Culture

Cinéma : “The Insider”, Soderbergh met en scène couple, mensonges et espionnage

Sorti en salles cette semaine, «The Insider» porte à l’écran un couple d’agents secrets formé par Cate Blanchett et Michael Fassbender, impériaux.

Steven Soderbergh était entré dans la carrière par la grande porte d’une Palme d’or cannoise en 1989, avec «Sexe, mensonges et vidéos». Le réalisateur prolifique a, depuis, exploré bien des genres et maîtrise parfaitement celui des blockbusters. Mais avec «The Insider», il semble tenter un pari risqué, en mélangeant un film à gros budget et son intérêt premier : qu’est qu’un couple ? Comment cela fonctionne-t-il entre deux êtres humains (voire plusieurs, pour être réaliste) ?

Un scénariste chevronné
Le scénariste David Koepp a notamment écrit l’hilarant «La mort vous va si bien» («Death becomes her», 1992) de Robert Zemeckisle avec Bruce Willis et Meryl Streep, puis le mastodonte «Jurassic park» (1993) de Steven Spielberg (et deux des séquelles), mais aussi le technologiquement pertinent «Kimi» (2022), de Soderbergh, précisément.

C’est en travaillant sur le premier «Mission impossible» (1996, Brian DePalma), a déclaré Koepp à chaîne américaine NBC, que des professionnels du renseignement lui ont confié les difficultés d’avoir une vie amoureuse stable, lorsque l’on est une ou un menteur professionnel. «The Insider» est bizarrement le titre français du long métrage qui, en version originale, s’appelle «Black bag», littéralement «sac noir». Selon le Musée international de l’espionnage à Washington, une opération «Black Bag» désigne «l’entrée secrète dans une maison ou un bureau pour voler ou copier des documents».

Dans le film de Soderbergh, l’expression sert à avertir son conjoint qu’un déplacement de quelques jours est couvert par le secret défense. Ce qui entre dans un «Black bag» génère donc une zone grise, où beaucoup de choses sont cachées.

Thriller cérébral
Le film s’ouvre par un long traveling dans une boîte de nuit, où l’on suit le dos d’un Michael Fassbender,
tiré à quatre épingles, à la démarche de grand fauve. Son contact le charge de trouver une taupe dans son équipe, lui confiant une liste de cinq suspects — dont l’épouse du personnage de Fassbender, jouée par Cate Blanchett. L’action se situe à Londres, et au plan suivant, dans la cuisine puis dans l’intimité d’une chambre très bourgeoise, l’espion annonce à sa conjointe qu’il organise un dîner avec leurs collègues, pour commencer la traque. Il la prévient qu’un des plats contiendra un sérum de vérité.

Devant sa coiffeuse, très femme fatale, Blanchett répond d’un ton égal : «Chéri, tu ne devrais pas droguer nos invités». Le personnage joué par Fassbender s’appelle George Woodhouse, ce qui n’est pas sans rappeler le célèbre écrivain comique anglo-américain de l’entre-deux-guerres, P. G. Wodehouse.

L’humour, très britannique, est omniprésent, mais jamais souligné. «The Insider» ne comporte pas de gags explosifs ou cabotins, comme on en trouvait dans le «Ocean 11» (et ses suites) du même Soderbergh. Même s’il a rappelé son compère David Holmes pour la musique, évidemment excellente.

Le réalisateur a préféré recréer un milieu de fonctionnaires à la John Le Carré, où se lient dossiers secrets, avancements et drames intimes. Cérébral et psychologique, le thriller comporte peu de scènes d’action, mais les rares présences d’une arme à l’écran sont à chaque fois très menaçantes. Les changements de tapis aussi.

Personnages de la maturité
Fassbender et Blanchett, magnifiquement filmés, montrent leur âge sans fard. Ils sont les séniors, matures, d’une équipe plus jeune, de trentenaires hyper professionnels. Toutefois, sous la surface policée et froidement efficace de chacun d’eux, perce le désarroi de relations amoureuses très compliquées, dans une vie de mensonges et de manipulations écœurantes. Les plus anciens auront-ils un avantage pour déjouer les pièges tendus ? Quels couples résisteront-ils ? Et surtout, sur quelles bases ? «J’aime la loyauté», dit Fassbender. «À qui ?», répond Blanchett, dans un échange qui donne le ton du film. Enfin, Pierce Brosnan campe un remarquable chef de service aux cheveux blancs et en costume de Savile Row. L’acteur qui peut prétendre au titre de meilleur James Bond après Sean Connery (mais c’est un vaste débat) a enfin pris la place de M. Il y est beaucoup plus redoutable.

Murtada Calamy / Les Inspirations ÉCO



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