Quantik Maroc affûte ses armes
Il y a eu les statistiques, puis la business intelligence… nous voilà à présent à l’époque du big data. Une opportunité à saisir pour les banques les plus audacieuses, qui voient dans ces données un gisement potentiel plus que des risques additionnels. C’est ainsi que le credit bureau Quantik Maroc démarre ses activités et inaugure une nouvelle phase dans la gestion des risques au Maroc.
Déterminer la capacité d’une personne à rembourser un crédit constitue la première préoccupation des banques dans le monde entier. Celles marocaines se sont pas en reste. En 2008, Bank Al-Maghrib (BAM) a décidé de déléguer la gestion de sa centrale des risques pour minimiser les risques liés à l’endettement et au surendettement pressentis dans le pays. L’efficacité de l’opération est telle que la consultation du credit bureau, avant tout octroi de crédit, devient obligatoire. BAM a bien compris que, s’il y a bien un secteur qui a l’opportunité d’interagir très régulièrement avec ses clients et de produire des données, c’est bien le secteur bancaire. C’est à partir de 2016 que les choses s’accélèrent pour le data au Maroc, après que BAM ait confié la gestion du risque crédit à deux entités. D’ailleurs, l’ouverture de l’écosystème financier à de nouveaux opérateurs a considérablement contribué au fait que le Maroc ait gagné 7 places au classement Doing Business 2017, devançant ainsi l’Afrique du Sud.
Aujourd’hui, face aux changements rapides et profonds que connaît l’environnement économique, le big data marque une rupture dans l’évolution des systèmes d’information et répond à une triple exigence bien connue (gestion de grand volume de données, variété de ces mêmes données, et vitesse de traitement avoisinant le temps réel). C’est ce qu’a affirmé Miguel Llenas, CEO de Quantik Credit Bureau, lors de la cérémonie de lancement de leur antenne au Maroc. Le credit bureau Quantik Maroc, qui démarre enfin ses activités au Maroc (huit mois après avoir décroché l’autorisation de Bank Al-Maghrib pour la gestion de sa centrale de risques), arrive avec une offre évoluée. Second délégataire de Bank Al-Maghrib aux côtés de Creditinfo, l’entreprise capitalise sur ses 20 ans d’expérience en Afrique et sur une quinzaine de partenariats technologiques en Asie du Sud et au Moyen-Orient. Grâce à l’analyse et au croisement de la masse de données structurées et non structurées, Quantik permettra aux banques de disposer d’une connaissance beaucoup plus fine des clients et, partant, de leur proposer le bon produit au bon moment par le canal de distribution adéquat. Au Maroc, le potentiel est là, et les équipes de Quantik y croient. L’ex-Dun & Bradstreet Credit, qui revendique son côté fintech, rassemble aujourd’hui les informations de plus de 4 millions d’individus et d’entreprises, alimentées par le data de tous les acteurs du crédit de la place financière marocaine. La firme entend même bousculer les codes et dépasser tous les records. «Si nos concurrents peuvent traiter 1 million de dossiers en 8 heures, nous irons jusqu’à traiter le même nombre de données en 4 heures voire 2… En République dominicaine, nous traitons plus de 14 millions de données en une heure; nous devrions arriver à ce niveau de rapidité au Maroc», exprime Llenas. L’enjeu principal est de booster l’industrie du crédit en réduisant les risques et en accélérant les ventes. «Notre mission est d’équiper les banques avec des outils d’aide à la décision performants tels que le rapport de solvabilité, le portfolio monitoring, les solutions de gestion d’alertes ou encore le score», explique Yacine Faqir, DG de Quantik Maroc. Aujourd’hui, les établissements de bureaux de crédit font converger les informations du système bancaire. Demain, ils travailleront sur la collecte des informations à partir de sources dites «alternatives» (opérateurs téléphoniques, régies d’eau et d’électricité, etc.) pour produire un data granulaire, mis à jour en temps réel. Le projet de loi, insufflé par BAM pour réglementer le cadre de cet échange de données, devrait être signé par le gouvernement courant 2019. Dans ce nouvel écosystème informationnel, Quantik mise sur la profondeur de ses analyses au Maroc où les banques, les opérateurs alternatifs, les consommateurs, Bank Al-Maghrib et le CNDP feront tous partie de la même datasphère.
Les perspectives se concentrent aujourd’hui sur les aspects comportementaux des clients avec l’analyse des transactions et des données externes de géolocalisation de ceux-ci. Les banques sont amenées à déployer des services plus significatifs répondant mieux aux besoins des clients, tout en les aidant à économiser de l’argent et à générer des revenus supplémentaires pour la banque. En effet, le QuantikScore offrira une valeur ajoutée inédite aux banques et sociétés de financements, qui pourront redéfinir leur stratégie sur la base de ce nouveau produit. En d’autres termes, le calcul du score de comportement se basera sur la détermination de la solvabilité du client à l’instant T, mais aussi sur la probabilité de défaut de paiement sur une période donnée (à horizon de 12 mois). «Les algorithmes de score sont continuellement testés, ajustés et mis à jour pour garantir leur pouvoir de prédiction et proposer à nos partenaires une solution leur permettant de maximiser de façon concrète leurs gains», déclare Yacine Faqir.