Confinement avec James Gray en trois films marquants
Réalisateur de talent, James Gray a une profondeur et une intelligence cinématographique, digne de l’ancienne génération. Méticuleux et perfectionniste, ses films sont précis et ne laissent aucune place à l’improvisation. Tantôt dans le passé ou dans le futur, ses œuvres sont toujours ancrées dans un présent aussi étudié qu’habité.
Little Odessa
(1994)
C’est le film qui a fait entrer Gray dans la cours dans grands ! C’est l’histoire de Joshua Shapira, un tueur à gages. Il exécute son boulot sans états d’âme. Jusqu’au jour où son commanditaire exige un contrat à Brighton Beach, quartier des Juifs russes appelé Little Odessa, où Joshua a passé son enfance. «Le film est l’histoire d’une personne qui cherche à revenir dans le droit chemin mais bien sûr, sa tragédie c’est qu’il ne peut y arriver parce qu’il est allé trop loin», précise James Gray à propos du personnage de Joshua Shapira campé par Tim Roth. James Gray s’est beaucoup documenté afin de rendre le film le plus réaliste possible : «J’ai lu tous les articles se rapportant au sujet que je pouvais trouver dans n’importe lequel des principaux journaux. J’ai traîné du côté de Brighton Beach pendant des mois et rencontré tout un tas de personnes. J’ai parlé à la police de New York de ce sujet. Je n’ai jamais cherché à faire un film sur la mafia russe juive en tant que telle mais j’espère que la description de ce milieu est juste», affirme le metteur en scène à Allo Ciné.
La nuit nous appartient
(2007)
C’est certainement le film le plus chorégraphique du réalisateur. Casting de rêve, histoire de mafia, il y a un air de Martin Scorsese mais à la sauce Gray, avec une certaine poésie. Rarement les années 80 n’auront été aussi bien filmées. Bobby, interprété par l’incroyable Joaquin Phoenix, est le jeune patron d’une boite de nuit branchée appartenant à des Russes. Avec l’explosion du trafic de drogue, la mafia russe étend son influence sur le monde de la nuit. Pour continuer son ascension, Bobby doit cacher ses liens avec sa famille. Seule sa petite amie Amada est au courant : son frère Joseph et son père Burt sont des membres éminents de la police new-yorkaise. Chaque jour, l’affrontement entre la mafia russe et la police est de plus en plus violent, et face aux menaces qui pèsent contre sa famille Bobby va devoir choisir son camp. 1988 à été une des pires années qu’a vécu New-York. Le crack affluait, le taux de suicide grimpait en flèche, le taux de criminalité était 73% au-dessus de la moyenne nationale, et le NYPD enterrait deux de ses policiers chaque mois… Au même moment, le disco s’épanouissait dans les boîtes de nuit. George Michael, Gloria Estefan et Taylor Dane dominaient les charts.
Two Lovers
(2008)
Dans une autre ambiance, un peu plus intimiste, on suit toujours Joaquin Phoenix, loup solitaire qui vit chez ses parents à New York, se perdre dans un triangle amoureux. Leonard hésite entre suivre son destin et épouser Sandra, la femme que ses parents lui ont choisi ou se rebeller et écouter ses sentiments pour sa nouvelle voisine, Michelle, belle et volage, dont il est tombé éperdument amoureux. Entre la raison et l’instinct, il va devoir faire le plus difficile des choix. Two Lovers a été présenté en compétition, au Festival de Cannes en 2008. Les deux précédents longs métrages de James Gray avaient déjà été en lice pour la Palme d’or. Mais à chaque fois, l’Américain est reparti bredouille. Après The Yards et La Nuit nous appartient, c’est la troisième fois que James Gray a choisi Joaquin Phoenix pour jouer le rôle principal de son film. Il a écrit le personnage de Leonard en pensant à lui. «Joaquin est comme un frère pour moi. Nous sommes proches d’une façon rare. Ensemble, nous avons parlé de ce que nous voulions explorer chez le genre humain. Joaquin a une perception et une compréhension très aiguës du comportement humain».