Oncorad : le pari gagnant de la chirurgie robotique

Longtemps réservée aux grandes puissances technologiques, la chirurgie robotique s’est désormais implantée au Maroc, portée par le groupe Oncorad. En un an, près de 180 interventions et des exploits médicaux à l’échelle internationale témoignent d’une révolution discrète mais profonde dans le paysage médical national.
En l’espace d’un an, le groupe Oncorad a positionné la chirurgie robotique au cœur de la pratique médicale, faisant du Maroc un acteur majeur en Afrique dans ce domaine. Le bilan présenté lors d’une conférence à Casablanca, en présence du top management du groupe, révèle autant l’ambition de l’acteur privé que les prémices d’une transformation notable du système de soins. Le premier robot chirurgical d’Oncorad a effectué sa première opération le 27 mai 2024, marquant un tournant dans l’accès à une médecine de haute précision, jusque-là inaccessible localement.
«Cette technologie offre plusieurs avantages. Elle permet de toute évidence une meilleure précision et diminue significativement les complications, tout en réduisant les douleurs post-opératoires pour le patient», explique Dr Youness Ahallal, expert en chirurgie robotique.
Depuis cette première opération, 178 interventions ont été réalisées, couvrant des spécialités comme l’urologie, la chirurgie digestive, la gynécologie ou encore la chirurgie thoracique. L’urologie concentre l’essentiel de ces actes, avec 162 interventions dont 112 prostatectomies radicales.
Selon Dr Ahallal, la chirurgie robotique constitue désormais la méthode de référence pour traiter ces cancers tout en préservant au mieux la qualité de vie des patients, notamment en matière de fonctions urinaires et sexuelles. «En l’espace d’un an, nous avons opéré près de 180 patients sans incident majeur. Notre clinique serait aujourd’hui classée comme le sixième centre français pour ce type de chirurgie, preuve du niveau atteint par nos équipes», précise Redouane Samlali, président du groupe Oncorad.
Cette performance est également soutenue par une politique tarifaire avantageuse, permettant aux patients de bénéficier de soins de pointe pour environ 70.000 dirhams par opération, quatre fois moins cher qu’en Europe. L’année écoulée a été également marquée par deux interventions majeures de téléchirurgie.
Courant novembre 2024, une première mondiale a relié Casablanca à Shanghai sur 12.000 kilomètres, suivie récemment d’une autre opération entre Casablanca et Tanger. Ces actes témoignent d’une volonté affichée par Oncorad de faciliter l’accès aux soins sur tout le territoire national. Le groupe doit sa réussite à une équipe médicale et technique qui a dû se former rapidement sur le tas.
«Nos infirmières ne connaissaient rien à la chirurgie robotique il y a un an ; aujourd’hui, elles impressionnent nos collaborateurs étrangers par leur niveau de maîtrise», relève Dr Ahallal.
Académie robotique
La stratégie du groupe ne s’arrête cependant pas aux actes chirurgicaux. La formation et le transfert de compétences constituent également une priorité. Plusieurs ateliers spécialisés ont déjà été organisés, réunissant plus d’une centaine de chirurgiens autour de simulations et d’interventions en direct. Un projet d’académie robotique serait en préparation afin de former une nouvelle génération de chirurgiens aptes à maîtriser ces nouvelles technologies.
Retour sur investissement
Sur le volet économique, le groupe assume un investissement significatif. «J’ai été clair avec la direction, les trois premières années seraient déficitaires. Malgré cela, la décision d’investir dans cette technologie a été prise sans hésitation», confie Dr Ahallal.
Le coût d’acquisition du robot avoisine les 30 millions de dirhams, avec une maintenance annuelle d’environ un million de dirhams, ce qui traduit l’ampleur de l’effort financier consenti.
«L’époque où les Marocains étaient spectateurs passifs dans les congrès internationaux est révolue. Nous sommes fiers aujourd’hui d’être des acteurs à part entière des avancées médicales mondiales», lance Samlali.
Les bénéfices directs pour les patients sont multiples. Les opérations complexes, comme l’ablation de la vessie avec reconstruction intestinale, auparavant lourdes et invasives, sont désormais menées avec une précision et une sécurité accrues.
De même, les récidives de cancers testiculaires sont prises en charge avec le minimum de gestes chirurgicaux, réduisant considérablement la durée des hospitalisations. Au-delà des frontières nationales, l’ambition d’Oncorad est claire. Le groupe souhaite continuer à inspirer d’autres acteurs de santé en Afrique et maintenir le Maroc à la pointe dans un domaine aussi exigeant que la chirurgie robotique.
Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO