Inflation : en Turquie, le prix du carburant explose
Parmi toutes les catégories de produits, ce sont les transports dont le prix a le plus augmenté, avec une hausse annuelle des prix de 119%. Cette hausse est d’abord due à celle des prix des carburants, elle-même liée à la hausse des prix de l’énergie sur les marchés mondiaux et à la chute de la monnaie turque. Incapable de payer leur plein d’essence comme autrefois, de plus en plus de Turcs délaissent leur voiture.
Dans une station-service du centre d’Istanbul, Bülent, un chauffeur de taxi, remplit son réservoir d’un air exaspéré. Depuis un an et demi, le prix de l’essence a triplé : «Ça n’arrête pas, cette inflation ! Avant, le prix augmentait déjà toutes les semaines… Maintenant, c’est toutes les 24 heures !». En Turquie, l’inflation bat des records historiques, atteignant 80% sur un an en juillet, selon les statistiques officielles publiées mercredi. Comme d’autres dans sa situation, Bülent n’a pas le choix, il faut bien que le taxi roule. Alors les économies, il tente de les faire ailleurs, sur son véhicule personnel. «Ma voiture est toujours dans le rouge. Quand je vais à la station-service, je ne mets plus que quelques litres d’essence à la fois. J’essaye de rouler moins car je n’ai plus les moyens ! Le carburant est devenu un luxe», témoigne-t-il. Un luxe dont, chaque jour, des Turcs décident de se passer.
Dans un sondage Ipsos, publié fin juillet, 71% d’entre eux affirment aller au travail en transports en commun, alors qu’ils prenaient autrefois leur propre véhicule. «Je n’utilise plus du tout ma voiture, elle dort devant chez moi. Je prends le bus… Ce n’est pas idéal, il est bondé, je dois souvent attendre le prochain ou marcher jusqu’à un autre arrêt… Je vais devoir m’y faire, les prix ne sont pas près de baisser !», raconte Bekir, comptable de profession. Preuve de ce phénomène, à Istanbul, le nombre mensuel de voyageurs dans les transports municipaux a bondi de 67% en un an.
Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO