Salon du livre et des arts de Tanger : Quand la jeunesse est un art !
Tanger, ville littéraire, accueille la 21e édition du Salon du livre et des arts organisé par l’Institut français du Maroc en partenariat avec l’Association Tanger région action culturelle (ATRAC) du 3 au 7 mai. Plus de 70 personnalités réunies autour de l’amour du livre et d’un débat autour de la jeunesse. Coulisses.
Du 3 au 7 mai, le Salon du livre et des arts de Tanger investira le somptueux Palais des institutions italiennes pour la 21e fois. Écrivains, sociologues, historiens, philosophes et artistes, venus de France et du Maroc, seront invités à partager leur regard sur la jeunesse et ses défis. Et pas des moindres ! Entre expositions, moments de musique, débats, échanges d’idées, rencontres, la 21e édition du Salon du livre et des arts de Tanger propose une belle programmation bien riche avec des artistes tels que Tahar Ben Jelloun, Rachid Benzine, Jean Birnbaum, Vincent Cespédès, Yasmine Chami, Monique Dagnaud, Sanaa El Aji, Cynthia Fleury, David Foenkinos, Ahmed Ghayet, Kamal Hachkar, Hicham Houdaïfa, Mohamed Hmoudane, Mohamed Kacimi, Hicham Lasri, Marcus Malte, Karim Miské, Mohamed Nedali, Rebel Spirit, Sapho, Abdellah Taïa, Dominique Wolton…
La jeunesse d’abord…
Grand thème de cette 21e édition du Salon du livre et des arts de Tanger que celui de la jeunesse et de sa liberté et des grandes questions qu’elle implique comme : Comment la jeunesse s’inscrit-elle dans son époque ? Quels sont les moyens de son émancipation et de sa résistance ? Comment peut-elle s’engager pour le monde de demain ? Autant d’espaces de réflexion à investir pour rappeler l’importance de sa liberté et le pouvoir de son audace. «Le principe de cet événement, comme tous les événements que nous organisons dans ce domaine de débats d’idées : rassembler les voix françaises et marocaines, les personnalités y échangeront des points de vue sur la jeunesse et ses défis», précise Jean Marc Berthon, directeur général de l’Institut français au Maroc. «Quelle est la condition des jeunes, aujourd’hui dans notre société ? Quelles sont les préoccupations, les attentes des jeunes ? Comment rêvent-ils le futur ? Quels sont les moyens dont dispose les jeunes pour s’affirmer, pour s’émanciper. Quelles sont les menaces qui planent sur leur avenir ? Ce sont ces questions là que nous avons voulu mettre au cœur de cette édition», continue la même source qui est consciente que la jeunesse est la grande priorité du partenariat France-Maroc.
En effet, le Directeur de l’Institut français au Maroc précise que la plupart des coopérations, des actions dans le domaine de l’éducation, la formation professionnelle, l’enseignement supérieur, de la culture, s’adresse à la jeunesse. «C’est notre priorité dans la relation bilatérale franco-marocaine. La jeunesse est un acteur du changement. C’est d’autant plus important que de faire un focus sur la liberté de ces jeunes. La question, très certainement principale qui se pose aux jeunes aujourd’hui est celle de leur autonomie. Autonomie et économie, plus que d’autres, les jeunes sont frappés par le chômage, la précarité, la pauvreté, au nord et au sud de la Méditerranée. Et l’autonomie politique aussi, comment devenir un sujet dans la cité ? Prendre une part active à la vie publique et le changement social». Pour ce faire, les cinq jours dudit salon seront ponctués par des moments de littérature, certes, mais surtout des débats, des moments de musique et des moments de cinéma et d’art contemporain dans un esprit libre et jeune évidemment : «Il y a un lien fondamental entre la jeunesse et la liberté. La jeunesse, c’est la faculté de commencer, de réinventer le monde»
Une programmation pour tous
Le Salon du livre et des arts a pour principal objectif de fédérer et d’intéresser tout le monde à l’art en général. Les visiteurs pourront, comme chaque année, rencontrer les libraires, éditeurs et associations culturelles exposants. Soucieux de s’adresser à tous les publics, ledit salon proposera un riche programme d’activités aux enfants, jeunes et adultes avec pas moins de 20 ateliers : bande-dessinée, Slam, acrobatie, jeu de société, illustration, portraits, story-board, écriture, poésie, polar, conte, lecture ou encore calligraphie. Ledit salon commence d’ailleurs par une exposition collective baptisée «Jeunesse éternelle» à la galerie Delacroix, histoire de donner le ton à cette édition 2017. Un travail presenté par la commissaire d’exposition et artiste plasticienne : Rita Alaoui. Diplômée de la Parsons School of Design, New York, elle s’exprime à travers différents média : peinture, sculpture, dessin, photographie, performance, installation et son travail est exposé au Maroc et à l’international.
