Culture

Marrakech Art Week. Joana Choumali et Siwa Mgoboza subliment l’Afrique

Dans le cadre de la Marrakech Art Week et en partenariat avec le Riad El Fenn, Willem Smit’s et Vanessa Branson, Loft Art Gallery présente, du 11 décembre au 12 janvier, les travaux des artistes Joana Choumali et Siwa Mgoboza.

C’est au cœur de Riad El Fenn à Marrakech que Loft Art Gallery propose de faire découvrir, jusqu’au 12 janvier, deux artistes africains. «Les artistes exposés offrent une vision de la contemporanéité car ils représentent le ferment, l’énergie, la vision et l’esthétique des populations locales et nous parlent de l’Afrique d’aujourd’hui mais surtout par leur travail, ils font face individuellement à des questions sociopolitiques contemporaines qui ne concernent pas seulement le continent mais qui ont une résonance globale», explique Maria Pia Bernardoni, commissaire de l’exposition.

Joana Choumali, entre le passé et le présent
Joana Choumali, de Côte d’Ivoire, a étudié les arts graphiques à Casablanca. Avant de commencer sa carrière de photographe, elle a travaillé comme directrice artistique pour une agence de publicité. Depuis 2000, elle a participé à de nombreuses expositions personnelles et collectives sur le continent africain, en France et en Grande-Bretagne. Sa série «Hââbré*, la dernière génération» (2013-14), plusieurs fois primée, a d’ailleurs été présentée en Afrique et en Europe ainsi qu’aux États-Unis et en Malaisie, la scarification représentée étant une vieille tradition africaine. Autrefois une norme de statut social élevé, elle est aujourd’hui en voie de disparition en raison de l’évolution des valeurs dans les sociétés contemporaines. En conséquence, cette série est un témoin des temps anciens. La série «Resilients» (2013-14) dans laquelle Joana a photographié des femmes africaines dans les vêtements traditionnels de ses ancêtres féminins traite également du passé et du présent. De même, «Adorn» (2015) a un caractère documentaire. Néanmoins, il s’agit de la réinterprétation des normes de beauté européennes par les femmes noires africaines d’aujourd’hui. La série a été présentée dans le Pavillon de la Côte d’Ivoire à la Biennale de Venise 2017.

Siwa Mgoboza et l’Afrique utopique
Siwa Mgoboza explore les notions de différence et d’appartenance à partir de ses expériences personnelles de préjugés et d’assimilation. Ayant grandi à l’étranger puis rentrée en Afrique du Sud dans sa jeunesse, Mgoboza a été profondément frappée par la différence entre ses attentes d’une Afrique du Sud égalitaire et le contraste frappant de sa réalité. En réponse à cela, Mgoboza a créé Africadia, un moyen de transcender ne serait-ce que momentanément les préjugés fondés sur des notions préconçues de race, religion, classe et nationalité. L’hybridité est au cœur de l’expérience africaine et Mgoboza imagine un monde où les absolus deviennent fluides et ouverts au débat. Entremêlement utopique des notions d’Afrique et d’Arcadie préservées – comme en témoignent la mythologie grecque et la peinture de l’artiste de la Renaissance Nicolas Pousin, Africadia représente une alternative – un espace où, selon Mgoboza, «on cesse de parler de l’autre et on se parle les uns aux autres». En créant les êtres hybrides qui peuplent la dimension africaine, Mgoboza s’est inspiré de son héritage Hlubi en incorporant le tissu shweshwe aux motifs clairs et denses dans son travail photographique, sculptural et textile. Traditionnellement porté par les femmes, Mgoboza fait référence à un motif qui est immédiatement reconnaissable comme étant «africain» mais qui, à la suite d’une enquête plus approfondie, a des racines véritablement mondiales car il est arrivé en Afrique australe par les routes commerciales néerlandaises. Il a été largement adopté lorsqu’il a été introduit en Afrique australe par les colons allemands au milieu des années 1800. Isi shweshwe est un symbole ancré dans l’ethos de l’Afrique – des échanges culturels entre les continents, de l’indigénisation et de la revitalisation culturelle. En tant que dispositif visuel, Mgoboza offre au spectateur Isi shweshwe comme un signifiant africain accepté mais il est en même temps reconstitué comme une question qui sape son caractère même d’Africain. En bouleversant les hypothèses géographiques, Mgoboza ouvre des lectures alternatives de ce que c’est que d’être un Africain. 



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