Résultats semestriels : l’élan du BTP et la panne de l’énergie ont dicté le tempo de la croissance

La Bourse de Casablanca affiche un premier semestre positif avec une hausse de 6,8% de son chiffre d’affaires agrégé, selon BMCE Capital global research. Si les banques, le BTP et la santé portent la dynamique, les contre-performances du gaz, de l’électricité et des télécoms rappellent les fragilités persistantes de certains secteurs.
Au premier semestre 2025, la Bourse de Casablanca confirme une trajectoire globalement positive, malgré des disparités sectorielles marquées. Selon l’analyse de BMCE Capital global research (BKGR), le chiffre d’affaires agrégé des sociétés cotées atteint 163,5 milliards de dirhams (MMDH), en hausse de 6,8% par rapport à la même période en 2024. Cette performance s’appuie sur la vigueur des banques, du BTP et de la santé, mais elle reste pénalisée par les contre-performances de l’énergie et des télécoms.
Une croissance tirée par les industries et les financières
BKGR souligne que les industries enregistrent une progression de 6,3% de leurs revenus, à 99,5 MMDH, grâce notamment au dynamisme du secteur du BTP (+22,8% à 17,1 milliards). Cette évolution reflète l’accélération des chantiers liés à l’organisation de la CAN 2025 et de la Coupe du monde 2030, mais aussi l’effet d’acquisitions comme celle de STAM par TGCC.
Le secteur de la santé se distingue également, avec une croissance de 37,1% à 4,6 milliards, portée par Akdital (+67,3%) et Vicenne (+44%). Le secteur bancaire affiche lui aussi une solide performance. Le produit net bancaire (PNB) global progresse de 7,8% pour atteindre 50,1 MMDH.
Dans le détail, Bank of Africa affiche une hausse de 9,6% de son PNB à 10,5 milliards, Attijariwafa bank progresse de 4% à 17,7 milliards, et la BCP de 8,4% à 13,9 milliards. Les établissements de taille plus réduite marquent également des points, à l’image de CFG Bank, dont le PNB bondit de 41,5% à 600 millions de dirhams.
Enfin, les assurances contribuent positivement avec des primes émises en hausse de 7,4% à 13,9 MMDH. BKGR relève notamment la performance d’AtlantaSanad (+18,3% à 3,7 milliards), stimulée par son partenariat en bancassurance avec CDM, ainsi que celle de Wafa Assurance, dont les primes augmentent de 7,7% à 6,6 milliards. En revanche, Sanlam Maroc recule de 3% à 3,4 MMDH, pénalisée par la fin de son contrat avec CDM.
Un deuxième trimestre contrasté
Au seul deuxième trimestre, le chiffre d’affaires global des sociétés cotées ressort à 81,7 MMDH, en hausse de 5,8% sur un an. Les industries progressent de 5,9% à 50,8 milliards, les financières de 4,9% à 25,2 milliards, et les assurances de 9,6% à 5,7 milliards. BKGR note que la dynamique est particulièrement marquée chez TGCC, dont l’intégration de STAM a dopé les revenus, et chez Label’Vie, qui combine croissance organique et effet des nouvelles ouvertures (+15,4% sur le trimestre).
Dans la santé, Akdital poursuit son expansion (+80,5% au deuxième trimestre), soutenue par ses ouvertures récentes. En revanche, le secteur de l’énergie continue de peser, Taqa Morocco recule de 4,8% sur le semestre à 5,4 milliards, impactée par une révision technique de l’unité 6 et par un effet de change défavorable. TotalEnergies Marketing Maroc subit un repli encore plus marqué (-10,9% à 7,5 milliards), lié à un effet prix négatif.
L’analyse de BKGR montre que la croissance du chiffre d’affaires semestriel est avant tout portée par cinq pôles. Les banques contribuent à hauteur de 34% à la hausse, suivies par le BTP (30%), la santé (12%), la distribution alimentaire (9%) et les assurances (9%). À l’inverse, le secteur gazier enregistre la plus forte performance négative, avec un manque à gagner de 442 MDH, principalement lié à TotalEnergies Marketing Maroc. Les télécoms et Taqa Morocco figurent également parmi les freins à la croissance, tout comme Maroc Telecom (-219 millions).
Dette et investissements en hausse
Le rapport met aussi en avant un alourdissement de la structure bilancielle. La dette nette des sociétés cotées (hors financières) augmente de 10% pour atteindre 72,5 MMDH à fin juin 2025. Les télécoms en concentrent la part la plus importante (24%), suivis des mines (20%) et du BTP (13%).
Parallèlement, les investissements connaissent une forte progression. Les CAPEX cumulés s’élèvent à 11,1 MMDH, en hausse de 28,8%. Ils sont portés principalement par les télécoms (29% de l’enveloppe, malgré une légère baisse de Maroc Telecom soit -1,5%, à 3,18 milliards, ) et les mines (27%, avec un effort continu de Managem, +7,5% à 2,88 milliards).
L’analyse de BKGR met en évidence un premier semestre 2025 robuste mais hétérogène. Les secteurs liés à la consommation, à la construction et à la santé montrent une forte dynamique, renforcée par les grands chantiers nationaux et la demande soutenue. Les banques confirment leur rôle moteur, dans un contexte de marchés financiers favorables.
Cependant, les difficultés persistantes du gaz, de l’électricité et des télécoms rappellent la fragilité de certains équilibres. La hausse de la dette nette et des investissements traduit par ailleurs un cycle offensif, mais qui devra s’accompagner d’une rentabilité accrue pour éviter des tensions sur les bilans.
Comme le conclut BKGR, la Bourse de Casablanca traverse une phase de croissance sélective, où la résilience de certains secteurs compense les pressions qui s’exercent sur d’autres. Le second semestre, marqué par la poursuite des investissements et les échéances sportives à venir, sera décisif pour confirmer cette tendance.
Gagnants et perdants du semestre
Le palmarès dressé par BKGR illustre la diversité des trajectoires. Parmi les plus fortes hausses figurent Résidences Dar Saada (+84%), Akdital (+67,3%), Vicenne (+44%), TGCC (+41,7%), CFG Bank (+41,5%) et SNEP (+40,4%). À l’inverse, plusieurs valeurs affichent de nettes contre-performances : Unimer (-31,4%), Addoha (-23,2%), Med Paper (-13,6%), TotalEnergies Marketing Maroc (-10,9%) ou encore Taqa Morocco (-4,8%).
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO