Carlos Ghosn sort du silence

Pour sa première prise de parole depuis sa fuite du Japon fin décembre, l’ancien patron de Renault-Nissan Carlos Ghosn a abordé plusieurs sujets lors de sa conférence de presse mercredi à Beyrouth.
Arrestation
Depuis son arrestation médiatisée à l’aéroport de Tokyo, le 19 novembre 2018, « c’est comme si j’étais mort » et, quand je suis sorti du Japon, « c’est comme si je revenais à la vie », a-t-il seulement commenté.
Carlos Ghosn a déclaré penser être victime d’une « collusion » entre Nissan et le parquet japonais. Il a cependant estimé que le Premier ministre japonais Shinzo Abe « n’était pas impliqué ». Il a ajouté n’avoir « jamais été traité de manière équitable » par la justice japonaise.
Carlos Ghosn a notamment décrit son arrestation comme un « coup monté », conçu sur la base d’une simple « non-déclaration d’un revenu non décidé et non versé », une situation critiquée par « tous les professeurs de droit, y compris au Japon », selon lui.
Les faits reprochés
Poursuivi au Japon pour diverses malversations financières, il s’en est défendu avec virulence, documents à l’appui, se disant « prêt à remettre » ceux-ci à la presse.
Selon lui, les Japonais étaient embarrassés face à la dégradation des résultats de Nissan après que Hiroto Saikawa en eut pris les manettes opérationnelles en 2017, sans compter la « grosse amertume » côté japonais face à une alliance jugée déséquilibrée au profit des Français. L’ancien patron a qualifié l’alliance actuelle entre les deux constructeurs de « mascarade ». Il a souligné la perte de valorisation des deux entités depuis son arrestation, « plus de 10 milliards de dollars » pour Nissan, « plus de cinq milliards d’euros pour Renault », soit une baisse respective de 38% et 34% de la valeur de leurs actions.
La fuite
Carlos Ghosn a présenté son épouse Carole comme la raison profonde de sa fuite. « Je voulais voir ma femme, peut-être que pour beaucoup de gens ce n’aurait pas été une punition de ne pas voir leur femme mais pour moi si. Je l’aime, c’est un pilier pour moi. Ils se sont dit « mettons-le à genoux, coupons-le de sa femme ». N’ayant aucune perspective de la voir et d’avoir une vie normale avec elle, je me suis dit, « qu’est ce qu’il me reste? » ».
Lorsqu’un journaliste lui a demandé s’il se sentait fâché contre la France, il a répondu par des questions: « A ma place vous vous seriez senti comment? Soutenu, défendu, lâché, neutre? (…). Je ne me prononce pas pour l’instant, j’espère que ce n’est pas le cas. Je suis un citoyen français comme les autres ».
Il a dit « croire » Emmanuel Macron quand il parle de sa « présomption d’innocence ». Mais il a dénoncé l’attitude « d’autres responsables » qui parlent de « présomption d’innocence.
Le Liban
Carlos Ghosn a également indiqué qu’il n’avait pas l’intention « d’entrer en politique au Liban », secoué par une grave crise politique et sociale. Mais « si on lui demande d’aider le pays », il est « prêt à le faire avec (son) expérience ». Il estime « pouvoir rester longtemps au Liban », sans exclure de voyager notamment dans ses deux autres pays de nationalités, la France et le Brésil « qui n’extradent pas leurs ressortissants ».
Par ailleurs, il a affirmé qu’il allait « défendre ses droits » auprès de Renault et Nissan, notamment en matière de retraite. « J’ai des droits (…) qui n’ont pas été respectés, et je compte bien les réclamer en justice ».