L’Espagne se dirige vers de nouvelles élections
Le voisin ibérique est dans une impasse politique depuis huit mois déjà et rien n’augure un dénouement. Le PP réclame l’abstention du PSOE pour gouverner et ce dernier maintient son refus. De nouvelles élections pourraient être organisées en décembre prochain.
Compte à rebours en vue de nouvelles élections en Espagne, les troisièmes en l’espace de huit mois seulement. En effet, la crise politique se poursuit chez nos voisins ibériques suite au niet des parlementaires d’accorder une nouvelle fois, mercredi dernier, leur confiance à Mariano Rajoy, le chef du Parti populaire chargé de former un gouvernement après que son parti soit arrivé en tête lors des élections de juin dernier. Chef du gouvernement sortant, Mariano Rajoy caresse toujours l’espoir de rester au pouvoir. Il faut dire qu’il a fait preuve de résistance, et les scandales de corruption au sein de son parti ne l’ont pas affecté. Durant la session d’investiture, le débat a été virulent avant le vote. Le secrétaire général du PSOE, Pedro Sanchez, qui ne s’est pas encore remis de son échec de former un gouvernement lors des premières élections, a qualifié son rival politique de menteur qui ferme les yeux sur la corruption rongeant son parti. Durant ce premier vote, Rajoy n’a obtenu que 170 voix, ceux de son parti et du nouveau parti libéral Ciudadanos, avec lequel il a scellé un accord. Une abstention du PSOE aurait pu faciliter la tache à Rajoy. Or, le PSOE et Sanchez refusent, pour le moment, de reconduire Rajoy aux commandes de l’Exécutif espagnol.
Enjeux
Alors que le vote négatif à l’investiture marque l’échec de Rajoy à élargir sa majorité et à décrocher des appuis, le PP s’en prend au PSOE et à son secrétaire général, les accusant de paralyser le pays en refusant de s’abstenir de voter afin de laisser la voie libre à Rajoy pour gouverner. D’ailleurs, certains grands titres de presse espagnols comme «El Pais» et «El Mundo» ont dirigé leurs tirs vers Pedro Sanchez, devenu le coupable du blocage politique que vit le pays. Vendredi dernier, plusieurs éditorialistes appelaient le PSOE à opter pour l’abstention lors du vote de vendredi soir, au lieu du niet catégorique brandi par Sanchez. Cette situation a donné lieu à des chantages politiques de part et d’autre.
Pour exercer une pression sur le PSOE et rameuter les électeurs contre la première force de l’opposition, Rajoy refuse de ratifier les décrets qui promulguent la hausse des salaires des retraités et des fonctionnaires, sous prétexte qu’il est à la tête d’un gouvernement d’intérim. Le renouveau politique tant espéré par la société espagnole et la naissance de nouveaux partis (Podemos, Ciudadanos) ont mis fin à une instabilité politique sans précédent en Espagne née de l’éclatement des voix et de la difficulté à trouver un consensus politique. L’échec de Rajoy à obtenir la confiance des élus ouvre un délai de deux mois pour trouver une issue à coups de négociations et de concessions. Faute d’accord, le Parlement sera dissous le 31 octobre et de nouvelles élections seront programmées, probablement en décembre.
Et si le Maroc avait à choisir…
Quel gouvernement serait favorable au Maroc? Sans l’ombre d’un doute celui mené par le PP. Durant ce mandat, Madrid et Rabat ont pu consolider plusieurs acquis sur le registre des relations bilatérales. De fait, les deux gouvernements ont fait preuve d’un remarquable pragmatisme, lequel a profité aux deux parties. Si par miracle le PSOE arrivait au pouvoir dans le cas de 3e élections, les socialistes ne seraient pas en mesure de gouverner en solo et seraient amenés à signer des pactes avec Podemos et les nationalistes catalans et basques. Des formations acquises aux thèses des indépendantistes et qui ne manqueraient pas de mettre en œuvre des initiatives allant à l’encontre de la position du Maroc.