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Station de dessalement de Casablanca : financement bouclé, livraison fin 2026

Al Baidaa Desalination Company, l’entreprise qui pilote la construction de la future station de dessalement de l’eau de mer de Casablanca, vient de boucler le financement de ce mégaprojet budgétisé à 6,5 MMDH, grâce à l’obtention d’une enveloppe de 5,2 MMDH auprès de banques marocaines et d’institutions espagnoles. Détails de ce montage financier.

Le 10 juin 2024, dans la commune de Lamharza Essahel, à El Jadida, le Prince héritier Moulay El Hassan lançait les travaux de construction de la station de dessalement de l’eau de mer de Casablanca. Cette méga-infrastructure qui sera la plus grande usine du genre en Afrique, et parmi les grandes stations au monde, disposera d’une capacité de production de 300 millions de m³ par an, répartie en 250 millions de m³ par an destinés à l’eau potable et 50 millions de m³ par an pour l’irrigation.

La future station sera alimentée en énergie renouvelable via un parc éolien de 360 mégawatts (MW), dans la commune de Bir Anzarane située dans la région Dakhla-Oued Eddahab, développé par Green of Africa Dakhla. Elle permettra de renforcer et sécuriser l’alimentation en eau potable de 7,5 millions d’habitants établis dans les villes de Casablanca, Settat, Berrechid et des localités avoisinantes et d’irriguer un périmètre agricole dans la zone de Sidi Rahhal.

Près de 2 MMDH octroyés par trois banques marocaines
Bien évidemment, la réalisation de ce gigantesque projet nécessitera d’importants investissements. Aux grandes ambitions, les grands moyens. D’où un budget prévisionnel de 6,5 milliards de dirhams (MMDH) prévu, dans le cadre d’un partenariat public-privé, entre les exploitants et l’Office national de l’électricité et de l’eau potable. Jusque-là, peu d’informations avaient filtré sur les détails du financement de cette méga-station.

Désormais, on en connaît les détails, après l’annonce du closing financier par Al Baidaa Desalination Company (ADEC), l’entreprise qui pilote ce projet, à travers la mobilisation de 5,2 MMDH, dans le cadre d’un montage financier en mode «project finance».

En détail, cette enveloppe se répartit comme suit : 320 millions d’euros (plus de 3,2 MMDH) financés par le Fonds espagnol pour l’internationnalisation de l’entreprise (FIEM) et Société Générale France, dont la quote-part est garantie par l’Agence espagnole de crédit à l’exportation (CESCE), et 1,8 MMDH octroyés par Attijariwafa Bank, la Banque centrale populaire (BCP) et Bank of Africa.

«Cette structuration témoigne ainsi de la confiance des partenaires financiers nationaux et internationaux envers ce projet d’envergure et à impact stratégique», indique ADEC.

Mise en service pour fin 2026
Bâti sur une un terrain de 50 ha, la station de dessalement de Casablanca sera construite par le consortium formé par Acciona Agua, filiale du groupe espagnol Acciona, et Green of Africa, une joint-venture entre les groupes marocains Akwa Group et O Capital Group. Elle sera exploitée à travers une concession de 30 ans, dans le cadre d’un partenariat public-privé avec l’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE). L’usine sera développée en deux temps.

D’abord, une première phase dont la mise en service est prévue fin 2026, avec une capacité de production annuelle de 200 millions de m³. Ensuite, une deuxième, opérationnelle mi-2028, qui permettra d’injecter une capacité additionnelle annuelle de 100 millions de m³. D’après Al Baidaa Desalination Company, le chantier avance à un bon rythme.

«Les travaux de construction de la station, financés initialement par les fonds propres des actionnaires d’ADEC, ont débuté le 1er avril 2024. A date, l’avancement est conforme au planning contractuel», souligne-t-il, précisant que sa mise en service est prévue pour fin 2026.

Osmose inverse : la technologie de la future station de dessalement

La construction de l’usine de dessalement entre dans le cadre de l’axe «Amélioration de l’offre hydrique» du Programme national d’approvisionnement en eau potable et d’irrigation 2020-2027, d’un coût global de 143 MMDH, lancé en 2020 par le Roi Mohammed VI.

La future station utilisera la technologie de l’osmose inverse. Celle-ci consiste à filtrer l’eau de mer à l’aide d’une membrane semi-perméable percée de trous de quelques nanomètres de diamètre, pour retenir le sel et les autres impuretés, avant de reminéraliser l’eau à la fin du processus. Un procédé nécessitant entre 2,5 et 3 kilowattheures (kWh) par m³.

D’après l’ONEE, le coût pondéré du mètre cube d’eau dessalée qui y sera produite est de 4,48 dirhams. Jugée très performante, sûre et très compétitive en termes de coûts par des spécialistes, l’osmose inverse est actuellement utilisée dans plus de 70% des quelque 22.000 usines de dessalement dans le monde.

Elimane Sembène / Les Inspirations ÉCO



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