liberté.

Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO


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