Doliprane : Sanofi évoque des discussions “difficiles” avec le gouvernement français
Les discussions entre Sanofi et le gouvernement français concernant le projet de prise de contrôle du médicament le plus vendu en France, le Doliprane, par un fonds américain, ont été «difficiles», selon le groupe pharmaceutique français.
«Nous avons eu des discussions très constructives mais difficiles avec le ministre de l’économie, Antoine Armand, et le ministre délégué chargé de l’Industrie, Marc Ferracci, qui se sont montrés très fermes sur ce qu’ils attendaient», a indiqué le directeur général de Sanofi Paul Hudson dans cet entretien publié en ligne mardi par le journal français Le Monde.
Le Britannique, aux commandes de Sanofi depuis 2019, s’exprime au lendemain de la confirmation par le géant pharmaceutique d’une négociation exclusive avec le fonds d’investissement américain CD&R, pour lui céder le contrôle de sa filiale Opella qui commercialise l’antalgique à base de paracétamol.
Dans ce cadre, l’État français a discuté avec les différentes parties pour aboutir à un accord comportant des engagements assortis de pénalités pour garantir notamment la production du Doliprane en France, l’approvisionnement du marché français et la préservation des emplois sur les sites nationaux.
Cet accord, présenté en détail lundi par les ministres français de l’Industrie et de l’Économie, prévoit le maintien des deux sites français de production d’Opella à Lisieux (ouest) et Compiègne (nord), pendant cinq ans au moins.
«L’État savait comment atteindre ses objectifs et il a beaucoup insisté. Nous avons tous fait des compromis, mais je pense que le gouvernement a obtenu exactement ce qu’il espérait. Cela inclut le rôle de la banque publique Bpifrance au sein du conseil d’administration d’Opella», a ajouté Paul Hudson.
La banque publique d’investissement devrait entrer au capital d’Opella à hauteur «de 1 à 2%» et Sanofi devrait en rester actionnaire autour de 48%, d’après le projet en cours.
«Serait-il plus simple de ne pas l’avoir comme actionnaire? Peut-être», a concédé le patron de Sanofi. Mais, selon lui, «il était important pour le gouvernement de disposer du bon niveau de gouvernance, soit juste assez pour pouvoir s’assurer que nous tenions nos promesses, mais pas trop pour ne pas donner l’impression que la France est réticente à accueillir des investissements étrangers».
Ce projet fait polémique en France, ses opposants étant inquiets pour l’avenir des 1.700 emplois d’Opella dans le pays, et sur fond de pénuries récurrentes de médicaments.
Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO