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Modèle économique marocain : Le débat refait surface à l’occasion d’un rapport de l’OCDE

Il s’agit du premier examen multidimensionnel du Maroc et le troisième en Afrique après la Côte d’Ivoire et le Sénégal. Boussaïd et Elalamy apportent des éléments d’éclairage sur certains aspects du rapport qu’ils considèrent un peu injuste.

Le modèle économique marocain a besoin d’être retouché et non revu de fond en comble. C’est sur un ton incisif, manquant bien ses mots que Mohamed Boussaïd (photo) a réagi au premier livrable du Centre de développement de l’OCDE, portant sur l’Examen multidimensionnel du Maroc, présenté hier à Rabat en présence du chef de gouvernement. Le Maroc est le troisième pays africain après la Côte d’Ivoire et le Sénégal à en bénéficier. Mais le rapport n’a pas été tendre envers le royaume qui tout en étant très actif au sein du centre de l’OCDE, prétend à faire partie de celle-ci pour rejoindre le dernier bouquet de pays qui ont rejoint l’organisation comme la Slovénie, l’Estonie ou le Chili. Le ministre des Finances, tout en partageant le diagnostic des experts de l’OCDE, n’en corrobore pas pour autant toutes les conclusions. Cet examen qui s’appuie sur des indicateurs de bien-être qui renvoient sur leurs pendants en indicateurs économiques, en vient à la conclusion que, pénalisé par le déficit en emploi, le niveau de vie au Maroc reste modeste comparé à d’autres pays de même niveau. Quant à la politique sociale du pays, le rapport n’y est pas allé par le dos de la cuillère, affirmant avoir du mal à identifier cette politique; et que malgré des initiatives importantes de ciblage comme l’INDH, Tayssir, etc, l’on reste loin de la masse critique pour avoir un effet notoire.

Dynamisme de développement insuffisant
L’autre reproche à relever de cet examen porte sur la croissance qui, selon les experts OCDE, n’est pas tirée par la productivité, mais plutôt par l’accumulation du capital. Et malgré le fort niveau de l’investissement dont 30% est public (taux des plus élevés au monde), il n’y a pas eu d’augmentation significative de la croissance. Car, explique-t-on, le niveau de productivité du facteur travail progresse lentement au même titre que la structure de l’économie dans son ensemble. On en déduit que le dynamisme du développement marocain est insuffisant pour atteindre l’ambition affichée de rejoindre les pays émergents. Sur les aspects positifs de l’économie marocaine, l’Examen a mis en exergue la productivité agricole qui s’accroît, portée par le Plan Maroc Vert et les métiers mondiaux du Maroc comme l’automobile. Or, si l’économie marocaine est diversifiée, tous les secteurs ne sont pas compétitifs. La création d’emplois dans le secteur manufacturier reste une problématique centrale. Et pour ne pas faciliter les choses, le niveau des salaires n’est plus un facteur de compétitivité comme c’est le cas dans un pays comme le Viêtnam par exemple. Et le rapport d’ajouter que certes la croissance a réduit la pauvreté au Maroc, mais la réduction des inégalités reste lente. Une mauvaise note a été aussi donnée au système éducatif qualifié de peu efficace et reproduisant des inégalités.

L’investissement public, toujours aussi important
Mais Boussaïd a voulu remettre les choses dans leur contexte évolutif. Car, a-t-il souligné, il faut prendre en considération le fait que le Maroc a réalisé un saut impressionnant entre 2000 et 2016 qui a consisté à doubler son PIB. Il en déduit que le modèle économique du pays a bien marché jusqu’ici, mais qu’il a besoin d’être adapté aux nouveaux défis nationaux et régionaux. Pour le ministre, l’endettement public a effectivement augmenté, mais c’est sous la pression vertueuse de l’investissement public qui a presque doublé passant de 465 MMDH en 2010 à 884 MMDH en 2015. Dans ce contexte et depuis 2008, début de la crise mondiale, le Maroc a malgré tout su maintenir un taux de croissance moyen de 4% avec un potentiel de croissance à l’avenir de 5%.

Le défi, selon Boussaid, est de pérenniser ce taux et le préserver des effets de la volatilité. Quant aux pistes d’amélioration, le ministre table sur l’éducation pour améliorer l’employabilité, la lutte contre la corruption et l’investissement dans l’économie verte. Moins frontal dans son appréciation du rapport de l’OCDE, Moulay Hafid Elalamy, ministre de l’Industrie, de l’investissement, du commerce et de l’économie numérique, a mis en valeur la capacité du Maroc à profiter des changements mondiaux, notamment celui de la Chine. Il a vigoureusement défendu les IDE qui pour lui sont les bienvenus puisqu’ils permettent de créer de l’emploi. Il a aussi insisté sur l’importance du taux d’intégration dans tout partenariat ou investissement étranger. Il a donné, dans ce sens, l’exemple du secteur de l’automobile où ce taux a atteint 45% en 2016 avec des perspectives réelles de le porter à 65% en 2020 où les 100 MMDH d’exportation dans ce secteur sont déjà actés. Comme son collègue aux finances, Elalamy table sur la formation pour augmenter le taux d’intégration et partant la capacité du Maroc à avoir un socle industriel solide.



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