L’interview confinée de… Mohamed Mouftakir
Comme tout chamboulement, la crise est souvent source d’inspiration. Conscient de cela, Jawjab, un studio créatif qui met en lumière la société marocaine dans toute sa diversité, a choisi cinq artistes pour les laisser s’exprimer sur le confinement à travers l’image avec le concept «Living Times of Corona». Après Hicham Lasri, Raja Saddiki, Hassan Ouazzani et Mohamed Achaour, Mohamed Mouftakir a fait parler l’enfant en lui dans un court métrage d’une belle fluidité. Muni d’un téléphone et de beaucoup de créativité, le réalisateur de «Pegase», «l’Orchestre des aveugles» et de «L’Automne des pommiers», filme son fils et la force de l’introspection en isolement forcé. Efficace et percutant.
Comment est née l’idée de faire un court métrage sur le confinement ?
L’idée m’est venue quand j’ai été contacté par Younes Lazrak, le directeur général adjoint de Jawjab, que je remercie d’ailleurs par la même occasion. L’idée était de raconter un point de vue personnel sur le confinement en 5/6 mn.
Le noir et blanc a tout de suite été une évidence ?
Non, c’était la proposition d’Adil El Fadili, mon ange complice qui a fait la postproduction. Il a tout de suite senti que les images, telles qu’elles étaient filmées peuvent êtres mieux et plus expressives en noir en blanc.
L’enfant en soi et/ou le point de vue selon l’enfant est souvent présent dans votre travail. À quel point cette notion est elle devenue centrale dans une période exceptionnelle comme celle-ci ?
J’imagine mal un enfant confiné. Privé de sa liberté. Sa liberté de courir, de sauter, de crier. Voir des enfants qui jouent dans les rues m’a beaucoup manqué dans cette dure période de confinement. Ils sont devenus des oiseaux emprisonnés dans des cages. Pour moi, c’était inacceptable.
Vous parlez de la nécessité d’écrire même quand on n’écrit pas. Pourquoi est-ce si important maintenant ?
Un cinéaste écrit toujours, même s’il n’est pas devant son ordinateur ou face à la page blanche. Un cinéaste est un corps qui résonne et réagit à chaque chose qui l’entoure. Pour moi, l’écriture commence, c’est déjà ça. Être à l’écoute de cette résonance et la transmettre dans une forme artistique par la suite. L’artiste est le thermomètre de la société. Il est le premier organe touché. Donc c’est un lanceur d’alerte par intuition.
Vous prouvez que l’on peut continuer à faire du cinéma même en étant
enfermé. Il suffit d’utiliser ce que l’on a sous la main. Est-ce une nouvelle alternative possible du cinéma selon vous ?
J’ai toujours dissocié la création et les moyens. L’expression et l’argent. Si on a quelque chose à dire, elle est déjà là. Il suffit de la sortir…Le reste suit.
Est-ce que le confinement est propice à la créativité ou au contraire ?
Chaque artiste est par essence un être confiné. La création est un long voyage dans la profondeur de l’âme. C’est un cri. Donc, c’est un confinement qui se déconfine. Au fin fond de chaque artiste, il y a un enfant confiné.
Comment vivez-vous le confinement ?
Personnellement, je n’ai pas trop senti la différence. Comme je suis de nature casanière, les choses sont restées les mêmes. C’est le sentiment de liberté qui m’a un peu manqué. Le sport aussi et un pot de temps en temps avec les amis.
Qu’est-ce que cela vous a appris sur vous et l’artiste que vous êtes ?
C’est que l’être humain peut se contenter de peu de choses pour vivre heureux. Que le bonheur n’a rien à voir avec l’ostentatoire. J’ai aussi appris à faire la différence entre le nécessaire et le secondaire, que d’être vrai et sincère sont les choses les plus importantes dans la vie, que la notion de famille est incontournable.
Jawjab, promoteur de visions
À la fois incubateur de talents, boîte de production audiovisuelle, média et agence digitale, le studio créatif Jawjab met en lumière la société marocaine dans toute sa diversité. Pour tous, les besoins en contenu vidéo digital, l’entreprise met sa créativité et sa réactivité au service des marques et des créateurs. Jawjab diffuse également ses productions originales sur le web et engage de larges communautés constituées en crowd-cultures. Enfin, Jawjab est aussi une plateforme média qui compte plus de 500.000 fans et qui engrange des millions de vues par mois grâce à des contenus qui se démarque par son innovation constante et une communauté engagée et fidèle. Produire des contenus innovants, mettre en lumière les talents de demain et témoigner avec sincérité des mouvements de notre société, telle est la marque de fabrique de Jawjab.