Des tocs et alors ?

Laurent Baffie. Humoriste, animateur, auteur et écrivain
Top Event Production présente, le 13 décembre au Mégarama de Casablanca, la pièce Toc Toc, écrite et mise en scène par Laurent Baffie. Cette comédie loufoque invite à jeter un regard indulgent sur les troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Éclats de rire garantis !
Votre pièce Toc Toc traite le thème des troubles obsessionnels compulsifs (TOC). Quel est exactement votre message ?
Cette pièce a été écrite en 2005, bien avant qu’on ne travaille vraiment sur les tocs. C’était quelque chose de peu connu et que l’on confinait à la folie. Quand on parlait de cela dans les conversations, les gens se défendaient d’avoir des tocs parce qu’ils en avaient honte. Après, on s’est rendu compte que tout le monde avait des TOC, qu’ils soient simples ou compliqués. Le message, c’est que ce n’est pas grave d’avoir des tocs. Il faut en parler car cela se traite. En clair, ce n’est pas parce qu’on a des tocs qu’on est fou.
Donc pour vous, tout le monde a des tocs…
Je le pense. J’enquêtais dans les dîners pour savoir qui avait des tocs. Au début, les gens disaient non puis, au fur et à mesure, après deux ou trois verres de vin, ils avouaient des petites choses qu’ils faisaient ou ne faisaient pas. Je me rendais compte que 90% des gens avaient des tocs. J’ai pensé que c’était un sujet universel.
C’est Alil Vardar, un habitué du public marocain, qui assure la production de votre spectacle à Casablanca. Connaissez-vous un peu le public marocain ?
Je suis venu au Maroc pour des raisons touristiques, et deux fois au Marrakech du Rire en tant que spectateur. C’est vraiment un très bel événement. Et je ne vous cache pas que, vu le temps pourri qu’il fait ici, à Paris, j’aurai préféré être à Casablanca.
Vous avez plusieurs casquettes : animateur, homme de théâtre, de cinéma… laquelle préférez-vous ?
Je préfère le théâtre parce que c’est génial d’écrire une histoire, de prendre des comédiens, de faire la mise en scène et de voir ensuite des spectateurs applaudir un spectacle vivant que l’on a imaginé. C’est étonnant de pouvoir faire cela.
Aujourd’hui, on voit plein d’artistes qui font du théâtre, du cinéma, de l’animation… Est-ce une nécessité pour survivre ou est-ce parce que les artistes ont envie de faire plein de choses à la fois ?
Pour les autres, je ne sais pas. Mais dans mon cas, cela a été une nécessité. Comme, avec ma grande gueule, je me faisais virer de partout, j’étais toujours obligé d’avoir un plan B. Quand je me suis fait virer de la radio, je me suis dit «c’est pas grave, je ferai du théâtre». J’étais obligé de faire du théâtre parce que je l’avais dit, et cela m’a permis de rebondir. Je suis un peu hyperactif et un peu touche-à-tout.
Les réseaux sociaux, Internet vous obligent-ils à vous autocensurer ?
Oui, on ne peut plus rien faire. J’ai écrit une pièce qui est un peu excessive comme sorte d’acte de résistance. La scène est quand même un espace de liberté mais, aujourd’hui, tout le monde se surveille et a peur.
Il est très difficile de percer en tant qu’artiste. Pensez-vous que la téléréalité soit un tremplin, un propulseur de talent ?
Propulseur de talent? Je ne pense pas qu’il y ait beaucoup de talents qui sortent des émissions de téléréalité. Celles-ci font de l’audience, mais je ne me sens pas concerné. Et j’étais consterné quand je voyais mes enfants regarder cela.
Revenons au climat. Sur le plan social, c’est aussi tendu. Est-ce que en tant qu’animateur, qu’homme de théâtre etc.., vous soutenez et comprenez le mouvement des Gilets jaunes ?
Oui, je le comprends parce qu’il n’y a pas si longtemps, j’habitais dans une chambre de bonne et n’avais pas beaucoup pour vivre. Je comprends la désespérance des gens qui n’arrivent pas à boucler leurs fins de mois. Maintenant, je trouve que c’est un mouvement anxiogène qui touche aussi beaucoup les gens. Il va y avoir une grosse, grosse addition à payer. Au milieu des Gilets jaunes, il y a des casseurs, des gens d’extrême droite et d’êtrême gauche. Il n’y a pas un mais des Gilets jaunes. Et nous-mêmes, au théâtre, on ressent une baisse de la fréquentation. Idem au cinéma, au niveau des commerces, surtout en cette période de Noël. Je soutiens les gens qui n’ont pas de quoi boucler leurs fins de mois, mais ce mouvement récurrent me fait flipper. Et je ne suis pas le seul.
Pensez-vous que l’on pourrait revivre en France un autre Mai 68 ?
J’avais 10 ans à l’époque. Mais c’est vrai que l’on a pas vécu cela depuis Mai 68. Je pense qu’on le vit déjà: les gens arrachent les pavés, chargent les flics. En 68, j’avais 10 ans, mais je ne sais pas si les gens pillaient les boutiques et saccageaient les monuments.
Grand succès
Présentée dans le cadre de la 9e édition des Théâtrales de Top Event, la comédie Toc Toc a été écrite en 2005 par Laurent Baffie. Elle a été reprise avec succès au Québec, en Belgique et en Espagne. Elle a été adaptée au cinéma en 2017. Jeudi soir, elle sera interprétée par les acteurs Isabelle Pean, Aurélie Devauchel, Rémy Bottin, David Bancel, Alice Dubuisson, Claude Bruna et Arblinda Dautin.