Jazzablanca : la 15e édition a tenu toutes ses promesses
Ce weekend a été mouvementé. Entre l’annulation du concert de Maluma, l’ouverture de la Can féminine 2022, la course de formule E organisée à Marrakech mais aussi The Wild Jam et Jazzablanca, nous avions l’embarras du choix. Pour notre part, nous avons jeté notre dévolu sur Jazzablanca dont la clôture a eu lieu dimanche 3 juillet. Une fermeture de rideau qui restera gravée dans nos mémoires, tout comme cette 15e édition qui a tenu toutes ses promesses, celles de nous faire vibrer, de nous envoyer du lourd plein les oreilles mais aussi et surtout, de nous créer de merveilleux souvenirs. La rédaction des Inspirations ÉCO revient sur la clôture de ce festival de Jazz fièrement casablancais. Si vous n’y étiez pas, accrochez vos ceintures, on vous fait vivre les moments les plus marquants de cette dernière soirée définitivement pas comme les autres !
Troisième et dernier jour du festival Jazzablanca, et pour clôturer cette édition spéciale, quoi de mieux qu’une programmation des plus éclectiques. Début de soirée, il est 18 H du côté d’Anfa parck, et pour commencer, direction la scène 21, autrement dit, la petite scène intimiste et très conviviale qui a accueilli des noms comme Bab L’buz, Natacha Saint Pierre ou Mulatu Astatke. Ce soir-là, c’est le groupe EYM, trio tout droit venu de Lyon, qui a ouvert le bal. EYM trio, c’est un pianiste du nom de Elie Dufour, Yann Phayphet derrière sa contrebasse et un batteur, Marc Michel. À eux trois, le ton est donné et le spectacle promet d’être inoubliable. Des rythmes résolument jazzy, tout en étant ouverts sur le monde.
Ce groupe, à l’acoustique nomade, nous a offert un début de soirée des plus enivrants. Il est 19 H15, c’est au tour de Majid Bekkas de se produire sur cette même scène devant un public déjà chau ffé par les EYM Trio. Pour ceux qui ne connaissent pas ce natif de Salé, Majid Bekkas est un musicien, à mi-chemin entre la musique spirituelle de transe gnaouie, le jazz et le blues de sources africaines. Un mélange atypique, qui montre une fois de plus que la musique n’a pas de frontière. Au fur et à mesure, les festivaliers accourent au parck d’Anfa, spécialement aménagé pour ce festival qui, cette année, se voulait être un cadre d’échange et un lieu social. Il est 20 H30, le temps de marquer une pause et de se rendre du côté des différents stands de nourriture et de boissons pour reprendre des forces après une première partie de soirée déjà riche en émotions. 21H, toute la jeunesse branchée de Casablanca, mais aussi des familles et des touristes, sont désormais réunis devant la scène Casa Anfa, la plus grande du festival. Une scène qui a vu se produire des noms comme Ibrahim Maalouf, qui a fait l’ouverture du festival, Gilberto Gil et Asaf Avidan.
Aujourd’hui, c’est Oum, la diva à la voix suave et envoutante, qui lance les festivités. Comme une histoire tout droit sortie d’un conte pour enfants, Oum a enchaîné les chansons de son nouvel Album «Daba», délivrant à chacune de ses interprétations des messages de paix et de sensibilisation tout en faisant part de sa joie de retrouver son public casablancais après deux années de pandémie. Un concert qui sonnait comme un retour à la maison pour la chanteuse très complice avec ses fans.
Après près d’une heure-trente de spectacle, les jazzablancais, qui se trouvent définitivement sous le charme, ne sont pas au bout de leurs surprises. Une pause s’impose, l’occasion pour nous de tendre le micro à ces festivaliers, subjugués par cette nouvelle édition. Au détour d’un hot dog et d’une glace, nous avons rencontré Alya, Simo avec son nouveau né et Maryline. Tous ont eu le même son de cloche : dépoussiérer Jazzablanca pour en faire un lieu de rencontre et de musique était une excellente initiative. La barre a été placée haute et la prochaine édition aura tout intérêt à tenir toutes ses promesses. 23 H, c’est l’apothéose ! L’excitation est palpable, les groupies de Ben Harper et de son groupe «The innocent criminals» sont devant la scène, prêtes à entonner les paroles du chanteur qui, certes, a pris de l’âge mais n’a rien perdu de son charisme ni de son panache. Ben Harper, en clôture de Jazzablanca, c’est la cerise sur le gâteau tel un met délicat que l’on déguste les yeux fermés pour se délecter et n’en perdre aucune miette. Moment marquant de ce concert, la dédicace au petit Rayan, mort dans un puits asséché il y a quelques mois, qui avait tenu le monde en haleine et ému au delà des frontières. Un concert plein de générosité et de sonorité, dont seul le chanteur a le secret… Un concert, surtout, qui nous a plongé au début des années 2000 avec des tonalités comme «Amen, Omen» et eDiamonds on the Insidee. Jazzablanca, c’est fini, et pour les nostalgiques de ce festival résolument casablancais, rendez-vous est pris pour l’année prochaine. Reste plus qu’à nous remettre de nos émotions !
Éliane Lafarge / Les Inspirations ÉCO