Culture

L’économie des médias passée au crible à Madagascar

Organisées à Madagascar du 20 au 24 novembre sous le parrainage du Maroc, les 45e assises de l’UPF (Union de la presse francophone) s’articulent autour du thème de l’économie des médias dans les pays en développement.  

Comment les médias peuvent-ils développer un modèle économique viable tout en étant indépendant et en garantissant la liberté d’expression ? La réponse à cette question est visiblement on ne peut plus difficile surtout pour la presse écrite, à en croire les témoignages de bon nombre de journalistes dont des responsables d’entreprises de médias lors des 45e assises de l’Union de la presse francophone, qui ont démarré le 20 novembre à Antsirabe (Madagascar) sous le parrainage du Maroc, qui est à l’honneur dans cette ville historique, lieu d’exil du père de la nation, le souverain Mohammed V.

Les médias, surtout dans les pays du Sud, font face à plusieurs difficultés comme le rappelle la secrétaire générale de l’Organisation internationale de la francophonie, Michaëlle Jean, dans un message lu en son nom lors de l’ouverture officielle des assises, qui ont connu la présence effective du président de la République malgache, Hery Rajaonarimampianina. Il s’agit entre autres d’un environnement fiscal contraignant, d’un marché publicitaire volatile, de la baisse inexorable de l’électorat francophone, de l’absence parfois de culture managériale ainsi que de la non-assistance des pouvoirs publics à l’égard des médias dans plusieurs pays. Ce sont autant de raisons d’inquiétude, notamment pour les supports papier dont les dirigeants sont appelés à faire preuve d’ingéniosité en développant non seulement leur modèle économique mais aussi en s’adaptant à l’évolution sociale et technologique. Le manque de moyens financiers est également un problème  pour plusieurs entreprises de presse.

L’État doit-il aider financièrement les médias? Les avis sont partagés entre ceux qui mettent en garde contre le risque de perdre l’indépendance en acceptant les subventions aussi bien publiques que privées et ceux qui pensent que l’aide étatique aux médias est nécessaire pour assurer non seulement leur survie mais surtout garantir aux citoyens le droit à l’information. C’est l’idée défendue par le directeur de la HACA, Jamal Eddine Naji, qui estime que la subvention étatique n’est pas synonyme de dépendance, mais l’ancien secrétaire de la Commission de l’océan indien et ancien directeur général et président du CA du groupe  «La Sentinelle» (Maurice), Jean Claude de l’Estrac, reste sceptique à cet égard en soulignant que le risque plane toujours lorsque les médias acceptent les subventions de l’État. Il estime qu’il n’existe pas de recette magique tout en précisant que c’est plutôt la qualité des supports qui pourrait être le facteur essentiel pour attirer de plus en plus de lecteurs. Ce n’est pas ce que pensent certains journalistes. En effet, plusieurs journaux de qualité de par le monde ont été contraints de disparaître à cause notamment de la rude concurrence tant de la presse électronique que des réseaux sociaux. 

Hery Rajaonarimampianina
Président de la République de Madagascar

«Nous vivons aujourd’hui dans un monde à la fois ouvert et en mutation rapide grâce en particulier aux technologies avancées de la communication, de plus en plus accessibles, et de la nouvelle connectivité qu’elles créent. De nouveaux enjeux d’ordre économique, politique et culturel se font jour mais il est une constante des médias : les liens sociaux de diverses sortes qu’ils tissent ou défont à partir des informations et des idées qu’ils diffusent. C’est en cela que réside la puissance mais aussi la grande responsabilité des médias, des hommes et des femmes qui ont choisi d’y travailler…Avec l’avènement des réseaux sociaux, l’époque est à la liberté effective d’opinion et d’expression de chaque individu. Il suffit aujourd’hui d’un clavier et d’une connexion internet pour qu’une personne puisse s’adresser à des milliers, voire à des millions d’autres personnes. Dès lors, la tentation est grande pour chacun de penser détenir la vision juste, la vérité».


Madiambal Diagne
Président international de l’Union de la presse francophone

Pourquoi avez-vous opté pour le thème de l’économie des médias?  
Madiambal Diagne : Tous les ans lors des assises de l’UPF ou des rencontres que nous tenons, nous nous penchons sur les problématiques qui intéressent le plus la profession des médias. Dans un contexte où la presse est en crise à travers le monde, quelques modèles réussissent alors que d’autres réussissent moins bien. Il est important d’échanger les expériences entre les personnes qui étaient à l’origine des échecs ou des succès. Quand on parle de la situation des médias d’un point de vue économique, on constate de façon certaine que la situation est encore plus difficile dans les pays en développement.

N’avez-vous aucune crainte pour l’avenir des médias, notamment la presse écrite ?
Quand la radio puis la télévision ont fait leur apparition, on a pensé que les journaux allaient disparaître.  Et quand Internet est apparu, on a prédit la mort de la    radio et de la télé. Ce n’est pas le cas. Les mutations technologiques et celles de consommation appellent les médias à faire un travail de réadaptation. Ainsi, les médias explorent des modèles de distribution et des modèles économiques qui permettent d’optimiser les moyens, de verser dans le multimédia et de diversifier les opportunités d’affaires.

Le Maroc parraine ces assises…
C’est une idée de génie. Être sur cette terre malgache et précisément à Antsirabe sans visiter l’histoire ne serait pas compréhensible. Nous pensons qu’une dimension dans l’histoire africaine est méconnue. Il est important que les jeunes générations connaissent l’histoire de l’exil de sa majesté le roi Mohammed V à Antsirabe. À l’UPF, nous avons tenu à rendre hommage à cette expérience et à montrer le rôle leader qu’a joué le Maroc dans le cadre de la décolonisation en Afrique. Le royaume du Maroc n’a pas déçu nos attentes.  


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