Culture

Rachid Benzine détricote les stéréotypes sur l’Islam

 

Alors que des événements comme la toute dernière attaque de Trèbes, en France, viennent compliquer davantage les rapports intercommunautaires et attiser les frustrations identitaires, Rachid Benzine tente à travers sa nouvelle pièce, «Pour en finir avec la question musulmane», un exercice d’équilibriste, invitant, par le rire, à nuancer le débat et à désamorcer la peur du «fait musulman».

L’islamologue franco-marocain s’essaie à travers cette pièce, donnée en représentation tout récemment à Mons (sud de la Belgique), à une nouvelle démarche pédagogique qui vise à détricoter les stéréotypes sur l’Islam et les Musulmans et à dépassionner le débat autour des crises identitaires. La pièce se déroule dans un immeuble de banlieue parisienne où les locataires découvrent que leur voisin du 5ème, « un musulman portant une Jellaba », vient d’être placé en résidence surveillée par la police, ce qui suffit pour nourrir la rumeur et raviver les sentiments de rejet. «L’assigné à résidence » n’apparait pas dans la scène, mais les étiquettes et les préjugés fusent de tous les paliers de l’immeuble où cohabitent un moustachu grincheux, militant du Front National remonté contre « ces islamistes barbus », un concierge juif, qui, malgré le souvenir macabre des déportations, ne semble pas très conciliant; un syndicaliste communiste très à cheval sur ses idées révolutionnaires, une sociologue féministe de confession juive; une jeune fille européenne récemment convertie à l’islam ou encore Monsieur Benazzouz, personnage central de ce vaudeville, un chercheur musulman libéral qui donne des conférences sur l’Islam. Tous unis contre ce «dangereux terroriste qui ne tardera pas à passer à l’acte», ils réclament son expulsion de l’immeuble.

Au fil des stéréotypes, le spectateur finit par découvrir que l’assignation à résidence de l’habitant du 5e n’est que le fruit de ragots tressés par un voisinage prompt à juger un homme qui a eu le malheur de… porter une djellaba.

Dans ce microcosme de la société européenne d’aujourd’hui, Rachid Benzine, plus habitué à évoquer l’Islam dans les livres et les débats savants, a osé dans des scènes hilarantes, sans perdre pour autant le sérieux de la question, déconstruire les clichés, démonter les peurs infondées et surtout en rire.

Expliquant sa démarche, il relève que la pièce évoque notamment la peur du « fait religieux » à travers ses variantes identitaires qui hystérisent des groupes qui n’arrivent plus à se parler, sauf à s’invectiver et à rendre l’autre responsable. En rire, est cette autre façon de les aborder loin des simplismes et des raccourcis qui saturent les réseaux sociaux et meublent les discussions des cafés du commerce.

Sous le grotesque de la caricature et un titre provocateur, Rachid Benzine a su trouver le moyen de déclencher par l’humour ce qu’il appelle les « névroses » de la société. «Pour en finir avec la question musulmane», est écrite et mise en scène par Rachid Benzine, avec Jean-Claude Derudder, Hassiba Halabi, Fabien Magri, Jan-Luc Piraux, Ana Rodriguez, Vincent Sornaga et Camille Voglaire.

Elle a été jouée en mars à la «Maison folie» à Mons et sera sur les planches du théâtre de Liège du 17 au 21 avril.

 


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