Culture

Viggo Mortensen. “Le seul moyen de combattre l’ignorance est de miser sur l’expérience !”

Dans le rôle de Tony Lip dans «Green Book», Viggo Mortensen livre une performance incroyable qui devrait sûrement lui valoir une nomination aux Oscars. L’acteur américano-danois joue un Américain d’origine italienne qui vit dans le Bronx, recruté pour être le chauffeur d’un pianiste noir, Don Shirley, avec lequel il va faire une tournée dans le Sud. Rencontre avec un acteur caméléon profondément généreux.

Vous êtes venus, il y a 4 ans, présenter «Loin des Hommes», une très belle leçon d’humanité et d’amitié sur la différence, à l’instar de «Green Book». Pensez-vous que des histoires comme celles-ci contribuent à changer les mentalités ?
Bien sur que cela peut aider. Cela ne peut hélas pas tout résoudre, mais cela aide. Quand l’histoire est bien racontée, qu’elle est subtile, qu’elle touche et qu’elle entre dans le cœur des gens, cela change probablement quelque chose. Quand l’histoire ne te demande pas de réfléchir, mais t’invite plutôt à la faire, on est plus dans l’émotionnel et cela peut en effet affecter. J’ai beaucoup comparé «Green book» à «Loin des Hommes» dans mes interviews aux États-Unis. Malheureusement, le film n’a pas été distribué en Amérique, donc on ne comprenait pas le parallèle là-bas. Les deux films traitent de deux hommes qui sont dans la même région, mais sur deux planètes différentes. On a l’impression qu’ils ne peuvent pas se comprendre. Le seul moyen de combattre l’ignorance est de miser sur l’expérience! Ce n’est qu’en vivant ensemble, en partageant, en échangeant, qu’on réalise qu’on n’est pas si différents que cela. La morale de Green Book, c’est que si Don Shirley et Tony peuvent s’entendre, tout le monde peut s’entendre !

Dans «Green Book», beaucoup de scènes se passent dans la voiture avec votre partenaire derrière. Sans contact visuel. Pourquoi ?
Oui, je passe mon temps à le regarder dans le rétroviseur, et lorsqu’on tourne, je ne vois personne dans le rétroviseur donc je dois me l’imaginer (Rires)! Je ne le vois pas et lui non plus, il voit ma tête de derrière. Le premier jour, lorsqu’on s’en est rendu compte, on a eu peur. On était privés de l’un de nos sens: la vue. Mais au fur à mesure, il s’est avéré que c’était un bon exercice! Quand on perd un sens, les autres sont en alerte. Je faisais donc très attention au ton de sa voix, à ses intonations, sans avoir ses réactions «en live». Quand j’ai vu le film à Toronto, j’étais mort de rire! Je le découvrais pour la première fois, et je découvrais les réactions du personnage. C’était hilarant! On a finalement eu une scène où l’on se regardaient et cela a rendu les choses plus intenses, je pense. Cela a participé à l’intensité de la scène d’après, au restaurant. D’ailleurs, j’ai eu du mal à beaucoup le regarder, parce que je m’étais habitué à ne pas voir ses réactions! (Rires). C’était aussi un exercice dangereux parce que deux gars dans une voiture, ça peut être très ennuyant. Il faut avoir une bonne alchimie, beaucoup s’écouter, avoir le bon rythme. Peter Farrelly (le réalisateur) s’y connaît en comédie…

Avez-vous tout de suite accepté le rôle ?
Non… Je n’ai pas dis oui tout de suite parce que, comme tout acteur, j’étais effrayé de jouer un Italien. Je ne suis pas d’origine italienne. J’ai dit au réalisateur qu’il y avait beaucoup d’acteurs américains d’origine italienne qui étaient mieux placés pour jouer ce rôle. Il a voulu que ce soit moi, il a insisté. Je suis ravi qu’il l’ait fait, j’ai adoré jouer ce rôle. J’ai beaucoup appris de ce rôle, de ce personnage, de l’histoire, du réalisateur et surtout de mon partenaire, Mahershala Ali.

Comment êtes-vous devenu cet Italien du Bronx alors que vous avez des origines danoises ?
J’étais effrayé, très nerveux. C’est le fils de Tony qui a apporté cette histoire à Peter Farrelly, et toute la famille m’a beaucoup aidé. Avec des photos, des écrits, des enregistrements de Tony, le vrai. En plus, il avait joué dans les Soprano: j’ai également regardé sa façon de jouer, sa façon de marcher, de parler. Je me suis imprégné de cela.

Connaissiez-vous Mahershala Ali, votre partenaire dans le film ?
Je l’ai connu un an avant de tourner, lorsqu’il était nominé aux Oscars pour Moonlight. J’étais nominé pour Captain Fantastic, mais je n’ai pas gagné! (Rires). On s’est bien entendus. Quand le réalisateur m’a dit que ce serait Mahershala qui jouerait le rôle, j’étais ravi! Je sais ô combien il est bon acteur mais c’est surtout un gentleman, un homme de parole. Je savais qu’il deviendrait un bon copain de tournage. C’est ce qui s’est passé.

Peut-on ressentir le pouvoir d’une  histoire lors de la simple lecture du script ?
Pas toujours. Des fois, cela vous touche parce que c’est personnel. Des fois non. Mais pour Green Book, c’était le cas. C’est un des meilleurs scripts qu’il m’ait été donné de lire. J’avais un peu peur, j’étais nerveux de ne pas être à la hauteur. J’ai senti ce pouvoir émotionnel, cette belle écriture. Vraiment une très belle histoire avec des beaux messages. Donc je savais que cela pouvait toucher beaucoup. Je suis fier et content d’avoir dit oui à ce film. 


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