Culture

Youssoupha : “Le rap est venu à moi en France mais j’étais déjà rappeur à Kinshasa”

Youssoupha. Rappeur

«L’Afrique influence Paname, Paname influence le monde», a-t-il scandé devant un public en délire, mardi dernier, au festival Mawazine. Rappeur engagé et ancré dans ses origines africaines, il quitte Kinshasa à l’âge de 10 ans pour s’installer en banlieue parisienne. Un entre deux très présent dans sa musique et qui fait de Youssoupha l’ovni du rap français et africain.

Avoir un public qui vous suit au delà des frontières et qui connait votre répertoire par coeur, ça surprend toujours ?
Oh, ça surprend quand même. Même si j’ai voyagé dans des pays lointains comme la Colombie, le Québec. Je suis allé chanter dans des pays éloignés de là où j’ai grandi, c’est toujours quelque chose qui surprend. Même si on est à l’époque d’internet, que tout est diffusé sans frontières mais que les gens portent dans leurs coeurs des titres que tu as écris à un autre moment, à un autre endroit et des fois dans une langue différente, ça me touche beaucoup. Et ça me surprend toujours et je veux garder en moi cet émerveillement.

Avec un répertoire aussi large et éclectique, comment prépare t-on une set list de concert ?
À tous les critères que tu viens de citer, tu peux ajouter que moi j’ai des chansons extrêmement rap, pointues et j’ai des titres beaucoup plus populaires, plus légers. Chez les gens qui m’écoutent, il y a des jeunes, il y a des gaillards, il y a des filles, des garçons. Tout le monde vient pour une raison précise : certains viennent pour les textes, d’autres viennent pour danser. Il y en a qui viennent pour parler linguala (dialecte congolais), il y en a qui viennent pour la langue française. C’est pour toutes ces raisons là, qu’on essaye de sentir le public. On prépare toujours une base, mais selon l’esprit de la ville, des gens, des médias avec qui on échange pendant la journée, ça nous donne une idée de comment driver le show. Rien n’est jamais figé. Il y a toujours un peu de suspens. Comme on dit, il faut toujours laisser la porte un peu ouverte pour que Dieu puisse rentrer. La porte est toujours ouverte et Dieu est toujours là.

Dans le dernier album, Polaroid Expérience, la musicalité est plus présente que l’écriture alors que cela a toujours été le contraire. Que s’est il passé ?
Avant , dans mon processus de création, l’écriture était le point central de ma musique, tout est organisé autour de la musique. Il fallait avoir l’écriture, la meilleure, et organiser les mélodies et les gymniques autour. Tout le monde me dit que l’écriture est ma force et je me suis rendu compte que c’était naturel. Je n’ai pas besoin de lui donner autant de priorités pour qu’elle soit aboutie. En tout cas, comme je l’entends moi. J’ai décidé de bosser et de tirer le trait sur des choses que je ne dirai pas étaient négligés, mais tout du moins, pas assez prioritaires. Et puis aussi, parce que pendant les concerts, la musicalité permet d’approcher autre chose. J’ai envie que mon répertoire, parce qu’il commence à être grand (5 albums déjà), augmente en musicalité. Cela ne veut pas dire que je renonce au texte, pas du tout. Quand les deux arrivent à se combiner, c’est incroyable : ce sont les meilleurs moments et les meilleurs morceaux.

Est-ce que c’est un naturel travaillé ?
Avant c’était un travail presque mathématiques. Comment les syllabes tombent, les consonances, les allitérations, j’étais vraiment obsédé. Je pouvais passer trois à quatre jours pour écrire trois lignes quand il s’agit d’un passage qui me tient à coeur. Maintenant, à force d’avoir entretenu cette exigence là, j’ai développé une mécanique donc j’ai moins besoin de le réfléchir. Et puis pour des questions de spontanéité émotionnelle, parce que la musique c’est d’abord une émotion, maintenant je me laisse plus aller. Je préfère quelque chose de touchant et imparfait que de parfait et froid. L’un n’empêche l’autre et on peut rester dans cette dynamique là.

Est-ce que le rappeur en vous est né en banlieue française ou c’était déjà là à Kinshasa ?
C’est une très bonne question. On ne me l’avait jamais posé auparavant. Si je devais répondre comme ça spontanément, je dirai que le rap est venu à moi en France mais que j’étais déjà rappeur à Kinshasa. Je crois que j’ai toujours été rappeur même quand j’en avais pas écouté une seule note. J’écoutais surtout des musiques du bled, de la variété internationale comme Michael Jackson et tout ça. Mais je devais sûrement être rappeur. C’est marrant, je parle beaucoup de cette période là alors que le rap n’existait pas à ce moment là. Cela veut dire que je menais déjà une vie de rappeur…



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