Culture

Younes Lazrak, DGA de Jawjab: L’intervieweur interviewé

Animateur et DGA de Jawjab, Younes Lazrak profite du confinement pour titiller la créativité de cinq réalisateurs marocains en leur proposant de créer des courts métrages faits maison. Une belle réussite de celui qui souhaite éveiller les consciences en questionnant la société dans laquelle nous vivons. 

Comment est né «Living in Times of Corona» ?
Depuis sa création, le credo de Jawjab est de questionner la société dans laquelle nous vivons. Cette mission prend d’autant plus de sens durant cette parenthèse particulière que nous vivons qu’il s’agit pour nous de recréer du lien social, reconnecter les gens, susciter des émotions, des questionnements.

Les cinq artistes choisis sont issus d’univers aussi différents que distincts. Comment s’est fait le choix des artistes ?
Chaque réalisateur a sa singularité, une façon de faire du cinéma et une sensibilité différente qui se ressent dans ces films et il était essentiel d’en retrouver toute la diversité dans ce projet.

Quel serait le film de votre vie en ces temps de Corona ?
«Un jour sans fin» d’Harold Ramis !

L’œuvre que vous avez découvert ou redécouvert en confinement ?
J’ai regardé beaucoup de séries durant ce confinement, comme beaucoup de gens et certaines d’entre elles sont aussi magistrales que de grands films de cinéma ! J’ai pris une vraie claque en découvrant la série française «L’effondrement», une dystopie qui nous montre que le monde actuel et le confort ou la stabilité que nous pouvons avoir tiennent à si peu de choses !

L’émission ou la personnalité qui vous a donné envie de faire ce métier ?
Fatema Loukili, c’était la Christine Ockrent marocaine à l’époque…

L’émission ou le film que vous auriez aimé réaliser ?
Trainspotting, une «British crime comedy» signée Danny Boyle

La personnalité que vous aimeriez interviewer ?
J’ai eu la chance de rencontrer beaucoup de gens que j’admire mais celui que je n’ai pas encore «eu» est Daniel Johns du groupe australien Silverchair. Plus personne ne se souvient de lui mais quand j’étais ado, j’aurais tout donné pour le croiser !

Le livre qui a changé votre vie ?
Léon l’Africain d’Amin Maalouf. Je ne dirai pas qu’il a changé ma vie, mais là encore c’était le tout début de ma vie d’ado et je découvrais qu’une biographie (même romancée) pouvait te faire voyager, te faire te sentir dans les habits d’Hassan Al-Wazzan, te faire rêver de ses aventures…

L’album que vous avez le plus écouté ?
J’écoute énormément de choses différentes en ce moment ! Durant ce confinement, j’ai replongé dans la discographie de The Souljazz Orchestra, j’ai ressorti quelques sons oubliés du génie libanais Zeid Hamdan…l’album de Stan Getz et Joao Gilberto m’a aussi beaucoup apaisé…

Votre premier coup de cœur cinématographique ?
Pour être tout à fait honnête, je vais citer ce qui est probablement un des pires films de l’histoire du cinéma : «Howard, the Duck» ! L’histoire d’un canard de l’espace qui atterrit à New York et qui vit plein d’aventures ! C’était ma première fois dans un cinéma (le cinéma Zahra à Diour Jama), c’est donc forcément inoubliable ! J’en ai revu des images récemment, ça vieillit très très mal !

La chanson intemporelle ?
Askiniha d’Asmahan…Grandiose !

Le lieu qui vous apaise ?
Al Maqam, le lieu de Mourabiti à Tahennaout…Cette odeur d’huile d’olives dans la région…

Le livre qui vous ressemble ?
Je ne comprends pas la question (Rires)

Le film que vous avez détesté aimer ?
«Sausage party» : la vie privée des aliments de Conrad Vernon et Greg Tiernan ! C’est l’histoire d’une petite saucisse qui part à l’aventure…ça devrait suffire à vous donner envie de le regarder

Le livre que vous auriez aimé écrire ?
Sûrement «Le Petit Prince» d’Antoine de Saint-Exupéry, j’ai hâte de pouvoir le lire à mon fils.

La musique parfaite pour le confinement ?
«Daba», le dernier album d’Oum ! Je l’ai écouté en boucle durant ce confinement, en attendant de pouvoir le découvrir en live, dès que ce sera de nouveau possible.

Le film courageux ?
«The man who sold the world» des frères Noury ! Il n’a pas rencontré son public ici, mais je suis convaincu qu’il aurait mérité un autre destin !

La musique qui vous donne la pêche ?
«Xavi» de Snarky Puppy, ce titre est tellement chargé en souvenirs et émotions pour moi, je suis sûr d’avoir le smile en l’écoutant

Quelle est votre nouvelle routine de confinement ?
Réveil le plus tard possible : je suis récemment devenu papa, les nuits sont donc souvent mouvementées ! Après avoir avancé sur mon travail une bonne partie de la matinée, je m’accorde une pause pour voir ce dont a besoin mon petit. Repas, re travail, re pause, re travail… c’est une journée sans fin comme je le disais tout à l’heure ! (Rires)

Qu’est-ce que cette crise vous a appris sur la vie et sur vous-mêmes ?
J’ai redécouvert la valeur de l’ennui et j’ai appris à le savourer à chaque fois que j’en avais l’occasion

Le confinement, est-il favorable à la créativité ?
Il peut l’être et c’est tant mieux pour ceux que ça inspire ! Mais il faut aussi se permettre de ne rien faire, de contempler cette situation unique dans notre histoire et s’accorder du répit par rapport à la frénésie que peut connaître notre quotidien habituel…la planète a bénéficié de cette pause, pourquoi n’en serait-il pas de même pour l’homme !

La citation qui résume votre philosophie de la vie ?
C’est mon collègue et ami Youssef qui me répète souvent : «100% des gagnants au loto ont joué au loto !»



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