Masse bénéficiaire : une évolution timide prévue en 2022
La masse bénéficiaire des sociétés cotées à la Bourse de Casablanca devrait enregistrer une progression annuelle de seulement 3,5% en 2022, ce qui correspond quasiment aux réalisations enregistrées en 2019.
30,49 milliards de DH, voilà le niveau de la masse bénéficiaire des sociétés cotées à la Bourse de Casablanca, prévu au titre de l’année 2022. Selon les pronostics des acteurs du marché(1), elle devrait assurer une hausse annuelle de seulement 3,5%, affichant ainsi le même niveau qu’en 2019.
Les secteurs porteurs
En tout cas, plusieurs secteurs vont porter la croissance en 2022, notamment le secteur minier qui bénéficiera d’un effet prix positif. Ainsi, l’augmentation des bénéfices de ce secteur est due principalement à l’envolée des cours de la quasi-totalité des métaux produits par les trois sociétés minières cotées à la Bourse de Casablanca et, dans une moindre mesure, à la montée en puissance des mines acquises par Managem et nouvellement entrées en exploitation, telle que celle de TRI-K en Guinée.
Le secteur bancaire aura aussi un effet positif sur la masse bénéficiaire. Le redressement du niveau de rentabilité du secteur se confirme, en lien avec la poursuite de la normalisation progressive du coût du risque, favorisée par le rebond économique observé à partir de 2021 et la poursuite des efforts d’assouplissement des restrictions sanitaires en 2022.
L’amélioration des niveaux de marges dans les filiales africaines de Maroc Telecom aura également un effet positif sur la masse bénéficiaire, lequel devrait plus que compenser la légère détérioration des marges du groupe au Maroc.
À noter aussi la montée en puissance de la nouvelle activité de transbordement de Marsa Maroc, lancée en 2021 dans le terminal TC3 du port Tanger Med II. L’opérateur devrait profiter de la hausse des importations de céréales (suite à la mauvaise campagne agricole domestique) et d’une croissance des importations d’hydrocarbures. Pour le secteur touristique, Risma devrait profiter en 2022 de la réouverture des frontières à compter du mois de février et de l’assouplissement des restrictions sanitaires pour améliorer son taux d’occupation et, de facto, ses niveaux de marge ainsi que sa rentabilité.
Les secteurs impactés
D’autres secteurs devraient afficher une masse bénéficiaire en recul en 2022, et en premier lieu, celui de l’agroalimentaire. La rentabilité des sociétés de biens de consommation de base devrait aussi pâtir du renchérissement des cours des intrants.
De ce fait, les taux de marges devraient se contracter, en lien avec l’incapacité des sociétés à répercuter instantanément et pleinement la hausse des cours des intrants sur les consommateurs par crainte de perdre des parts de marché dans un contexte de compétition exacerbée, avec des produits facilement substituables.
Par ailleurs, le secteur de la distribution automobile devrait continuer à subir les effets de la poursuite de la crise des semi-conducteurs, ce qui aura un effet négatif sur l’offre. Pour sa part, l’augmentation du prix des hydrocarbures devrait resserrer les marges du secteur de l’énergie. En effet, la rentabilité de ce secteur devrait baisser du fait d’une dégradation des marges des distributeurs d’hydrocarbures, à l’image de TotalEnergies Maroc. En cause, le renchérissement des cours des hydrocarbures à l’international et la décision des distributeurs de ne pas répercuter intégralement cette hausse afin de préserver leurs volumes de ventes.
Pourquoi ce ralentissement ?
Le ralentissement notable constaté est dû à plusieurs facteurs liés à l’environnement économique national, le Royaume important la quasi-totalité des produits couvrant ses besoins énergétiques. Ainsi, la flambée des prix des hydrocarbures (combinée aux pressions inflationnistes sur l’ensemble des intrants et des biens d’équipement importés par le Maroc), devrait impacter négativement le pouvoir d’achat des ménages, la consommation interne et la rentabilité des entreprises en 2022.
Au-delà des méfaits de l’inflation importée, le Maroc a souffert, cette saison, d’une très mauvaise campagne agricole en raison de la sécheresse. Ainsi, selon les dernières prévisions de Bank-Al Maghrib, la croissance économique devrait ralentir et se situer autour de 1% en 2022, un niveau largement inférieur à son rythme tendanciel de 3,5%.
L’inflation devrait, pour sa part, se hisser à 5,3%, contre une moyenne de 1,1% observée sur les 10 dernières années.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO