Le chanteur malien Salif Keita interpelle son président et tacle Macron… sans langue de bois

« Les Maliens sont fatigués, les maliens sont pauvres à cause de cette guerre qui ne finit jamais ».
Depuis le coup d’Etat de 2012, le Mali n’est pas épargné par les exactions terroristes, la pauvreté endémique, et des nombreux facteurs socio-économiques qui plongent le pays dans une situation extrêmement précaire.
La semaine dernière, des manifestations ont été organisées à Bamako en soutien à l’armée malienne qui subit de grandes pertes, faute de moyens.
Incapable de reprendre le contrôle du nord du pays, le gouvernement malien a fait appel à la France, son ancien dirigeant colonial et à la communauté internationale dans son ensemble. La France a réagi en apportant un soutien militaire continu aux troupes maliennes dans le cadre de l’opération Sérval, lancée en janvier 2013, et de l’opération Barkhane, qui a remplacé l’opération Sérval en août 2014.
L’accord de paix d’Alger signé en juin 2015 entre certains groupes armés du Nord sous l’égide de la Coordination des Mouvements de l’Azawad et le gouvernement n’a pas mis fin à cette instabilité.
Parmi les milliers de cris de douleur et appels à l’aide, une voix particulière a interpellé le président malien, celle de l’icône de la musique Salif Keita.
La star mondialement connu s’est adressé au président de la république Ibrahim Bouboucar Keita dans une vidéo de plusieurs minutes et le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’y est pas allé de « mains mortes ».
S’exprimant en bambara, Salif Keïta déplore la mort des militaires maliens dans le nord du pays.
» Kôrô (grand frère) bonjour c’est ton petit frère Salif Kéita. Je ne veux pas d’argent, je ne veux pas être président, je suis malien d’origine. Grand frère, quand je te parle ce n’est pas parce que je suis contre toi, ce n’est pas de la méchanceté non plus. Mais je vais te dire une chose. Tu sais bien que c’est la France et le président Macron qui mandatent les gens pour tuer les maliens (…) C’est la France qui paye les gens pour tuer les maliens sous prétexte que ce sont des djihadistes. Ou bien tu as payé des gens pour le faire en faisant croire qu’il y a des djihadistes au nord ? Il n’y a pas de djihadistes au nord. Ce sont les gens que la France a payé qui tuent les maliens. Ce sont les jeunes maliens recrutés au sein de l’armée qui sont tués. Parce que tu ne peux pas faire partie de l’armée si tu n’es pas en bonne santé. »
« Malgré ça, tu lui tends ta main, tu fais amitié avec lui parce qu’il garantit ta place. Mais tu t’entêtes parce que tu es français. Tu as un passeport français. Quant aux artistes, je ne citerai de nom mais lorsque ça va chauffer, ceux-ci vont rentrer chez eux. Par contre quant à nous, nous sommes des maliens et nous serons condamner à rester au pays. Le malheur nous arrivera et cela ne t’inquiète pas. Si tu dis quelque chose contre la France tu as peur qu’elle t’enlève au pouvoir. Mais saches que tes origines n’ont pas eu peur. Car Keïta était unique. C’est à cause de la démocratie qu’il a instauré une constitution. Si tu crois que tu es dans la souffrance, la peur, il faut laisser le poste que tu occupes à quelqu’un d’autre qui n’a pas peur. Tes enfants prennent l’argent du contribuable pour en faire ce qu’ils veulent. »
L’ambassade de France au Mali a rapidement réagi à ces propos, dans un communiqué publié sur sa page Facebook.
» La France déclare avoir « découvert avec étonnement les récents propos tenus par M. Salif Keïta (…) mettant en cause la France et ses liens supposés avec le terrorisme au Mali. L’ambassade de France dénonce avec la plus grande fermeté ces propos au caractère infondé, diffamatoire et outrancier », ajoute le communiqué avant de soutenir que les propos du musicien sont de nature à « semer la discorde » et à « entretenir le chaos ».
« La France reste pleinement engagée au côté du Mali et de ses voisins, au service du retour de la paix et de la stabilité au Sahel », ajoute l’ambassade française.
Quant au président malien et son gouvernement, ils n’ont pas encore réagi aux propos de Salif Keïta.