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Stratégie nationale de la numérisation : pas question d’exclure les petites villes !

Si le numérique a permis à de nombreux acteurs économiques marocains d’assurer la continuité de leurs activités aux heures chaudes de la Covid-19, et si la numérisation jouit d’un terreau fertile actuellement, notamment au sein de l’administration, il urge aujourd’hui de mettre l’ensemble des propositions pertinentes en musique. Comment le ministère délégué chargé de la Transition numérique s’y prend ?

Si l’intérêt que porte le Maroc pour la numérisation est grandissant, notamment grâce au Covid, qui a été un formidable accélérateur, il faut que la digitalisation ne soit pas qu’une affaire de citadins, ni de grandes villes. Alors, pour mettre l’ensemble des propositions pertinentes en musique, le département de Rita Mezzour travaille d’arrache-pied sur la rédaction de la stratégie nationale de la numérisation, élément-clé qui va renforcer le rôle du numérique au Maroc.

«Aujourd’hui, nous travaillons sur la stratégie nationale de la numérisation. Pour ce faire, nous tenons régulièrement des rencontres régionales pour recueillir les opinions. Nous aurons également une plateforme pour recueillir les avis», souligne Rita Mezzour, ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la réforme de l’administration, lors de la conférence inaugurale de la 6e édition des Assises de l’AUSIM (Association des utilisateurs des systèmes d’information au Maroc). Concrètement, le premier axe de cette stratégie est que le Maroc développe davantage de services publics numérisés et faciles à utiliser pour les citoyens.

Selon la ministre, l’engouement pour la numérisation jouit d’un terreau fertile actuellement au sein de l’administration. «Aujourd’hui, il y a une grande prise de conscience en faveur de la numérisation. Tout le monde veut s’inscrire dans cette transformation». Deuxième axe de cette stratégie: le Maroc est un pays producteur de technologies d’information pour ses besoins internes et l’export. «Ceci, à travers la promotion d’investissements internationaux et aussi à travers l’accompagnement d’un écosystème de startups marocaines», explique la ministre déléguée.

En effet, le Maroc a plusieurs atouts à exploiter, notamment les avantages comparatifs qu’il offre par rapport aux salaires. Mais là aussi, cela n’est pas suffisant. Comme l’affirme la ministre, «nous ne voulons pas que des avantages comparatifs par rapport aux prix, mais aussi des emplois à forte valeur ajoutée». À travers la promotion d’investissements internationaux, le Royaume entend attirer des géants technologiques de sorte à ce qu’ils jouent le rôle de locomotive. Une telle approche va permettre au Maroc de tirer de gros profits de l’économie numérique. Pour y arriver, il va falloir renforcer la formation de talents.

C’est d’ailleurs l’une des exigences des investisseurs qui frappent à la porte. «La disponibilité de talents !». Il faut aussi assurer un large déploiement d’infrastructures, notamment Internet et les télécoms, et mettre à contribution le levier législatif et réglementaire. Le troisième axe de la stratégie nationale de la numérisation, c’est que le numérique bénéficie à tous les Marocains, toutes tranches d’âge confondues et toutes régions confondues. «Pour que ceci soit possible, il est important que le Maroc ait davantage de talents digitaux, il est important de renforcer le cadre légal, comme il est important de renforcer davantage l’infrastructure numérique nationale», explique Rita Mezzour.

Diagnostic : Où en est le Maroc en termes de digital
Dans un état des lieux très parlant, Ghita Lahlou, vice-présidente de la CGEM, présidente de la Commission capital humain, membre de la Commission spéciale sur le Nouveau modèle de développement et DG de l’école Centrale de Casablanca, dresse un tableau pas très reluisant du digital au Maroc, mais qui permet d’avoir une vision la plus factuelle possible, comme elle dit elle-même.

«En termes de contribution de PIB numérique, sans inclure les télécoms, le Maroc est encore très en retard. On n’arrive même pas à avoir la data pour nous dire quel est le chiffre exact. Néanmoins, les chiffres qui parlent sont les suivants. En Afrique, en termes de hub digital, nous sommes positionnés 12e. Dans le monde, on considère à peu près la contribution du PIB numérique aujourd’hui entre 6 et 7%. Le meilleur pays est Israël, qui est à 16%. Les États-Unis sont à 9%.

Sur le financement des startups, nous avons levé, en 2021, 33 millions de dollars, quand l’Afrique, qui a doublé sa levée par rapport aux années précédentes, est à 5 milliards de dollars. Un pays comme Israël est à 25 milliards de dollars. Sur ce volume, par exemple, nous représentons 0,6% du volume global, alors que notre part naturelle dans le PIB africain est de 4,4%. Donc, pour juste arriver à notre niveau dans la moyenne, on doit multiplier par 8 notre effort de levée de fonds pour nous permettre d’atteindre la cible du Nouveau modèle de développement».

Rita Mezzour
Ministre déléguée chargée de la Transition numérique et de la réforme de l’administration

 

«Ces assises sont sous le haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI. Ceci est un signe de l’importance que donne Sa Majesté à ce domaine. Ces assises sont l’occasion pour moi de partager avec les participants les grandes lignes  de la stratégie numérique nationale, que nous sommes en train d’élaborer de manière participative avec les différents représentants du secteur public et privé et les citoyens marocains des différentes régions».

Modeste Kouamé / Les Inspirations ÉCO



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