Culture

Yasmine Chami : “Les femmes sont en première ligne pour refuser ce désastre”

Yasmine Chami
Romancière et chercheuse

Le 5 avril, la romancière et chercheuse Yasmine Chami a partagé sa perspective sur l’importance de la Palestine dans les enjeux d’aujourd’hui. La discussion était modérée par Mhani Alaoui.

Vous dites que la naissance du mouvement sioniste est non juive. Quels sont les éléments saillants qui permettent de l’affirmer ?
Juif n’est pas une nationalité et un grand nombre de juifs étaient européens, en 1838, au moment de la naissance du sionisme sous la férule de Lord Shaftzsbury, un protestant évangélique britannique. Le christianisme évangélique s’appuie sur une lecture littérale de l’Ancien Testament et de la Bible, en particulier le livre du prophète Isaïe, selon lequel le retour des juifs à Jérusalem inaugurerait un cycle où l’avènement du Messie amènerait ces derniers à une conversion massive au christianisme. Ainsi, la première version du sionisme est chrétienne. Les Juifs d’Europe n’étaient absolument pas enclins à un quelconque déracinement.

Vous avez rappelé la réalité du génocide nazi. Quelles en étaient les spécificités ?
Ce qu’il y a de très spécifique dans le génocide des Juifs d’Europe organisé par le IIIe Reich, c’est le fait qu’il s’agissait d’anéantir une partie de la population allemande, puis européenne, sur une base raciale, ethno-religieuse pour être plus précise. Il n’y avait aucune autre justification à la solution finale : pas de guerre de conquête, pas de colonisation, simplement l’éradication totale d’un groupe humain.

La seconde spécificité de la Shoah, me semble-t-il, c’est l’extrême rationalisation des moyens techniques d’extermination, surtout avec l’emploi du gaz Zyklon B. L’innovation technologique au service de l’efficacité maximale des dispositifs de la mise à mort. Une sorte d’hyper productivité des chambres à gaz.

Vous avez noté que les femmes, du Sud comme du Nord, sont aujourd’hui très mobilisées pour la Palestine, et l’assistance en était une illustration. Quelles raisons voyez-vous à cette mobilisation féminine ?
Le génocide à Gaza, et je parle ici de génocide sous l’autorité d’Amos Golberg, historien et spécialiste mondial du génocide, touche une population enfermée dans une sorte de camp de concentration géant sans aucune issue possible, aucun refuge, aucune échappatoire.

Cette population est majoritairement composée d’enfants, et c’est eux que les femmes voient mourir. C’est insupportable d’assister aux massacres de masse de civils, ça l’est encore plus — si cela est possible — de voir en direct brûler vifs des enfants, les voir démembrés, mutilés, orphelins. Les femmes donnent la vie et la protègent tout le long de «l’enfance de leurs enfants».

Ce qui se joue à Gaza a à voir avec la négation de la vie même. La romancière nigériane Chimamanda Ngozu Adichie s’exprimait là-dessus il y a quelques jours, en disant les yeux pleins de larmes : «Je suis mère. Je vois mes enfants dans ces enfants massacrés sous nos yeux. C’est insupportable». Je crois que vous avez la réponse. Ce ne sont pas seulement les femmes du Sud, en effet, je crois que partout dans le monde, les femmes sont en première ligne pour refuser ce désastre qui touche notre humanité à tous.

Murtada Calamy / Les Inspirations ÉCO



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