Culture

Matthieu Boré. “Chaque public est différent mais la musique est universelle”

Matthieu Boré. Pianiste, auteur,compositeur et interprète

Matthieu Boré est un ovni du jazz, il avait donc toute sa place dans la 19e édition du Tanjazz, tenue du 20 au 23 septembre. Vintage à souhait, le chanteur, pianiste, auteur compositeur français a donné un concert intemporel aux allures de scènes de films d’antan où le jazz rythm & blues en cabaret s’emparait des cœurs et des corps. Rencontre avec le musicien qui a transformé la scène Audi du festival en un bal musette made in Tanger.

Le public était conquis dès les premières notes. Vous adaptez-vous aux différentes audiences ou le public est-il toujours le même ?
Le public n’est pas le même mais la musique que je joue est censée être universelle ! je fais confiance aux programmateurs des festivals, je pars du principe que s’ils ont pris la peine de m’inviter, c’est qu’ils sont un public qui peut apprécier la musique que je fais. C’est la musique qui réunit les gens même s’ils sont différents ! Ce qui permet aux gens de dialoguer puisqu’ils ont un terrain en commun.

Est-ce que vous avez une préparation spécifique avant chaque concert ?
Non pas spécialement, juste être détendu et être dans un climat calme. Être dans un climat où plusieurs choses nous agressent peut fragiliser un musicien mais quand on est bien avant un concert, comme c’est la cas à Tanger, ça ne peut qu’être de bonne augure pour un concert ! la nourriture est excellente, les gens sont charmants ! Et quand on mange ensemble avec les musiciens, on rit, on partage, cela se reflète sur scène, on s’amuse et j’espère que le public sera réceptif à ces belles ondes !

Quelle est la part d’improvisation dans vos concerts ?
La musique que je fais est une musique chantée, le format chanson est un format dont on doit tenir compte. On jongle entre la pop et la part d’improvisation amenée par les musiciens. L’improvisation peut être dans plein d’autres choses : climats qui se créent à tel moment parce qu’un tel a eu une idée, un tel s’est trompé et cela m’a donné une idée pour faire autre chose. Il y a tout l’aspect scénique. Une idée pour le spectacle va donner des idées musicales. L’improvisation est aussi là. Elle est partout…

«Fizzante» est un hommage aux années 30, «Roots», aux années 80. Que s’est-il passé entre les deux albums ?
Cela correspond à mon travail, à mes envies. On s’enrichit à travers les différentes rencontres, à travers un travail personnel. Des nouvelles musiques, les travailler, les intégrer au style personnel. Ensuite, on cherche des thèmes lisibles par les festivals, si vous faites un album, c’est mieux d’avoir une cohérence plus inventée des thèmes au fur à mesure. Les années 30, c’est sûrement parce que c’était une période où il y avait plusieurs standards de jazz. Les années 80, je ne sais pas ! «(Rires). Cela correspondait peut-être à une période de ma vie où je me suis replongé dans le répertoire de ces années là, de ma jeunesse, de mon époque. Je n’aimais pas du tout à mon époque, que je redécouvre maintenant parce que c’est riche, il y a un éclectisme que je ne retrouve plus dans la musique d’aujourd’hui. Le tout en trouvant un lien entre cette musique des années 80 et le rythme & blues que je faisais.

En parlant d’éclectisme, votre parcours l’est puisque vous commencez par le rock et le trip hop avant d’opter pour le jazz…
Le Jazz est arrivé avec le classique je pense. J’ai fais des études classique de piano étant enfant comme tout le monde. J’ai terminé mes études avec Gershwin et De Bussy. C’était déjà dans mon bagage culturel. Mes parents m’ont fait découvrir les films de Fred Aster. Donc je connais cet univers pour y avoir bercé. Après mes années «d’errance» dans le hard core, que je ne regrette pas (rires), je suis revenu dans le jazz presque naturellement. Ce n’était pas une découverte, c’étaient plutôt des retrouvailles…

Qu’est-ce que vous a apporté en tant que jazzman cette période que vous appelez «d’errance» ?
Le recul ! Le Jazz que je fais aujourd’hui, me permet d’avoir un recul sur le rock que je faisais avant. Tout nourrit, chaque expérience permet de regarder l’autre d’un œil neuf, c’est ce qui nous permet d’avancer. Je ne pense pas avoir souvent la tête dans le guidon, quand je tourne en rond j’ai toujours une façon de m’échapper, de faire autre chose et de voir le reste avec de la distance…

Vos chansons changent de l’album à la scène. Comment se vivent vos chansons sur scène ?
Elles suivent les musiciens. Je joue avec tellement de musiciens différents qu’il ne se passe jamais la même chose sur scène. La même chanson ne se joue jamais de la même façon. Avec les musiciens, on ne répète pas forcément, on est donc obligés de trouver un terrain d’entente. On écoute ce que fait l’autre, on s’adapte et souvent il se passe des choses différentes. C’est ce qui rend l’aventure authentique… 


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