Du côté des échanges, c’est l’écrivaine et journaliste, Lamia Berrada Berca, auteure de sept romans dont «Kant et la petite robe rouge», finaliste du Prix des 5 continents, «Guerres d’une vie ordinaire», «Et au-dessus dansent les oiseaux», qui est la co-commissaire invitée du volet débats d’idées. Des tables rondes ayant pour thème «Portrait de la jeunesse · Quelle réalité sociale et psychologique derrière la jeunesse/les jeunesses ?» ou encore «Une jeunesse en mal de repères · La tentation de la radicalisation», «Une jeunesse en quête de sens · Les jeunes générations face à leur avenir», «De la réalité au virtuel · La question de l’identité numérique», «L’éducation des jeunes · Dans le respect de l’autre et l’égalité entre tous», «S’individuer · La construction identitaire : entre conformisme et affirmation de soi», «Raconter le chemin vers l’âge adulte · Parcours et romans d’initiation», «Engagement et création · L’art comme voie/voix de résistance» et «La jeunesse et l’esprit du monde · Quel dialogue entre la jeunesse et son époque ?». Des débats qui promettent de soulever de grandes questions ponctuées par des moments de douceur comme ces conférences dialoguées qui confronteront Abdellah Taïa à de jeunes Tangérois, Marcus Malte et David Foenkinos ou encore Tahar Ben Jelloun et Jean Birnbaum. Un programme riche et diversifié qui se terminera par des concerts de qualité tels des moments de grâce avec Hindi Zahra et Hoba Hoba Spirit. Le 7e art sera à l’honneur avec une nuit du cinéma tangérois, en partenariat avec la Cinémathèque de Tanger. Le public tangérois pourra visionner de 21h et ceci jusqu’au bout de la nuit :
«À peine j’ouvre les yeux» de Leyla Bouzid, «Hedi» de Mohamed Ben Attia, «The End» d’Hicham Lasri avec un coup de projecteur sur l’oeuvre d’Hicham Lasri qui sera un des invités des tables rondes. Le Salon du livre et des arts de Tanger profite de la thématique de la jeunesse pour inclure le rendez-vous «La cigogne Voulbile» dans son programme avec des rencontres, des ateliers de création, des projets pédagogiques, des projections de films, des expositions, des spectacles de conte et des animations qui seront proposées…
Jérôme Migayrou
Directeur de l’Institut français de Tanger
Commissaire du Salon international de Tanger des livres et des arts
Les Inspirations ÉCO : Pourquoi le Salon du livre et des arts alors qu’il a longtemps été baptisé «Salon du livre» ?
Jérôme Migayrou : C’est un salon qui a évolué dans son histoire. C’est devenu un Salon du livre et des arts il y a quelques années. C’est un salon qui se renouvelle, on est particulièrement attentif à cette idée de singularité. Avoir un salon qui est au plus proche de l’évolution des arts et de la culture, de l’évolution de la réflexion et du dialogue franco-marocain. Cette singularité, on essaie de la travailler de trois manières principales : en direction de tous les publics, c’est vraiment un objectif principal, c’est-à-dire de faire en sorte que le dialogue franco-marocain touche tout le monde et non pas un public qui a un accès facilité à la culture. Deuxième point, nous essayons d’être un salon pluridisciplinaire très attentif aux propositions musicales, d’art contemporain tout en ayant la littérature pour ADN du salon.
Quelle est la particularité de la programmation cette année ?
Nous avons des commissaires, qui sont tout d’abord des artistes, pour les tables rondes et volet débats d’idées. À l’image de la journaliste et écrivaine Lamia Berrada. On se renouvelle de fait avec les propositions nouvelles en puisant dans leurs propositions. On aimerait faire cela tous les ans, faire appel à des artistes différents à chaque fois.
Et le choix des thèmes des tables tondes ?
Les tables rondes se feront en trois temps : temps des éléments cadrage avec une approche sociologique et psychologique pour essayer de comprendre ce qu’est la jeunesse. Quelle est cette quête de sens vers laquelle la jeunesse court. Le deuxième temps sera celui de la question de la jeunesse éducative. Samedi on se centrera sur l’idée de la jeunesse et de la culture, comment la jeunesse s’empare des arts et de la culture. Comme outil de résistance, de dialogue, outil pour construire. Dimanche matin, on terminera sur des éléments de synthèse pour clore la semaine, nous parlerons de la façon dont la jeunesse se confronte à son époque.