Meryl Streep, reine de la transformation !

Avec «The Laundromat» de Steven Soderbergh, jamais l’affaire de Panama Papers n’a été racontée. En compétition à la Mostra, ce film esy sympathique et comique. Le trio formé par Meryl Streep, Gary Oldman et Antonio Banderas est un régal.
Telle une claque, Steven Soderbergh raconte le scandale Panama Papers avec une belle subtilité, une profonde originalité et un cynisme gracieux. Au diable la mise en scène linéaire sur fond de journalisme documentaire où l’on énumère des faits et des preuves. Le scandale qui a remué le monde il y a quelques années est rapporté à l’écran et il est tellement bien ficelé et raconté. «Ce film est peut-être inspirant mais il est tellement important», confie Meryl Streep qui se dit ravie d’être dirigée par un réalisateur efficace et intelligent. «Il est de ceux qui savent ce qu’ils veulent raconter et qui sont en phase avec leur temps. C’est un réalisateur formidable», confie l’actrice qui joue le rôle d’une mère et d’une grand-mère de la classe moyenne, à la vie normale qui aime voyager et faire des activités avec son mari retraité. Lors d’une escapade en beauté, le mari trouve la mort subitement. Veuve, elle apprend qu’elle ne sera pas remboursée par les assurances. La raison ? Il n’y a pas vraiment de compagnie d’assurance. L’argent ne l’intéresse pas, commence alors une course poursuite pour justifier la mort injuste de son mari. Elle se transforme en enquêtrice féroce. À travers elle, on découvre toute l’absurdité que comporte ce dossier. «C’est un film divertissant, brillant, qui raconte de façon drôle une histoire très, très sombre», affirme l’actrice en conférence de presse sur un ton grave.
Une mauvaise blague qui s’est jouée au-dessus de nos têtes ! «C’est un crime, qui n’a pas été sans victimes ! Et parmi ces victimes, plusieurs d’entre elles sont des journalistes. La raison pour laquelle l’affaire des Panama Papers est devenue connue du monde entier, c’est parce qu’il y a eu 300 journalistes d’investigation qui ont recueilli les confidences des lanceurs d’alertes issus du cabinet Mossack Fonseca ou de Dieu sait où et les ont répercutées dans le monde». La mise en scène qui frise le parfait est aussi surréaliste et ironique que cette affaire ! Le duo aussi improbable qu’évident que forment Antonio Banderas et Gary Oldman est d’une classe folle, un concentré de comédie au timing impeccable dans les répliques et dans les mouvements. Chacune de leur apparition est un bonheur dont on ne veut plus se passer. Le premier séduit par son élégante justesse, le second est un caméléon qui n’est jamais le même de rôle en rôle et c’est déconcertant. Anglais à l’accent distingué, l’acteur qui joue l’homme d’affaire allemand sans scrupule est magistral ! Et Meryl Streep. Immense. Même pour un rôle d’apparence banal sur papier (veuve de classe moyenne), elle réussit à trouver une infinité de nuances qui enrichissent sans cesse son personnage et elle ne peut s’empêcher de nous régaler avec une transformation dont elle seule a le secret. Un beau moment de cinéma. Percutant et drôle et une scène finale à couper le souffle. Ce n’est peut être pas un chef-d’œuvre mais c’est un grand film parce que et surtout les acteurs sont grands !