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Taux directeur : BAM privilégie la croissance à l’inflation

Bank Al-Maghrib opte pour le statu quo concernant le taux directeur. Il s’agit là d’un signal fort puisqu’en privilégiant la croissance au détriment de la baisse de l’inflation, la Banque centrale maintient sa politique monétaire accommodante pour continuer à soutenir l’activité économique. 

Comme attendu, BAM n’a finalement pas été tentée de contenir l’inflation au détriment de la croissance. La Banque centrale qui a tenu, mardi 21 juin, sa seconde réunion trimestrielle de l’année, a opté pour la stabilité en maintenant le taux directeur inchangé à 1,50%, au moins pour les trois prochains mois. Elle pourra, à l’issue de cette période, ajuster son action, puisqu’elle continue de «suivre de près l’évolution de la conjoncture nationale et internationale».

Justement, l’économie marocaine fait face à un environnement et des conditions climatiques défavorables qui vont impacter une croissance déjà en forte décélération cette année. Le tout exacerbé par des pressions inflationnistes de toutes parts. Il n’empêche, le régulateur bancaire, qui a déjà intégré dans ses prévisions l’impact de la hausse du smig – décidée dans le cadre de l’accord social du 30 avril 2022 –  et tenu compte de la nature des pressions inflationnistes, essentiellement d’origine externe, ainsi que du retour prévu de l’inflation à des niveaux modérés en 2023, maintient l’orientation accommodante de sa politique monétaire.

L’objectif est évidemment louable. Il faut coûte que coûte continuer à «soutenir l’activité économique». Une activité particulièrement chahutée par la flambée des prix des produits énergétiques et alimentaires induite par l’accélération de l’inflation chez les principaux partenaires commerciaux du Maroc.

Cela s’est donc traduit par la forte augmentation (+4,5% en glissement annuel) des prix à la consommation à fin avril. La situation ne devrait pas s’améliorer de sitôt. BAM table sur la poursuite de la poussée de l’inflation à court terme.

«L’inflation devant atteindre 5,3% pour l’ensemble de cette année avant de décélérer à 2% en 2023», projette BAM à l’issue du Conseil qui détaille que «la composante sous-jacente de l’inflation atteindrait 5,2% en 2022 puis reviendrait à 2,5% l’année prochaine».

Sur le volet agricole, la Banque centrale prévoit, en raison des conditions climatiques défavorables, un recul de 69% de la production céréalière en 2022 à 32 millions de quintaux (MQX). De quoi, selon l’institut d’émission, faire chuter la valeur ajoutée agricole de 15% cette année. Dans l’hypothèse d’une récolte céréalière moyenne de 75 MQX en 2023, la VA agricole devrait s’améliorer de 12,9% en 2023.

Sur le non agricole, BAM estime que la croissance devrait se consolider à 3,8%. Profitant de l’assouplissement des restrictions sanitaires, elle pourrait retrouver ce rythme en 2023 avec une progression de 2,8%. Dans ces conditions, la Banque centrale prédit un ralentissement à 1% de la croissance du PIB en 2022 avant une éventuelle accélération à 4% en 2023.

Pour ce qui est des comptes extérieurs, la hausse de 24,2% prévue pour 2022 est étroitement liée à «l’alourdissement de la facture énergétique qui atteindrait 122,4 milliards de dirhams (MMDH) et l’augmentation prévue des acquisitions des produits bruts et des demi-produits». BAM estime que cette hausse va être ramenée à 0,3% en 2023 où une baisse importante de la facture énergétique est prévue.

L’amélioration des exportations est estimée à 22% en 2022 et à 0,8% en 2023, ces dernières étant portées en grande partie par les ventes des secteurs phosphate et dérivés et automobile (102,7 et 114,7 MMDH, respectivement).

Dans ce sillage, les recettes de voyage devraient reprendre graduellement, passant de 34,3 MMDH en 2021 à 54,3 MM en 2022 et à 70,9 MM en 2023. Suivant la même tendance, les transferts des MRE reviendraient progressivement, selon BAM, à leur niveau d’avant-crise, totalisant 87,3 MMDH en 2022 et 84 MMDH en 2023.

Par conséquent, le déficit du compte courant atteindrait 4,9% du PIB en 2022, après 2,3% en 2021, avant de revenir à 3,8% en 2023. Les IDE, eux, devraient voir leurs recettes avoisiner l’équivalent de 3% du PIB sur l’horizon de prévision.

Ainsi, le régulateur bancaire table sur des avoirs officiels de réserve à 342,5 MMDH pour 2022 et à 346,4 MMDH pour 2023 dans l’hypothèse de la concrétisation des financements extérieurs prévisionnels du Trésor, en particulier. De quoi permettre d’assurer une couverture autour de six mois d’importations de biens et services.

Déficit budgétaire : Creusement en 2022 avant un allégement en 2023

En matière de finances publiques, il ressort, selon l’exécution budgétaire au titre des cinq premiers mois de l’année, une amélioration de 25,5% des recettes ordinaires. L’augmentation du produit fiscal et des financements spécifiques y sont pour beaucoup.
À l’inverse, les dépenses globales se sont alourdies de 16,6% en raison de l’augmentation de la charge de compensation. Par conséquent, BAM prévoit un creusement du déficit budgétaire à 6,3% du PIB en 2022 avant de s’atténuer à 5,6% en 2023.
Ces prévisions tiennent compte, notamment, des réalisations et de la mobilisation exceptionnelle annoncée de ressources à travers les mécanismes de financement spécifiques et les recettes de monopoles.

 

Moulay Ahmed Belghiti / Les Inspirations ÉCO



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