Maroc

Abdellatif Komat : “Les moyens sont là, mais se pose aussi la question de la gouvernance”

Abdellatif Komat
Professeur universitaire

Pour l’économiste et professeur universitaire, Abdellatif Komat, ce PLF permettra d’apporter des réponses à plusieurs urgences du moment, à commencer par les secteurs de la santé et de l’éducation, qui vont bénéficier d’une stratégie accélérée de développement. Dans cette interview, il décrypte les mesures destinées aux TPME et à la lutte contre les disparités sociales.

Quelles sont vos impressions globales à la lecture du Projet de loi de finances 2026 présenté au Parlement ?
Ce PLF permet d’activer une stratégie de développement pour des secteurs prioritaires, à savoir la santé et l’éducation, qui ont bénéficié d’un appui financier en termes de budget. Les réponses adressées aux jeunes pour la création d’emplois dans les TPE-PME vont permettre d’avoir plus de facilités de création d’emplois. Ce PLF allie donc à la fois une dimension économique, territoriale et sociale. L’objectif est d’aller vers un développement global et intégré.

Pour les secteurs de la santé et de l’éducation, le projet permet de passer de moins de 120 MMDH à plus de 140 en 2026. C’est une augmentation substantielle, en plus de la création de 27.000 emplois dans ces deux secteurs. Les moyens sont là, mais se pose aussi la question de la gouvernance. Le PLF insiste sur le parachèvement des 12 Centres hospitaliers universitaires (CHU). Je rappelle que l’objectif est d’avoir un CHU pour chaque région. C’est un effort énorme en matière d’infrastructures, mais aussi de gouvernance.

Justement, dans le secteur de la santé, comment concrétiser ces efforts financiers assez rapidement, en termes de ressources humaines, mais aussi de gouvernance ?
S’agissant de la gouvernance, il y a un arsenal qui est mis en place, avec la Haute autorité de la santé, mais aussi les groupements régionaux sanitaires qui devraient être opérationnalisés, afin d’avoir plus de synergie entre le public et le privé ainsi qu’une mutualisation des moyens.

Pour ce qui est des ressources humaines, le déficit demeure criant dans notre système de santé, aussi bien en termes de personnel médical de hauts cadres que des autres segments du personnel soignant. Le besoin s’exprime en plusieurs milliers de profils à intégrer rapidement. Mais c’est une réponse qui va certainement exiger un certain temps.

L’éducation constitue l’autre secteur prioritaire. Pensez-vous que la réponse financière soit à la hauteur des problématiques de ce secteur ?
L’éducation reste un cheval de bataille de très grande importance. Là également, et comme vous le dites, il y a un effort budgétaire considérable qui est fait et qui devrait se matérialiser, en plus de la création de postes budgétaires, par de nouvelles avancées très attendues. Il s’agit de la généralisation du préscolaire qu’il faut accélérer. C’est un projet initié par le Roi Mohammed VI depuis plusieurs années.

Il y a aussi l’amélioration de la qualité de l’enseignement et la mise en place des écoles de seconde chance. L’abandon scolaire demeure problématique et ces milliers d’enfants qui quittent chaque année les bancs de l’école doivent être encadrés.

Il y a aussi le cas des TPE-PME, avec ce nouveau dispositif de soutien annoncé. Quelle est selon-vous la vraie solution par rapport aux TPME ?
La tendance, c’est d’encourager les TPME, parce que c’est elles qui créent de l’emploi et qui pourraient être les vecteurs de la réduction des disparités régionales et sociales. Donc, c’est un choix stratégique. D’ailleurs, le Fonds Mohammed VI pour les investissements donne une priorité stratégique à ce soutien aux TPME.

La Charte de l’investissement, également, leur accorde un intérêt particulier. Mais il faudrait davantage assouplir les conditions fiscales afin d’atteindre deux objectifs. Le premier consiste à encourager les TPME, et le second, c’est d’intégrer l’informel.

Au Maroc, la présence de l’informel est très forte. Tous ces dispositifs d’investissement, de financement et de fiscalité, doivent donc constituer une priorité pour ce gouvernement et pour tous ceux qui suivront.

On parle souvent des déséquilibres territoriaux. Comment ce PLF y apporte-t-il des réponses ?
Je pense que le PLF cadre parfaitement avec les orientations royales. Lors de son discours de juillet dernier, à l’occasion de la Fête du Trône, Sa Majesté le Roi avait appelé à une nouvelle approche en matière de développement territorial. Une approche qui devrait permettre d’aller jusqu’au bout pour faire ressortir le potentiel des territoires, en plus d’aboutir à une réduction des déséquilibres.

L’objectif est d’arriver à un développement équitable et que tous les Marocains puissent bénéficier de la dynamique de développement que connait notre pays. Nous avons aujourd’hui des leviers pour aller jusqu’au bout de cette logique.

La Charte de l’investissement permet par exemple d’ajouter des dispositions qui favorisent l’attractivité des régions et d’accélérer leur développement. Il y a donc tout un arsenal pour parvenir à un développement territorial équilibré. Je pense, notamment, aux Centres régionaux d’investissements, en plus des secteurs prioritaires dans la stratégie de développement de notre pays.

Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO



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