Marché obligataire : stabilité et prudence en attendant septembre

Les conditions de liquidité se sont améliorées la semaine passée, et l’activité obligataire s’est concentrée sur les maturités courtes et intermédiaires. Selon BMCE Capital Global Research (BKGR), la courbe des taux demeure globalement stable, tandis que le Trésor a privilégié les émissions à deux ans dans un contexte d’attentisme des investisseurs et de faibles tensions sur le marché secondaire.
La semaine du 16 au 23 juillet 2025 s’est distinguée par un léger rééquilibrage des liquidités sur le marché monétaire et une activité primaire concentrée sur les maturités courtes et intermédiaires. Selon BMCE Capital Global Research (BKGR), le déficit moyen de liquidité bancaire s’est allégé de 3,86%, atteignant 130,5 milliards de dirhams (MMDH).
Ce recul s’est accompagné d’une hausse des avances à 7 jours de Bank Al-Maghrib (BAM), désormais établies à 49,49 *MMDH, soit un gain de 0,9 milliard par rapport à la semaine précédente. Les placements hebdomadaires du Trésor ont également reculé, avec un encours quotidien maximal de 21 milliards de dirhams, contre 24,4 milliards la semaine précédente.
Parallèlement, le taux moyen pondéré (TMP) est resté stable à 2,25%, tandis que le MONIA (Moroccan Overnight Index Average) a progressé à 2,242%, confirmant une tendance globalement accommodante des taux courts. BKGR observe que BAM devrait continuer d’injecter davantage de liquidités, en portant ses avances à 7 jours à 51,4 milliards de dirhams au cours de la période à venir.
Une préférence pour le 2 ans
Sur le marché primaire, l’adjudication du Trésor de la semaine a permis de lever 2,8 MMDH, soit 44% du montant initialement proposé (6,3 milliards). Cette collecte s’est concentrée sur les maturités à 52 semaines et 2 ans, avec des taux limites de 2,0648% et 2,2485% respectivement.
BKGR signale une hausse de 4 points de base (pbs) sur la ligne à 52 semaines et de 1 pb sur la ligne à 2 ans, témoignant de légères tensions sur la courbe à court terme. Le Trésor semble continuer de privilégier des maturités courtes à moyennes, dans un contexte où la visibilité sur la politique monétaire demeure limitée.
Des mouvements contrastés sur le secondaire
Le marché secondaire a enregistré des mouvements divergents. Si les taux des maturités 13 et 26 semaines ont légèrement progressé de 0,76 et 1,61 pbs respectivement, la ligne à 52 semaines s’est contractée de 11,27 pbs. Les maturités plus longues (10, 15 et 30 ans) sont restées quasiment stables, oscillant entre -1,6 et +0,06 pb. BKGR souligne que cette stabilité relative reflète un attentisme des investisseurs, renforcé par les perspectives d’un marché obligataire peu volatil durant l’été.
une activité modérée pour la dette privée
Côté dette privée, le marché a enregistré quelques émissions notables. Wafasalaf a placé une émission de bons de société de financement (BSF) à 5 ans, avec un taux facial de 2,90%. Du côté des certificats de dépôt, la BMCI et CFG Bank se distinguent avec des émissions à 6 mois et 1 an, affichant des taux faciaux allant de 2,35% à 3,20%. Ces niveaux traduisent, selon BKGR, une prime de risque encore contenue malgré la remontée progressive des taux de référence.
Un marché sous surveillance
Pour les prochaines semaines, BKGR anticipe une stabilité globale de la courbe des taux, portée par des pressions limitées sur la demande en financement de l’État. Le marché devrait conserver une orientation neutre, avec une préférence persistante du Trésor pour des émissions à 2 ans. L’évolution du marché monétaire dépendra en grande partie des interventions de BAM, qui ajuste ses injections pour maintenir un équilibre entre soutien à la liquidité et contrôle de l’inflation.
BKGR conclut que la période estivale devrait rester marquée par une volatilité réduite, à moins d’un choc externe ou d’un changement de ton de la politique monétaire. Les investisseurs, principalement institutionnels, semblent adopter une posture d’attente, en se positionnant sur des échéances courtes afin de conserver de la flexibilité en cas de modification des conditions de marché.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO