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Diplomatie : première visite publique d’une délégation israélienne en Arabie saoudite

Une délégation israélienne a participé lundi à Ryad à une réunion de l’Unesco, marquant la première visite publique de représentants de l’Etat d’Israël en Arabie saoudite, sur fond de spéculations au sujet d’une possible normalisation entre les deux pays.

La délégation de cinq membres est arrivée dimanche dans la capitale saoudienne pour assister à la réunion visant à mettre à jour la liste des sites culturels et historiques du patrimoine mondial de l’UNESCO, a déclaré un responsable israélien à l’AFP. «Nous sommes heureux d’être là. C’est un bon premier pas», a-t-il dit sous couvert d’anonymat. «Nous remercions l’UNESCO et les autorités saoudiennes». La délégation, comprenant un responsable de la sécurité, est arrivée via Dubaï en l’absence de vols directs entre Israël et l’Arabie saoudite, d’après lui. Ses membres ont reçu leurs visas via l’agence onusienne. La visite a été «très bonne, ils nous traitent très bien», a encore dit le responsable israélien dont le pays s’est retiré de l’UNESCO en 2017. Dans la salle, les représentants israéliens on pris place devant une table sur laquelle était posée une plaque avec le mot «Israël». La plaque a attiré les regards de Saoudiens travaillant pour les services d’organisation de la réunion où plus de 50 sites mondiaux espèrent rejoindre la liste du patrimoine mondial.

Intense travail diplomatique
Selon un diplomate à l’UNESCO, la directrice générale de l’agence, Audrey Azoulay, avait joué un rôle déterminant pour assurer la participation d’Israël à Ryad. «C’est le résultat de plusieurs années de travail d’Audrey Azoulay pour créer, au coeur de l’UNESCO, les conditions d’un dialogue entre tous les États de la région», a-t-il dit sous couvert d’anonymat.

La visite israélienne intervient à un moment où les rumeurs sur un début de rapprochement entre Israël et l’Arabie saoudite se multiplient. Selon des informations de presse, une délégation palestinienne s’est rendue à Ryad la semaine dernière pour discuter de la voie à suivre si ces deux pays devaient officialiser leurs relations. Poids-lourd du Moyen-Orient et gardienne des lieux saints musulmans, l’Arabie saoudite ne reconnaît pas Israël et n’a pas adhéré aux accords d’Abraham de 2020, négociés par les États-Unis, qui ont permis à l’État israélien de normaliser ses liens avec notamment deux voisins du royaume saoudien, les Émirats Arabes Unis et Bahreïn.

Ryad a maintes fois dit qu’elle s’en tenait à la position de la Ligue arabe, vieille de plusieurs décennies, qui consiste à ne pas établir de liens officiels avec Israël tant que le conflit avec les Palestiniens n’est pas résolu. Ces derniers mois, Ryad et Washington se sont entretenus sur les conditions posées par les Saoudiens pour progresser sur la voie de la normalisation, notamment des garanties de sécurité et une assistance pour un programme nucléaire civil doté d’une capacité d’enrichissement d’uranium.

Des obstacles susistent
L’Arabie saoudite tente de revitaliser son économie tributaire du pétrole et cherche à transformer le royaume en un centre mondial d’affaires et de tourisme dans le cadre du programme de réforme Vision 2030 du prince héritier Mohammed ben Salmane. Elle a en outre entrepris plusieurs démarches diplomatiques, surtout un rapprochement surprise avec l’Iran, sept ans après la rupture entre les deux puissances rivales régionales. Le fait que la visite israélienne ait été coordonnée par l’UNESCO suggère que des «obstacles» subsistent sur la voie de normalisation saoudo-israélienne, a déclaré Aziz Alghashian, analyste saoudien et expert des relations bilatérales.

«C’est très probablement le résultat d’une plus grande ouverture de l’Arabie saoudite sur le monde, qui inclura les Israéliens, et non le résultat (d’un processus lié) aux relations bilatérales», d’après lui.

Les responsables saoudiens ont réalisé qu’ils ne pouvaient interdire la présence de personne s’ils voulaient ouvrir leur pays, a-t-il souligné. «Les Israéliens vont certainement en profiter comme une première étape, alors qu’en réalité cela a été facilité par l’UNESCO. Ce n’est pas vraiment à cause de leurs compétences ou victoires diplomatiques».

Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO

 


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