Culture

L’interview confinée de… Tarik Azgui

Il a quitté le Maroc en 2011 pour aller décrocher la lune et atterrir sur les étoiles. Le chanteur Tarik Azgui ne savait pas à quel point Montréal allait changer sa vie. Il s’est trouvé une famille artistique où il peut vivre son rêve canadien en intégrant une prestigieuse compagnie. Passionné de comédies musicales, il en fait son quotidien et sa vie. Broadway depuis Montréal avec un artiste à la sensibilité à fleur de peau.

Comment est née votre passion pour la musique ?
Mes parents ont toujours tenu à ce que nos moments de famille soient accompagnés de musique. Je me rappelle que pendant les longs trajets en voiture pour aller voir notre famille dans le sud du Maroc, les cassettes défilaient : Ahouach, Oum Kalthoum, Sade, Brel, Nass el Ghiwane, El Hadj El Houcine Toulali, Madonna, El Hajj Belaïd et Dolly Parton. Un mélange qui a sculpté mon goût pour la musique authentique, quelle que soit sa provenance. Mais c’est au moment où j’ai découvert Fayrouz que j’ai compris que la voix et la musique expriment ce que les mots ne peuvent pas expliquer.

Comment Montréal a changé votre vision d’artiste ?
Montréal est une ville d’artistes et de musiciens. Je suis encore sous le charme du niveau des talents mais aussi de la facilité avec laquelle un projet musical voit le jour, en commençant par un environnement aussi encourageant au niveau communautaire que professionnel. Une fois que j’ai commencé à connaître d’autres artistes à Montréal, ça m’a donné le courage nécessaire de me lancer dans le chant et y découvrir ce que mon héritage africain, marocain et amazigh rajoutait à ma performance.

D’où vient cette passion pour Broadway ?
Ma passion pour Broadway a commencé depuis mon enfance en regardant les comédies musicales dans lesquelles les acteurs sont aussi chanteurs et danseurs. Quelques années plus tard, je découvre qu’en plus du jeu, de la danse et du chant, Broadway rajoute un autre niveau de difficulté : la scène! Broadway est pour moi une culmination de talents bruts mélangés au courage et à la vulnérabilité dont l’artiste doit faire part devant son public.

Quelle est votre routine ? Comment préparez-vous un spectacle ?
Le tout commence par l’apprentissage des chansons, des notes et des paroles. Vient ensuite la phase où il faut «sculpter» le son et lui donner son identité et raconter l’histoire de chaque chanson. Une fois les chansons maîtrisées, nous passons au «blocking», le positionnement pour chaque numéro, cette phase inclut aussi l’apprentissage des chorégraphies pour les numéros dansants. La dernière phase est de joindre le son au geste et de répéter le spectacle en suivant l’ordre de ses numéros pour se familiariser avec les transitions.

Quelle comédie musicale ou quel rôle vous touche le plus ?
C’est dur de n’en citer qu’une mais je dirai que c’est «Follies» de Stephen Sondheim, qui vient de célébrer ses 90 ans et qui est un véritable monument de Broadway. Le rôle qui me touche le plus est sans doute celui de Sally dans Follies justement, au moment où elle chante «Losing My Mind» en pensant à son premier amour après des années de séparation et de complication.

Comment travaillez-vous votre voix ?
Par le chant choral qui est un excellent moyen d’apprendre à chanter juste et en synchronisation avec l’ensemble et les musiciens et aussi à travers des cours chant et des exercices de respiration réguliers, ça travaille le souffle et les muscles de la mâchoire. Le chant aussi demande de développer son talent d’acteur pour vivre ce qu’on chante et raconter une histoire le temps de quelques minutes.

Comment continuez-vous à exercer votre art en confinement ?
Nous avons la chance de vivre dans une ère où la technologie nous facilite la vie. Je saisis l’occasion du confinement pour enregistrer des standards de jazz que j’avais toujours eu envie de chanter. Les tracks sonores sont disponibles en ligne et j’ai accès à des logiciels qui peuvent mixer ma voix à la musique et réaliser un effet studio. Je participe également à des projets avec mon groupe de musique Broadway, on a sorti une chanson et on travaille sur deux autres pour l’été.

Qu’est-ce ce que le confinement vous apprend sur l’artiste que vous êtes et sur la vie ?
Quelle belle question ! Le confinement m’a appris à aller de l’avant et de ne rien garder au fond de moi, au contraire, de partager, de chanter à haute voix, une manière pour moi de remercier la musique de faire partie de ma vie. Le confinement m’a aussi appris qu’il faut profiter de la vie et qu’il faut faire ressortir toute la beauté cachée dans nos coeurs et la faire rayonner pour embellir notre monde et la vie de nos proches. 



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