Culture

CMOOA. L’art aux enchères à Jamaa El Fna !

L’ancienne agence de Bank Al-Maghrib, à Marrakech, se transforme en écrin d’art qui s’apprête à accueillir la vente aux enchères et l’exposition de la Compagnie marocaine des oeuvres et objets d’art (CMOOA). Du 22 au 28 décembre, il sera question d’un «retour à Jamaa El Fna, 50 ans après».

La Compagnie marocaine des oeuvres et objets d’art (CMOOA) sera de retour à Marrakech pour célébrer l’histoire de l’art marocain le 28 décembre au sein de l’ancienne agence de Bank Al-Maghrib, place Jamaa El Fna, devenue depuis quelques années l’un des sites culturels de référence de la ville. «La date du 28 décembre est un symbole à plusieurs titres pour la CMOOA qui célébrera sa 17e grande vente de fin d’année puisque le 28 décembre 2002 se tenait la toute première manifestation de l’entreprise à Marrakech», précise le commissaire de l’exposition.

Pour cette «vacation exceptionnelle», la sélection artistique a concerné uniquement les œuvres d’art d’artistes pionniers du «mouvement de Casablanca» réalisées entre 1958 et 1978 pour suivre les premiers pas de l’art marocain post indépendance jusqu’à l’affirmation d’une avant-garde marocaine à partir des années 1965, date à laquelle se forme le groupe de Casablanca «MelehiBelkahia-Chebâa» qui s’élargira à partir de 1969 à d’autres talents. Sur les traces des pionniers de l’art marocain, nous découvrons en 1969 que la première exposition manifeste qui inaugurera une prise de conscience collective des artistes marocains s’est tenue dans l’espace public place Jamâa El Fna en protestation à une politique culturelle jugée maladroite et inconsciente concernant la situation des arts plastiques au Maroc. En 1972, un second manifeste verra le jour au moment de la constitution de l’AMAP (Association des artistes plasticiens marocains) puis un troisième en 1974 au moment de la biennale de Baghdad et un dernier en 1978 lors de la polémique opposant les artistes marocains à un événement culturel tenu au Club Méditerranée place Jamâa el Fna.

CMOOA a travaillé ces dernières années à exhumer des documents d’archives très rares qui permettront de mieux déchiffrer l’histoire complexe de cette décennie extrêmement prolifique en termes d’art, pour accompagner le récit artistique et historique des œuvres figurant dans l’exposition mettant en avant une lecture «saine et sincère de l’art marocain». Lors du vernissage du samedi 22 décembre, les artistes participant à cette exposition pourront, 50 ans après, «revenir à Jamâa El Fna» et partager comme nous l’espérons une réelle émotion avec les amateurs d’art qui «se seront déplacés» à cette occasion. Une articulation artistique et une scénographie très soignées présenteront les travaux de Jilali Gharbaoui, Farid Belkahia, Mohamed Chebâa, Mohamed Hamidi et Mohamed Melehi, réalisés avant 1965 puis dans une seconde étape la révolution graphique de la fin des années 60 à laquelle adhérèrent Miloud Labied, Bachir Demnati, Mohammed Kacimi et d’autres artistes. Un exceptionnel ensemble d’œuvres d’art de Mohamed Melehi sera présenté pour la première fois dans une exposition publique où l’on distinguera les premières recherches de l’artiste en Italie (en 1958) puis aux États-Unis (en 1962 et 1963), aux côtés d’une œuvre historique «la Flamme palestinienne de 1976» figurant dans de nombreux ouvrages d’art et considérée comme l’un des plus importants symboles de résistance culturelle à l’occupation israélienne. Mohamed Chebâa, qui gagne aussi depuis peu la juste reconnaissance de ses engagements politiques, sera présenté avec deux œuvres datées de 1962 et 1974, la dernière étant très marquée à son tour par la cause palestinienne. Chaque fois qu’une manifestation artistique se tient à Jamâa El fna, sa charge symbolique est plus audible. Pour l’entreprise CMOOA, le fait d’être à Jamâa el Fna aux côtés des artistes pionniers et des générations actuelles est lourd de sens. 50 ans après le manifeste de 1969, CMOOA joint sa voix à ceux qui appellent à un changement culturel et artistique pour faire face aux enjeux de la mondialisation et de la globalisation. Depuis Jamâa El fna et comme lors de la polémique du Club Méditerranée de 1978, nous défendons une position respectueuse de l’histoire moderne et contemporaine de l’art marocain face à une certaine vision de professionnels étrangers au Maroc. 


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