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Millenium Challenge Corporation : Le point sur l’état d’avancement du Compact II

L’entrée en vigueur effective du Compact II entre le Maroc et le MCC est prévue durant les prochaines semaines. L’équipe supervisant le programme a tiré les enseignements de la première expérience en décidant d’optimiser le facteur temps. Les cinq années de ce programme de coopération seront consacrées à la mise en œuvre de ses activités. Les détails de la phase préparatoire.

Dernière ligne droite avant l’entrée en vigueur du deuxième programme de coopération conclu entre le gouvernement marocain et la Millenium Challenge Corporation (MCC). Depuis son lancement officiel en avril 2016, après un processus de préparation ayant duré plus de deux années, les efforts se sont poursuivis durant les derniers mois pour préparer les projets identifiés. Le compte à rebours pour les cinq ans fixés pour la mise en œuvre du programme ne sera enclenché que dans quelques semaines, soit plus d’un an après la ratification du Compact. Ce choix n’est pas fortuit.

En effet, la partie marocaine a tiré les enseignements de la première expérience: le temps est un élément déterminant dans la réussite de la mise en œuvre du programme. C’est pour cette raison qu’une phase préparatoire a été dédiée à ce second compact.

L’objectif, explique aux Inspirations ÉCO le coordinateur du programme, Abdelghni Lakhdar, est à la fois de continuer à observer annuellement les critères d’éligibilité se rapportant à la bonne gouvernance, aux libertés économiques et à l’investissement dans le capital humain, mais aussi et surtout de définir le contenu de ce programme et de réunir les conditions optimales de sa mise en œuvre. Plusieurs actions ont été entreprises. Il s’agit notamment de la mise en place de l’agence MCA-Morocco qui est déjà opérationnelle, bien qu’elle n’ait pas encore finalisé l’ensemble de ses recrutements. Elle devra tenir son deuxième Conseil d’administration (CA) en mai. Compte tenu de l’importance de l’assistance technique dans la mise en œuvre du Compact II, une société internationale a décroché deux contrats pour agir en tant qu’agent financier (fiscal agent) et agent d’achat (procurement agent) pour le compte de l’agence MCA-Morocco.

Accords conclus
La phase préparatoire est dédiée à la conclusion des accords relatifs aux entités d’exécution des différentes activités programmées et au lancement des études préalables nécessaires au déploiement de ces activités. À ce titre, l’Agence MCA-Morocco a conclu avec le ministère de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle, en décembre dernier, l’accord relatif à l’entité d’exécution des activités «Éducation secondaire» et «Formation professionnelle». Les accords afférents aux entités d’exécution des autres activités programmées dans le cadre du Compact II sont en cours d’élaboration, et certains en sont au stade de finalisation. Par ailleurs, au titre des études préalables, des appels d’offres internationaux ont été lancés. Un contrat a été conclu avec un cabinet international pour assurer le soutien technique à la conception d’un «modèle intégré d’amélioration des établissements de l’enseignement secondaire» (MIAES) et accompagner sa mise en œuvre.

Parallèlement, il a été procédé à la sélection, au niveau de la région Tanger-Tétouan-Al Hoceima, de 28 établissements d’enseignement secondaire, qui viennent s’ajouter aux 6 établissements pilotes choisis auparavant, devant bénéficier de la mise en œuvre du modèle. La visite des lieux et le diagnostic des sites pour arrêter la liste des établissements éligibles au niveau de la région Marrakech-Safi ont été achevés, et ceux au niveau de la région Fès- Meknès seront initiés fin mai. Par ailleurs, les appels d’offres ayant trait à la conception d’une nouvelle approche d’entretien et de maintenance des infrastructures et des équipements scolaires d’une part, et la maîtrise d’œuvre pour le développement de la sous-composante Infrastructure de la composante MIAES (au niveau des 34 établissements de Tanger-Tétouan-Al Hoceima) de l’autre ont déjà été lancés.

En ce qui concerne le volet du foncier, un groupement formé de trois bureaux conseil nationaux et internationaux a été contacté pour la préparation de l’opération de transfert de la propriété des terrains collectifs, dite «melkisation», et surtout l’établissement de l’état des lieux foncier et socio-économique, au niveau des collectifs pilotes situés dans le périmètre d’irrigation du Gharb, en étroite collaboration avec les parties prenantes concernées. À partir de mai, un cabinet international accompagnera MCA-Morocco et le ministère chargé de l’Industrie dans le placement des sites industriels pilotes dans le cadre d’un modèle de partenariat public-privé avec des développeurs aménageurs privés internationaux. Les premiers livrables des diverses études réalisées par les cabinets conseil et les consultants individuels consistent notamment en des notes méthodologiques, des états des lieux, des manuels de procédures, des plans d’engagement des parties prenantes ou encore des rapports d’évaluation de leurs capacités. Certains de ces documents ont déjà été validés par les comités de pilotage des études concernées. S’agissant de la composante «Appui à l’amélioration de l’observation du marché du travail» relevant de l’activité «Emploi», l’assistance technique devrait intervenir au courant du trimestre actuel après l’examen des offres soumises par des groupements de cabinets nationaux et internationaux.

