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Maroc-Arabie saoudite : Cap sur la relance

La coopération entre le Maroc et l’Arabie saoudite peine à décoller depuis la tenue du 1er Forum d’investissement Maroc-Arabie saoudite en 2014. En cause, des obstacles institutionnels et des difficultés techniques et administratives. L’année 2017 devrait permettre de relancer la machine et de concrétiser les grands chantiers.

L’année  2017 promet le renouveau de la coopération maroco-saoudienne. Le Conseil d’affaires Maroc-Arabie saoudite s’est réuni, lundi dernier à Casablanca, afin de préparer le terrain pour les grands projets qui attendent les opérateurs des deux parties durant les prochains mois. Au programme, la tenue de la haute commission mixte prévue au mois de mai prochain, ainsi qu’une visite d’hommes d’affaires saoudiens au Maroc en février 2017. À ce titre, plusieurs grands chantiers attendus depuis la dernière haute commission tenue en 2013 devraient voir le jour.

C’est le cas notamment de la mise en place d’un fonds d’investissement dont les mécanismes ont été étudiés et élaborés, mais dont l’exécution demeure en attente d’une décision politique. L’objectif étant de créer un fonds maroco-saoudien, public-privé, avec un budget tournant autour des 500 millions de dollars visant principalement à soutenir les PME saoudiennes et marocaines dans leurs démarches d’investissements dans le pays d’accueil.

À en croire les membres du conseil d’affaires, une réponse définitive concernant cette question devrait être donnée durant les mois qui suivent. Autre grandes résolution du Sommet de Jeddah, l’ouverture d’une nouvelle ligne maritime directe entre les deux pays. Cette nouvelle liaison permettra de rehausser la compétitivité des exportations marocaines à destination de l’Arabie saoudite. Une société privée devait pour ce faire voir le jour au cours de l’année 2014, mais le projet a buté sur la question de la rentabilité. Selon les projections de l’époque, ce projet nécessitait un investissement initial de 908 MDH. En l’absence d’un volume d’échanges suffisant entre le Maroc et l’Arabie saoudite, l’une des pistes a été de faire de cette ligne un hub vers d’autres pays africains. Pourtant, la balance commerciale entre le Maroc et l’Arabie saoudite demeure extrêmement déséquilibrée.

En 2015, le Maroc a exporté vers l’Arabie saoudite environ un dixième de ce qu’il importe (1,2 MMDH d’exportations contre 9,6 MMDH d’importations). Les importations en provenance de l’Arabie saoudite demeurent principalement constituées d’huile brute de pétrole, de gaz de pétrole et d’autres hydrocarbures ainsi que de diverses matières (plastiques, papiers et cartons). Les exportations marocaines se sont légèrement améliorées ces dernières années (voir tableau), mais la balance demeure largement déficitaire. Pourtant, de vraies opportunités se présentent pour l’export marocain, notamment en matière de produits agricoles. «Ces produits étant de nature périssable, l’absence de ligne directe rapide et adaptée à ce genre de produits pénalise grandement l’offre marocaine», regrette Khalid Benjelloun, président du Conseil d’affaires Maroc-Arabie saoudite. D’autres secteurs comme le tourisme familial, les textiles ou les services offrent des avantages comparatifs importants. C’est notamment le cas des BTP où de grands projets sont lancés en Arabie saoudite, assortis de la promesse d’accorder la priorité aux entreprises marocaines «Les entreprises marocaines ne sont pas nombreuses à se proposer, et l’on rate ainsi plusieurs milliards de dollars», explique Benjelloun.


Des accords caducs

La révision du cadre juridique des relations entre les deux pays a été l’une des propositions faites par la partie marocaine en vue de booster le commerce. En effet, les échanges commerciaux entre les deux pays sont régis par une Convention commerciale et tarifaire datant de 1966 ainsi qu’une convention de facilitation des échanges commerciaux dans le cadre de la grande zone arabe. Le premier accord prévoit une exonération des droits d’importation pour des produits figurant sur une liste commune. Il prévoit également une règle d’origine générale de 40% de valeur ajoutée locale. Selon les termes de cette convention, l’octroi de la préférence est conditionné par l’octroi d’une demande de franchise douanière (DFD). Concrètement, un importateur marocain de produits originaires de l’Arabie saoudite doit obligatoirement disposer d’une autorisation administrative marocaine avant de réaliser ses opérations. Cette même condition s’applique dans le cadre de l’accord de la grande zone arabe. Pour l’Arabie saoudite, il s’agit là d’une mesure non tarifaire entravant le commerce entre les deux parties. Pour sa part, le Maroc juge caduc le cadre global de la convention de 1966, compte tenu de l’évolution des économies des deux pays et des règles du commerce international. Ces deux points continuent aujourd’hui de faire l’objet de vives discussions entre les représentants des deux pays. La position du Maroc a toujours été de réviser le contenu de l’accord de 1966, en y intégrant des dispositions relatives aux règles d’origine et aux mesures de sauvegarde. L’Arabie saoudite ne voit pas les choses du même œil et rechigne toujours à accepter cette proposition. La raison invoquée est l’appartenance de l’Arabie saoudite à l’Union douanière des pays du Golfe (CCG). Cet engagement l’empêcherait d’engager des négociations commerciales bilatérales avec le Maroc. 


Khalid Benjelloun
Président du Conseil d’affaires  Maroc-Arabie saoudite

«La mise en place d’un fonds d’investissement est indispensable»

Les Inspirations ÉCO : Comment se portent les relations maroco-saoudiennes,  sur le plan politique que celui économique ?   
Khalid Benjelloun : Les relations maroco-saoudiennes sont excellentes sur le plan politique. Nous avons toujours eu les mêmes positions sur le plan international. L’Arabie saoudite est un partenaire de premier ordre pour le Maroc. Sur le plan économique, nos relations sont bonnes, mais notre souhait est de les voir ses développer davantage. Bien que l’Arabie saoudite fasse partie des 5 premiers partenaires du Maroc, nous importons beaucoup de produits, principalement des produits pétroliers, mais nous n’exportons que peu. Il y a pourtant un potentiel énorme à exploiter. Le secteur privé saoudien a investi au Maroc dans divers secteurs d’activité (l’énergie, l’industrie et l’agriculture, l’immobilier, le tourisme), mais cela reste faible par rapport au potentiel qui existe.
   
Des difficultés administratives pèsent sur les affaires…
Notre rôle est de trouver les possibilités qui demeurent non exploitées. Nous faisons des propositions à nos gouvernants qui prennent les décisions. Nous avons dans ce sens mis en place, il y a une année, un bureau de liaison mixte pour les investisseurs. Cette tâche est assurée par la Chambre de commerce et d’industrie de Ryad côté saoudien et par la CGEM côté marocain. Les opérateurs peuvent trouver toutes les informations nécessaires auprès de ces bureaux afin d’investir et de faire du business dans le pays d’accueil. Beaucoup d’investisseurs saoudiens ont connu des problèmes dans le cadre de l’exercice de leur activité au Maroc, que ce soit sur le plan institutionnel, administratif ou même sur le plan du régime de change. C’est ainsi que certaines règles concernant le rapatriement des fonds vers l’étranger peuvent échapper à certains investisseurs, ce qui peut causer des dommages sur le plan de l’environnement des affaires.
   
Comment peut-on attirer  plus d’IDE saoudiens vers le Maroc ?
Un effort est à fournir afind’attirer des PME saoudiennes. Ces entreprises sont intéressées mais n’ont pas toujours suffisamment de moyens pour prendre l’initiative. C’est pour cela que la mise en place d’un fonds d’investissement est indispensable. Nous travaillons aussi sur les démarches de facilitation. Nous informons également les investisseurs saoudiens et nous engageons des démarches de consultation avec des membres du Conseil d’affaires pour permettre de lever certains obstacles.   


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