Culture

Dumbo de Tim Burton, l’enfant devenu adulte

Le 26 mars dernier sortait dans les salles de cinéma du royaume, Dumbo de Tim Burton, avec Colin Farrell et Eva Green, le film est le remake du dessin animé de Walt Disney, sorti en 1941. Depuis quelques années déjà, Walt Disney Productions a décidé de refaire ses grands classiques en prise de vue réelle ou en image de synthèse.

Si, d’un point de vue personnel, on voit que l’intérêt d’un remake est surtout de donner un deuxième souffle à un film ayant mal vieilli, ou mal marché, ce qui n’est évidemment pas le cas des dessins animés Disney, et qu’ainsi l’annonce de ces remakes n’était pour moi qu’un moyen de « gratter un billet » en utilisant des titres, pour compenser un certain manque de créativité, on admet que ce n’est pas le cas pour Dumbo.

En effet, contrairement à La Belle et la bête ou Le Livre de la jungle, assez fidèles aux œuvres originales, Dumbo tient plus d’une « adaptation libre » de l’œuvre originale que d’un remake. Car si nous avons toujours un éléphant volant dans un cirque, Tim Burton rompt quasiment avec l’ancienne version et nous livre une toute autre histoire, avec une finalité différente.

Première grande différence avec l’original : absence du merveilleux. Si ce dernier était ce qui caractérisait le plus les films Disney, on ne retrouve pas cela dans le film de Tim Burton. Nous avons bel et bien un éléphant volant, mais autour de lui le cadre est entièrement réaliste.

Fini donc les chansons Disney qui nous ont fait rêver enfants, ou la souris parlante amie du héros, les cigognes qui livrent les bébés animaux, etc!

Ne subsistent de l’ancien film que certains clins d’œil à ses éléments (très réussis d’ailleurs, comme celui sur la chanson des éléphants roses transformée en spectacle de bulles de savon).

 

Nous suivons les aventures de deux enfants Joe et Milly (qui remplacent la souris de la version initiale), orphelins de mère et dont le père est une ancienne vedette de cirque amputé à la guerre. Il est engagé par Max Medici, propriétaire d’un cirque itinérant en grande difficulté, pour s’occuper d’un petit éléphant aux oreilles disproportionnées. Mais les choses tournent mal lors de la présentation au public du nouveau-né l’éléphanteau est séparé brusquement de sa mère la célèbre Madame Jumbo. Racheté par le propriétaire du Dreamland Circus de New York il se retrouve pris au piège et obligé de voler aux côtés de la trapéziste française, Collette Marchant, les deux enfants se donnent pour mission de le réunir avec sa mère et de le libérer des griffes de Dreamland.

Le merveilleux du film d’origine est remplacé par une atmosphère très « adulte », voire même oppressante par moments : deuil familial, père amputé, harcèlement sur un pauvre éléphanteau puis une séparation, etc. On peut lire dans le film une critique du domaine du show-business.

Si dans le film d’origine ce n’est qu’à la fin qu’on découvre que le petit éléphant vole (ce qui en constituait en quelque sorte la finalité), dans le film de 2019 la finalité est différente, on découvre le talent de l’éléphanteau plus tôt, talent qui sera vite convoité par Mr. Vandevere, un magnat du showbiz voulant exploiter son image par quête de renommée et de profit au détriment de la dignité des animaux dans l’industrie du divertissement. En plus de tirer profit de la situation économique en crise du cirque de Medici pour se l’accaparer sur le dos de celui-ci, montrant le contrôle des puissances de l’industrie du divertissement dévorant les plus faibles et les plus faillibles.

Les libertés prises par Tim Burton, ont permis d’apporter un peu de contenu par rapport au film original l’un des plus courts de Disney, les nouvelles technologies sont également bien exploitées, le Dumbo en image de synthèse est réussie, et traduit assez bien les sentiments et les émotions de l’éléphanteau.

Verdict final : très belle reprise, loin d’être un simple remake, un scénario plus élaboré que le film original, mais on déplore quand même l’absence de merveilleux qui faisait la magie des classiques Disney, ce qui laisse un petit doute sur le caractère « familial » du film, enfant en 1941, adulte en 2019.           



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