Les leviers de financement
Le partenariat avec le secteur privé et la société civile occupe une place de choix dans le Compact II. Ainsi, la mise en place de fonds dédiés à la plupart des activités du Compact II est prévue pour les divers domaines ciblés: l’éducation secondaire, la formation professionnelle, l’emploi et le foncier industriel. Ainsi, les meilleures initiatives seront sélectionnées sur la base d’un appel à projets conformément à des cahiers des charges bien définis. «Ces fonds, se trouvant actuellement à différents stades de conception et d’activation, devraient faire office de leviers pour mobiliser et créer des synergies entre de potentiels partenaires financiers ou techniques», précise Lakhdar. Le Fonds de partenariat de l’éducation pour l’employabilité, relatif à l’activité «Éducation secondaire», visant à renforcer et à compléter les interventions prévues dans le cadre de la sous-activité «modèle intégré d’amélioration des établissements de l’enseignement secondaire» (MIAES) et doté d’un budget de 4,6 millions de dollars, est à un stade de déploiement avancé avancé. L’appel à partenariats y afférent a été lancé en novembre, et la sélection du premier lot de partenaires est en cours de finalisation. Concernant le fonds dédié à l’activité «Formation professionnelle», dénommé «Charaka», le lancement de l’appel à projets devrait intervenir au courant du second trimestre de cette année.

Ce fonds appuiera financièrement des initiatives de création ou d’extension de centres de formation professionnelle gérés dans le cadre d’un PPP, ainsi que des initiatives de réhabilitation de centres publics de formation professionnelle et leur reconversion d’un modèle de gestion traditionnel à un modèle tiré par la demande du secteur privé et géré en PPP. Quant au Fonds des zones industrielles durables (FONZID), il est destiné à financer les initiatives innovantes émanant des secteurs public et privé, ayant pour objectifs l’amélioration de la gouvernance des zones industrielles et l’amélioration de leur performance. Ce fonds est en phase finale de conception et de paramétrage à la lumière des conclusions d’un appel à idées et des rencontres d’information organisées en mai dernier au niveau des régions Casablanca-Settat, Tanger-Tétouan-Al Hoceima et Rabat-Salé-Kénitra. Par ailleurs, des mécanismes innovants de financement basés sur les résultats visant l’accompagnement à l’insertion des femmes et des jeunes en difficultés d’insertion sont en cours de développement. Le lancement de l’appel d’offres portant sur l’assistance technique y afférente est prévu en septembre prochain. Les mêmes efforts sont également requis pour la conception et la mise en place d’un trophée devant récompenser les meilleures pratiques en matière de respect du genre et de l’équité en milieu professionnel.  


Focus sur le Compact II

Dans le cadre du Compact II, les États-Unis accordent au Maroc un don de 450 millions de dollars, auquel s’ajoute une contribution du gouvernement marocain de l’ordre de 67,5 millions de dollars au minimum. Sur une période de cinq ans, l’enveloppe globale sera consacrée au financement de deux projets, à savoir «Éducation et formation pour l’employabilité» et «Productivité du foncier». Le premier projet «Éducation et formation pour l’employabilité», dont le budget est de l’ordre de 220 millions de dollars, vise l’amélioration de l’employabilité des jeunes à travers l’amélioration de la qualité, de la pertinence et de l’égalité d’accès à l’enseignement secondaire et à la formation professionnelle afin de répondre aux besoins du secteur privé. Ce projet s’articule autour de trois activités: «Éducation secondaire» (112,6 millions de dollars), «Formation professionnelle» (80,42 millions de dollars) et «Emploi» (27 millions de dollars). Doté d’un budget de 170,5 millions de dollars, le deuxième projet «Productivité du foncier» vise l’amélioration de la gouvernance et de la productivité du foncier, aussi bien rural qu’industriel, en vue de mieux répondre aux besoins des entrepreneurs et de renforcer l’attractivité de l’investissement. Ce projet couvre trois activités: «Foncier industriel» (127 millions de dollars), «Foncier rural» (33 millions de dollars) et «Gouvernance» (10,5 millions de dollars). L’adoption du Compact II, rappelons-le, fait suite à la mise en œuvre, entre 2008 et 2013, du premier Compact, doté d’un montant avoisinant les 700 millions de dollars.


Abdelghni Lakhdar
Coordinateur du 2e programme  de coopération «Compact II»  entre le Maroc et la Millenium  Challenge Corporation (MCC)

Quelle est la différence, en termes de gestion, entre le premier et le second Compact ?
La principale différence entre les deux programmes a trait à la mise en place d’une équipe chargée de la préparation du Compact II auprès du chef de gouvernement pendant trois ans (préparation des études, des analyses…). L’étude sur les contraintes majeures à la croissance était un préalable pour identifier les secteurs ciblés. Pour ce deuxième Compact, les projets qui vont être réalisés doivent permettre de débloquer certaines contraintes majeures à la croissance et à l’investissement.  

Comment ont été sélectionnées les écoles bénéficiaires ?
Le choix des écoles est passé par plusieurs phases. Il s’agit, en premier lieu, de la sélection des régions sur la base de critères socio-économiques et de performances éducatives. Par la suite, une autre sélection s’est faite à l’intérieur des régions après avoir établi un diagnostic des écoles. Par exemple, une école dont la revitalisation nécessite un budget énorme n’est pas retenue car le budget est limité. Après la définition des écoles éligibles, une loterie a été organisée à Tétouan en présence de l’ensemble des parties prenantes.

Quelles seront vos priorités, une fois le Compact II entré en vigueur ?
La priorité est de mettre en œuvre les projets avec la qualité requise et dans les délais fixés. La principale contrainte demeure le temps. L’agence supervise et encadre. Cependant, ce sont les départements concernés qui travaillent sur le terrain. L’une des tâches urgentes sera la mise en place des unités de gestion des projets. Par exemple, dans chaque académie, une unité de gestion sera dédiée au projet. A priori, toutes les conditions sont réunies, tant au niveau de la volonté politique que de la mobilisation nécessaire des parties prenantes, ainsi que des ressources recrutées par l’agence pour une meilleure mise en œuvre du projet.


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