Culture

Étienne de Crécy : “Le public marocain est vraiment super !”

Étienne de Crécy
DJ et producteur de musique

Le 6 juillet, la place des Nations Unies de la capitale économique a vibré au son de l’électro. Organisée par l’Institut français de Casablanca avec Casablanca Events & Animation et en partenariat avec La Fondation Hiba et 4S Fest, la 8e édition de La Nuit électro s’est tenue, gratuitement, en plein centre-ville, devant un public enthousiaste.

En France, l’électro était pourchassée par les gendarmes il y a 30 ans. Aujourd’hui, l’Institut français vous fait tourner. Comment voyez-vous cette évolution ?
Alors effectivement, ce truc a été assez bizarre parce que, quand on est la révolution, on n’apprécie pas obligatoirement de devenir l’institution. Et en fait, c’est un peu ce qui nous est arrivé, effectivement. On a fait ce passage-là. Ce n’est pas ça qu’on cherchait. Ce n’était pas l’ambition de départ, il ne s’agissait pas de devenir… euh… la marque French Touch qu’on a contribué à créer. Elle est maintenant utilisée par tous les industriels et l’État français comme une marque de fabrique. Mais ce n’était vraiment pas notre ambition. D’un autre côté, puisque cela me permet d’être invité par l’Institut français à venir jouer ici, je ne vais pas me plaindre. Mais il est vrai que ce n’était pas ce qu’on avait prévu.

On dit parfois que l’électro est une musique de l’hédonisme, est-ce que l’hédonisme est une forme de résistance ?
Cela ne suffit pas. L’hédonisme ne suffit pas. En fait, c’est plus que de l’hédonisme, c’est une musique d’inclusion. C’est une musique inclusive. C’est-à-dire que, nous, nous avions découvert cette musique qui venait d’abord de la communauté gay et noire des États-Unis. En fait, c’est vraiment eux qui l’ont inventée et qui l’ont développée. En France, nous nous sommes intéressés à cette culture-là. En un sens, on a essayé de la diffuser. Mais, de toute façon, c’est complètement une culture d’inclusion et d’ouverture. Et c’est pourquoi il est important, effectivement, de diffuser la culture et l’esprit de cette musique-là. Même si effectivement, comme ce sont des instrumentaux, son sens peut s’oublier assez vite. Il y a un moment où si les acteurs ne le revendiquent pas, cela peut complètement disparaître.

Quel avenir pour les musiques électroniques, à votre avis ?
Alors, les musiques électroniques ont infusé partout. C’est-à-dire que maintenant pratiquement toutes les musiques sont électroniques, ou en ont subi l’influence. Exactement comme ce qui s’est passé avec le disco, à l’époque, ou le reggae, qui ont infusé partout. Quant à l’avenir, je ne sais pas, c’est difficile à dire. En fait, il y a un nouveau style, il apparaît un nouveau courant de musique électronique tous les six mois, grosso modo. Là, en ce moment, c’est la new rave et le hardstyle qui prennent un envol incroyable, en tout cas en France. Il y a plein de nouveautés. C’est une musique qui se régénère tout le temps et il y a de nouvelles branches qui poussent dans tous les sens. C’est vraiment de la mauvaise herbe en fait. Elle est increvable et pousse dans tous les sens. C’est une mauvaise herbe qui résiste… résistante. Donc, je ne me fais pas de bile pour l’avenir de la musique électronique.

Est-ce votre premier set au Maroc ?
Oui, à Casablanca. J’avais joué une fois à Marrakech, mais il y a très longtemps. Il y a 15 ou 20 ans. C’était dans un club de musique généraliste, je pense que c’était un booking assez étrange. Je crois que les gens ne s’attendaient pas à moi, et moi je ne m’attendais pas aux gens non plus, alors on ne compte pas celui-là. Et donc, oui, c’est la première fois.

Nous sommes dans un quartier à la lisière de la Médina et c’est un public très populaire qui va être là, cela vous inspire-t-il un commentaire ?
Je ne sais pas, là, pour le moment, j’arrive, je découvre. Le commentaire sera plus facile à faire après, pour savoir si les gens étaient sensibles à ma musique ou pas. Je ne sais pas, on va voir.

À sa descente de scène, Étienne de Crécy, ému, avait le visage rayonnant et les yeux brillants. À la répétition de la question sur le public, il s’est exclamé : «Ah ben super ! Je crois bien, c’était incroyable ! Le public marocain est vraiment super !»

Murtada Calamy / Les Inspirations ÉCO

 


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