Culture

Mehdi Lougraïda : “J’ai été fasciné par l’envie d’apprendre, l’envie d’exceller”

Il avait dirigé avec brio l’Orchestre Philharmonique du Maroc (OPM) dans son concert en hommage aux trois religions à l’unisson et il réitère l’expérience avec les concerts du Nouvel An en Janvier prochain. Entre temps, le jeune chef virtuose Mehdi Lougraïda, vient de donner une masterclass au Conservatoire de Rabat, à l’issu de laquelle 7 apprentis chefs d’orchestre ont pu bénéficier de son savoir faire. Interview ludique avec un chef d’orchestre né.

En quoi consiste une masterclass donnée par un chef d’orchestre ?
C’est une rencontre, un échange entre des chefs d’orchestre apprentis, des chefs d’orchestre confirmés et un orchestre. On apprend à analyser une partition, trouver un sens musical qui est propre à chaque individu et ensuite le mettre en application. Il s’agit de trouver le bon geste et la bonne formule, de façon à être lisible pour l’orchestre.

Qu’est-il important de transmettre ?
L’amour de la musique , l’analyse des partitions, la patience et l’exigence de travail. Je pense qu’un chef d’orchestre doit vraiment étudier ses partitions, il faut qu’il travaille énormément pour trouver son style et créer le son qu’il veut entendre derrière l’orchestre. Il y a souvent des chefs d’orchestre qu’on envoie en masterclass et qui se rendent compte, une fois sur place que cela ne marche pas avec l’orchestre. Parce qu’il n’y a pas eu ce travail ou cette analyse en amont, ce travail à la table comme on dit dans notre jargon. On dit souvent que notre travail c’est 80% de travail à la table et 20% de travail devant l’orchestre. L’analyse, le travail , c’est de proposer quelque chose de cohérent et propre à chaque orchestre.

Quelles sont les principales qualités d’un bon chef d’orchestre ?
L’écoute, l’humilité, le partage et l’émotion.

Qu’est ce qui est ressorti de cette masterclass ?
J’ai voulu prendre différents niveaux. Je voulais donner leur chance à des jeunes chefs d’orchestre qui démarrent. Cela s’est fait naturellement. On sélectionné 7 candidats : 3 femmes et 4 hommes. J’ai été fasciné par l’envie d’apprendre, l’envie d’exceller. Et j’ai vu, au fur à mesure des jours, pour quelques candidats, ils se sont complément dévoilés. Parce qu’on est à nu devant un orchestre, on dévoile ses sentiments. C’est comme un acteur qui doit jouer un rôle. Il doit entrer dans son personnage et trouver l’émotion juste et nécessaire pour convaincre. Un chef d’orchestre c’est la même chose, il analyse et ensuite il synthétise cela pour donner une interprétation possible.

Vous êtes très jeune et vous êtes déjà chef d’orchestre. Comment s’est imposée à vous cette voie ?
Quand on m’a inscrit justement à un stage de musique, et c’était un stage chef d’orchestre. Au début, je n’ai pas accroché. Cela a raisonné en moi pendant un an, ça a fait comme un cheminement et je me suis rendu compte que c’était un langage extraordinaire. On s’adresse, certes, à des musiciens mais l’on s’intéresse surtout à un public. C’est une oeuvre interprétée par l’orchestre avec l’aide des solistes. Tout cela m’a fasciné, ce travail méticuleux de la partition, prendre le temps de tout comprendre. Quand on ouvre une partition de chef d’orchestre, il y a énormément de signes, d’information. Nous avons toutes les lignes de l’orchestre. Nous avons des partitions énormes. Tout ce travail à comprendre, à analyser, voir où on va, les lignes directrices, tout cela est fascinant.

Quel grand compositeur vous a donné l’envie de faire ce métier ?
Le compositeur qui me fascine le plus c’est Debussy. Parce qu’avec Debussy , on n’est jamais dans la force. On est dans une touche de couleurs, on est dans la précision, mais en même temps il y aune liberté de temps et d’espace incroyable. Cette atmosphère qui est relax et colorée, me fascine. C’est lui qui explore toute la palette de couleurs, et c’est magnifique.

Quel est le quotidien d’un chef d’orchestre ?
J’aime bien faire du sport et manger équilibré ! (Rires). Mais il n’y pas de secret. J’ai des collègues qui aiment manger et faire la fête. Mais le principal c’est de beaucoup travailler. Le travail à la table est primordial, c’est la recette. Savoir pourquoi on est là, savoir ce qu’on apporte à l’orchestre et ce qu’il nous apporte. C’est un bel échange, un échange qui nourrit.

Comment s’est passée la collaboration avec l’OPM, une collaboration qui va se renouveler en 2020…
J’en suis ravi. L’administration de l’OPM m’a rappelé pour les concerts du mois de janvier, pour les concerts du Nouvel An. C’est un peu l’esprit de l’Orchestre de Vienne d’offrir des concerts de Nouvel An avec un répertoire plutôt léger comme des valses viennoises. La programmation est en cours, c’est une surprise…



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