Culture

Mohamed Leftah, l’héritage de la littérature marocaine en partage

Dans le cadre de sa collection dédiée à la réédition de certains ouvrages de Mohamed Leftah, La Croisée des Chemins publie Le dernier combat du captain Ni’mat, qui a reçu le Prix littéraire La Mamounia en 2011. L’occasion de revenir sur la carrière d’un poète de la fiction, d’un conteur d’histoire viscéral.

«La beauté comme révélation tardive, comme promesse et menace à la fois, la beauté consolante et inquiétante, une et multiple, chatoyante, mystérieuse, ambiguë, indécidable.» Poète charmeur à l’humour facile et à l’insolence intelligente, l’écrivain a laissé un bel héritage de romans pour la plupart courts et précis. Le dernier combat du captain Ni’mat avait séduit la critique en 2010, se classant comme l’un des meilleurs romans de l’année. Le capitaine Ni’mat, réserviste de l’armée égyptienne désœuvré et vieillissant, tue le temps dans un club privé du Caire. Son existence monotone est subitement bouleversée par un jeune domestique nubien. Il cède à la tentation et savoure, en cachette de son épouse et de son entourage, son nouvel amour. Dans un pays de plus en plus intégriste, cette passion va le conduire à la déchéance et à la vindicte de la société. Né en 1946 à Settat, Mohamed Leftah entame à Casablanca des études scientifiques. Il poursuit sa formation à Paris dans une école d’ingénieurs en travaux publics. En 1972, il revient au Maroc, devient informaticien, puis journaliste littéraire au Matin du Sahara et au Temps du Maroc. Il commence sa carrière d’écrivain dans les années 1990, avec la parution en 1992 de Demoiselles de Numidie (Éditions de l’Aube). Il renonce ensuite à publier ses textes jusqu’à ce que Salim Jay le fasse découvrir auprès des Éditions de la Différence qui éditeront le restant de son œuvre à partir de 2006, dont Au bonheur des limbes, Une fleur dans la nuit ou encore Un martyr de notre temps.

L’authenticité de Mohamed Leftah
«Souvent décrit comme étant une figure emblématique de la littérature marocaine, Mohamed Leftah demeure sans doute l’un des plus grands écrivains, capable d’avoir su intégrer dans son œuvre le pluralisme des modes de vie et de pensée de nos sociétés contemporaines», souligne la maison d’édition La Croisée des chemins en parlant d’un style particulier salué par les critiques littéraires, dont Salim Jay qui l’a qualifié de «styliste à la Genet. «Voluptueux interprète des pulsions et des passions, il nous révèle la société marocaine à la lumière du désir sexuel». Le monde parlait de lui, il faisait rayonner l’image du pays à travers ses mots justes et toujours percutants. En 2007, le journal Le Monde lui accordait une page où l’on disait de lui qu’il n’avait qu’une certitude : «la littérature a toujours été et peut être encore une promesse de bonheur» ; et il préconisait un seul remède : «Le roman contre la barbarie. Nous n’avons pas d’autres armes». Un message qui résonne encore plus aujourd’hui avec l’actualité. «C’est parce que l’un des piliers fondateurs de la ligne éditoriale de La Croisée des Chemins est la liberté d’expression, qu’elle a tenu à faire de cette nouvelle collection un événement à part entière. De 2018 à 2020, les quelques ouvrages de Mohamed Leftah sont diffusées dans tout le pays. Une occasion de rendre hommage à ce talent rare de la littérature marocaine à l’écriture splendide, au service d’une pensée libre et d’une sensibilité poétique et à fleur de peau», rappelle Abdelkader Retnani, directeur de La Croisée des Chemins. Pour cette collection, et afin de mettre en valeur ces parutions, la maison d’édition a opté pour un graphisme contemporain, que ce soit dans le choix iconographique, de la typographie ou des couleurs, afin d’évoquer l’univers particulier de Mohamed Leftah. Sont déjà parus dans le cadre de cette collection : Une chute infinie en 2018, Au bonheur des limbes en 2019, L’Enfant de marbre en 2020. «Nous espérons que cette série de publications rencontrera des lecteurs qui pourront découvrir ou redécouvrir un écrivain au talent sûr, et dont la plume manie de manière subtile la langue française pour nous conter des histoires qui ont souvent des allures de quêtes initiatiques. C’est en même temps une bouffée d’oxygène littéraire et une plongée dans l’esprit de l’auteur. Il ne faut pas oublier que Mohamed Leftah était un grand homme de culture et, pour reprendre la formule d’un magazine littéraire français à son égard, avait des références qui allaient d’Ibn Battûta à Rimbaud, Levinas ou Todorov. C’est une réelle fierté pour moi en tant qu’éditeur de publier cette collection», conclut le directeur de la maison d’édition.

Jihane Bougrine / Les Inspirations Éco


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