Culture

Quo Vadis, Aida?: le Sarajevo de Jasmila Žbani

«Quo, Aida?», film bosniaque de la compétition a ému ce jeudi matin à la Mostra de Venise. Revenant avec un angle différent sur les bombardements de Sarajevo de 1992, la réalisatrice Jasmila Žbani livre un film de toute beauté, et d’une intensité émotionnelle rare. Coup de cœur.

Une guerre injuste, des choix impossibles, la peur de voir l’inévitable arriver. Tel est le point de départ du film de la réalisatrice du magnifique «Sarajevo mon amour» : Jasmila Žbani. «Quo Vadis, Aida?» a ému en ce début de festival. Un des premiers films en compétition dévoilé, l’opus de la réalisatrice bosniaque revient sur le bombardement de Sarajevo marquant les premiers jours de cette guerre aussi incompréhensible qu’incomprise. Comme toutes les guerres.

Négocier la vie
Aida est bosniaque musulmane. Les Serbes ont commencé à attaquer le pays, la ville tombe, tout le monde perd son chez-soi et l’on se réfugie chez les Casques bleus. La zone ONU est une zone protégée. «On n’y craint rien.».Aida travaille pour l’ONU. Cette institutrice de Sarajevo est traductrice et aide les soldats à négocier avec les civils. Quand la guerre éclate, il n’y a plus de place dans la base militaire des Casques bleus. Seuls les plus privilégiés y sont admis. Aida est à la recherche de ses deux fils et de son mari. Ils sont les premiers visés par les Serbes. Tout homme bosniaque est considéré comme un militaire musulman ennemi et digne d’être exécuté. Aida essaie de sauver les membres de sa famille, les faire rentrer dans la base, les empêcher de finir entre les mains de l’ennemi.

Le combat d’une mère
Au milieu de la guerre, il y a la mère. Une mère meurtrie entre son devoir envers ses supérieurs, son pays et sa vie. Jasna Djuricic qui porte le rôle est tout simplement bluffante. On y croit à chaque seconde. Chaque plan serré, chaque souffle, chaque respiration nous fait ressentir ce que ressent cette mère pour ses enfants, pour son mari, pour sa patrie. Jasmila Žbani, une des seules réalisatrices en compétition, a donné naissance à une histoire construite sur une émotion juste constante, qui accompagne le spectateur tout au long du film. L’intensité émotionnelle est forte et elle est presque le personnage principal du film. L’on suit Aida dans sa course contre la montre pour sauver sa famille. Y parviendra-t-elle ?

Les blessures de guerre
Dans «Sarajevo mon amour», la réalisatrice était revenue sur l’après-guerre ou comment vivre après l’horreur. Le film avait séduit la Berlinale en 2006. Aujourd’hui, la cinéaste profondément humaine revient sur le jour où tout a basculé à Sarajevo. Le premier plan met déjà en place le décor, une espèce de ralenti sur un portrait de famille parfait formé par un père et ses fils fiers et beaux. La famille que Aida a constituée. Cette institutrice généreuse qui travaille avec dévouement. La mise en scène est aussi belle que sobre, le scénario est original. Même si ce n’est que le début de la compétition, «Quo Vadis, Aida?» ne risque pas de rentrer bredouille de Venise. Prix du scénario ? Prix d’interprétation féminine? Un Grand Prix ? La semaine ne fait que commencer, mais le cœur chavire déjà.

Jihane Bougrine / Les Inspirations Éco


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